elle passe(pas inédit)

elisabetha

réflexion sur ma vie

Je passe. A part que je n'ai pas besoin de regarder les cartes. Comme à la belote. Non, les cartes sont nulles.

La seule chose que je sais: me souvenir, écrire à la première personne, au mieux à la troisième, et décliner les pronoms personnels.

Son manque d'imagination, l'empêchait d'écrire des histoires. Mais les mots en inventaient à sa place, libres et rebelles.
Dans un coin de sa mémoire, l'attendaient les caresses qui en faisaient cette femme de soie, créature inoubliable dans la pénombre.
Puis venaient au croisement d'un silence, les pleurs de la passion, la solitude, la dépendance de l'un qui s'arrête, de l'autre qui continue.
Elle pensait aussi à ses voyages, où la vie se fait belle et la conjointe amoureuse.
Femme, elle redevenait très vite mère, et elle parlait de ses enfants, comment ils avaient grandi et comment elle s'était retrouvée seule. De grands voyageurs qui ne revenaient dans leur nid d'amour qu'une fois par an.
Alors pour survivre à tous ces vides, il y avait la passion du jeu qui l'empêchait d'être totalement adulte.

Hormis l'amour qu'elle apportait aux autres, elle se sentait toujours inutile.
Seule son écriture lui permettait de se donner des rendez vous.
Des correspondances, où elle allumait des soleils au bord de son clavier, découvrant les ciels roses de dentelle au matin, racontant aussi les frissons de la nuit avant que la ville ne s'endort.
Dans ses échanges avec des inconnus, elle apprenait à rire, à oublier la tristesse, à confier ses désirs d'ingénue, décroisant les jambes pour offrir la douceur de sa peau.
Elle avait envie à travers ses lignes complètement libres, d'offrir une présence imaginaire mais en même temps charnelle, mélangeant l'Intime et l'absolu.

Mais ces amants de plume, elle les comptait encore sur ses dix doigts.
Était ce comme ces années qui lui restaient à vivre?

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