Elle n'entend pas...

arkhaam


C'est dans un bordel sans nom que j'ai cherché, sous les crachats impétueux de celle qui est, les raisons destructrices de mes actes. J'ai beau hurler, crier, chialer, j'ai beau saigner, ramper, me fondre, me confondre, elle n'entend pas. Pourquoi elle? Elle à qui je donne tout, elle à qui je me soumets, je m'abandonne. Je m'en remets à ses joies, ses envies, je me jette à ses pieds, à son corps, je vends mon âme à qui en veut, juste pour un instant dans ses bras. Elle n'entend pas.
Je crèverais pour elle, je tuerais pour elle, je vis dans son ombre et je suis intouchable, je vis de ses soupirs, de ses murmures, je grandis devant son image, je me détruis de ne penser qu'à elle. Elle sait mes intentions, elle sait ma sincérité, elle connaît mon abandon du monde, mon rejet des autres, mon oubli de la vie et pourtant... Je devine ses doutes, ses interrogations, j'ai mal de ses questions, de ses jugements, je ne suis qu'à la traîne et je regarde mon sang couler, je me perds dans ma peine et je ne peux que constater mon impuissance. Seulement voilà, je suis planté dans son sol, je me suis cloué sur sa croix, j'ai fait de son image la pureté de mon devenir, j'ai fait de mon désir la pièce maîtresse de sa complexité, de son amour pour moi. Je la connais depuis si longtemps et pourtant, je la cherche encore. Oui, encore et toujours.
Tues-moi de cet amour qui me réjouit, brutalise-moi par ces mots qui sont mon désespoir, assassine-moi, exécute-moi, ma nuque t'est offerte et la balle que tes colères extirpent du juste canon vengeur de tes assauts viendra s'y planter et sera mon jugement. Combien de cet amour te faut-il pour que tu me prennes au sérieux? Combien de ces mots maladroits te faut-il pour que tu m'aimes encore? Je suis sur le fil de mon verdict et je penche, je penche vers toi même si tu cries, même si tu me vomis, je reste à l'ombre de tes pétales délicats, je ne sais que t'aimer, quand le comprendras-tu? Je me suis fourvoyé, trompé, je me suis fait mal sur les mensonges odieux qui m'ont échappés mais oui, je ne veux que te protéger et du mal que je t'ai fait, je me repends sans cesse. Toi, mon éternité, ma lumière impossible, mon improbable princesse, toi ma judicieuse pensée, mon guide, mon étoile, toi ma merveille des merveilles, laisse-moi te dire ce qu'est mon amour. Je me balancerais au bout du corde avant de t'oublier, je me punirais dans de sanglantes résolutions avant de te mentir encore, je me noierais dans les larmes de mon pitoyable chagrin avant de ne plus t'aimer. Est-il possible de faire entendre ces mots à d'autres? Le crois-tu vraiment? Combien d'hésitation te faudra-t-il à la fin de cette lettre avant que tu ne saches, avant que tu ne trembles de cet amour certain dont je t'enveloppe, avant que tu ne comprennes que ton visage hante mes nuits, que ton odeur parfume mes jours, je ne serais qu'un cadavre pourrissant avant d'être à une autre. Je sais ta nuque, je sais tes mains, je sais ton goût et ta peau, je sais que mourir sera ma récompense si je le peux dans tes bras. Il y a si longtemps que je t'aime, si longtemps que je sais, alors même que je ne savais pas. Oui, tu es mon paradoxe, ma complexité, tu es mon jeu, ma vérité, je ne sers à rien si je ne peux t'appartenir, à rien. Je te tiens dans mon cœur, au creux de cette gigantesque place que tu as mise à jour, cette place qui ne peut plus être que pour toi. Oui, pour toi, toi, toi, toi....

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