En bonne santé

Mettre la radio en sourdine, faire ce qu'on a à faire, enrayer la routine, affûter sa plume, la tremper dans une encre marine. Parfaire ses rêves de voyages, un saut dans le temps, le passé et le présent réunis dans un futur éphémère et passager. Passer le cap, passer son tour, répondre à l'appel, être présent, sourire à l'enfant qui vous regarde. Trier ses jouets, ses idées, ses papiers, tout le long de la vie s'accorder des temps de pause, au soleil doux comme un avril printanier, à l'ombre d'un saule, voire même sous une pluie d'été à la campagne. Se ressourcer, se refaire en partant de zéro, marcher sur les pas d'un ami, des gens qu'on aime bien et qui suscitent le respect. Se mettre en route dans un sursaut, un rire, un sourire, ne pas chercher à comprendre, la vie est un mystère, un sursis. Parler à ceux qui tremblent la nuit dans leur lit, à ceux qui pleurent, à ceux qui se traînent, croire en eux, les aider à tout dépoussiérer, mais toujours la poussière recouvre des livres et des objets qu'on a aimés tel un voile pudique qui se poserait sur certains épisodes passés comme pour couvrir l'enfant, la personne qui grelotte à l'intérieur du genre humain, dans ces moments d'absence inertes où il se sent fragile. Remonter la pente seul comme un héros de cinéma ou bien accompagné comme dans le quotidien d'une vie difficile qui se décline paradoxalement en bons et mauvais moments.  La vie est un paradoxe qui fait du mal et fait du bien comme l'accouchement d'un bébé qu'on espère en bonne santé.