Elle perd le fil

Mélanie Courtois

A ma grand-mère
Ses petits doigts tricotent et dansent
autour de l'aiguille s'élancent
pour rapiécer les trous béants,
l'usure des pulls, des collants.
 
Ils s'exécutent en cadence
le bas des jeans les repensent,
les voici comme transportés,
par l'habitude, ils sont menés.
 
Ses petits doigts peinent un peu,
pour ce rythme se font trop vieux
ils ne savent plus vraiment bien
quelle est la maille, où est le point.
 
Elle les regarde s'égarer
et voudrait tant les redresser,
les voir recouvrer la vigueur,
de leur vingt ans, toute l'ardeur.
 
Mais sa mémoire s'effiloche,
se fait la belle, souv'nirs en poche,
elle éparpille ses bobines,
et son génie doucement s'affine.
 
Ses petits doigts ne savent plus
ils perdent ainsi le point de vue,
son âge emmêle ses pinceaux,
elle range son dé, ses ciseaux.
 
Moi je me souviendrai pour toi,
mamie, de tes dons, de tes doigts,
de tous les accrocs suturés,
je garde en moi tous tes ourlets.
 
Je n'oublie rien de mon passé,
les tartes aux fraises et les étés
que sur tes genoux j'ai passé
et les bonbons et les baisers.


Je t'aime.

Signaler ce texte