« Elle vivait pour danser. »

elie

Quand une passion prend le dessus.

Le néon crépita dans la salle en s'allumant. La lumière fut incertaine quelques instants, puis se stabilisa définitivement. Le bruit mat d'un sac que l'on jette sur le sol retentit dans le lourd silence, puis ce fut un soupir.

Une jeune femme s'avança jusqu'au centre de la pièce et tournoya sur elle-même en contemplant les lieux. Elle resta quelques instants à se regarder dans le miroir qui occupait tout un pan de mur, puis s'assit près de son sac. Elle en sortit une paire de chaussons roses pâle, usés jusqu'à la moelle, et les enfila lentement. Elle noua les rubans autour de ses mollets, remonta son pantalon souple sur ses jambes et retira son sweat, se retrouvant en brassière.

Elle se releva, souffla un coup et monta sur ses pointes. Elle fit quelques pas dans cette posture inconfortable, les bras en couronne au-dessus de la tête, et se retrouva au milieu du parquet parfaitement ciré.

Elle commença alors à danser.

Ses mouvements fluides se suivaient sans se ressembler. Elle virevoltait, tournoyait, sautait, ondulait avec grâce. Ses jambes et ses bras semblaient en parfaite harmonie et être libérés de toutes contraintes.

Piquet, entrechat, arabesque, elle effectuait chaque pas avec précision dans une gracieuse perfection. Aucun raté ne venait gâcher son ballet, elle semblait maîtriser chaque parcelle de son corps.

Si quelqu'un venait à la surprendre à cet instant, il connaîtrait alors le réel sens du mot passion.
Ses yeux brillaient comme deux étoiles, ils scintillaient et prouvaient au reste du monde à quel point elle adorait ce qu'elle était en train de faire, quand bien même son visage restait impassible de toute émotion - comme celui de chaque danseur. Et cela rendait magnifique sa beauté presque fade.

Quand on lui demandait pourquoi elle dansait, elle répondait simplement qu'elle ne savait pas et qu'elle dansait depuis toujours.
Mais au fond, elle savait que c'était son seul moyen d'échapper à la vie de misère qu'elle menait, vie qui ne lui convenait pas d'ailleurs. Elle s'était toujours imaginée ballerine à l'opéra et pas serveuse dans un fast-food. C'était également son unique moyen de se défouler, d'évacuer et d'oublier tout ses soucis, le temps de quelques heures. Et elle savait aussi que, malgré tout les coups bas que cette saloperie de vie lui réservait à l'avenir, elle ne s'arrêterait jamais de danser.

En fait, elle ne dansait pas pour vivre. Elle vivait pour danser.

  • Même si la morale est un peu éculée, j'ai beaucoup aimé la poésie et la grâce qui imprègne tes mots. Cependant, dans le premier paragraphe, le "en s'allumant. " est pour moi inutile, ou alors le remplacer par ", s'alluma.".
    "définitivement." L'adverbe sonne mal à la lecture...
    Mais ce sont les deux seules choses qui m'ont gêné, bravo pour cette très jolie nouvelle.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Imageldd1

    ------

    • Merci beaucoup pour tes conseils et pour les compliments !

      · Il y a presque 10 ans ·
      Large

      elie

  • C'est beau. C'est vrai que lorsqu'on danse on oublie tout ... J'adore ce petit moment de grâce que tu nous livres là

    · Il y a presque 10 ans ·
    Suicideblonde dita von teese l 1 195

    Sweety

    • Merci de ton commentaire et des compliments qui me font très plaisir !
      Effectivement, la danse est un échappatoire magique pour s'évader...

      · Il y a presque 10 ans ·
      Large

      elie

Signaler ce texte