Genèse du logement parfait

esprit-vagabond

Concours : logement parfait

La fin du cauchemar 

— Hum, que j'aime être ici... Il fait si bon, tout est si calme... Une éternité comme ça, c'est vraiment le pied !

— Tu as raison ma beauté, on est bien sous le soleil, si on allait...

BIP BIP BIP

"Oh non, pas le réveil, maugréa la femme d'une voix ensommeillée.

— Journée de travail oblige, lui répond son mari en baillant. Allé, tout sera bientôt fini.

— Je languis, tu sais.

— Moi aussi ma beauté, moi aussi".

Il l'embrasse tendrement sur le front puis chacun part vaquer à ses occupations.

Ce couple a toujours vécu ensemble. Le mari est serveur dans un restaurant minable et sa femme est agent d'entretien. Ils ont travaillé très dur pour pouvoir prochainement réaliser leur rêve : construire leur coin de paradis. Il faut dire que leurs conditions de vie sont loin de leur convenir : insalubrité du logement, toujours une panne quelque part, le bruit des voisins et des voitures, un temps pluvieux... Un vrai châtiment pour eux. Ils n'ont eu de cesse de s'acharner à économiser le moindre centime afin de sortir de ce qu'ils qualifient "d'enfer sur terre". Au commencement ils avaient tout possédé et puis un jour ils avaient failli. Leur déchéance fut des plus douloureuses même s'ils s'attendaient à bien pire. Ils atterrirent donc dans un logement miteux et durent trouver un emploi malgré leur absence de diplôme.

Heureusement, la clémence divine leur a facilité cette tâche ingrate. Il leur a fallu néanmoins s'adapter à cette nouvelle vie et accepter de travailler de leurs propres mains. Ils ont ainsi compris à leur dépend, ce que signifie "se tuer à la tâche" pour arriver à joindre les deux bouts les premiers mois durant leur installation, le tout dans une ville qui leur était suffocante et surpeuplée. Avec leurs premières économies, l'idée de pouvoir reconstruire leur paradis perdu a commencé à germer. Et les voilà qui depuis presque plus de trente ans à se serrer la ceinture, peuvent enfin investir leur épargne et prendre des vacances à durée indéterminées largement méritées.

"Le déjeuner est prêt mon coeur !" lui crie-t-elle de la cuisine

— Hum des petits pains grillés et beurrés avec de la confiture ! Tu me gâtes ! Merci ma beauté.

— Avec plaisir !"

Elle hésite un instant avant de reprendre : "Écoutes, j'en ai encore rêvé cette nuit, de notre tout premier logement, avant que ce fichu réveil sorti tout droit de l'enfer sonne.

— Allons ma beauté, c'est bientôt fini. Le départ est pour dans une semaine. Sois patiente.

— Tu as raison. Ce n'est plus qu'une question de jours maintenant.

— Parfait". Il la regarde dans les yeux un instant puis lui avoue : "Moi aussi j'en rêve encore la nuit... Tu sais c'est sa manière à Lui de nous encourager et non de nous désespérer.

— Oui c'est vrai. Bon, il est temps que je me prépare pour partir au boulot".


Un an plus tard

"Ah te voilà enfin... Il n'y a plus d'eau chaude de nouveau, comment est-ce possible ?

— Le fusible a dû encore lâcher. Je vais regarder mon amour.

— Les gens ne savent pas travailler correctement ici !".

Elle sort de la maison pour s'installer au soleil. Heureusement c'est le printemps, et il fait bon dehors. Cela compensera la douche froide.

Son homme revient et s'installe près d'elle : "Tu sais, c'est bien loin de ce qu'on avait vécu au tout début... commence-t-elle.

— Oui, mais c'est toujours mieux qu'à Paris, rétorque-t-il un peu agacé.

— Certes... Tu te souviens encore de notre premier lieu de vie ? Du soleil toujours doux, aucun hiver, ni été brûlant, un paysage magnifique à oerte de vue, et cette sérénité...

— Oh oui, je m'en souviens. Dormir sur un tapis de feuillage douillet à la belle étoile sans craindre les moustiques, se doucher à l'eau de la cascade toujours à bonne température, se balader pieds nus...

— Et la nourriture à profusion sans jamais avoir à la cuisiner et son goût ! Rien à voir avec ces déchets pollués qu'on est obligé d'avaler... Beurk !".

De nostalgie elle soupire puis lui demande : "Tu crois qu'Il nous acceptera à nouveau et qu'on pourra y retourner ?

— Bien sûr ma beauté, si nous continuons de croire en Lui".

Elle le regarde amoureusement dans les yeux et lui dit : "Je t'aime Adam.

— Moi aussi je t'aime Eve".

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