"En position"

J'ai ouvert les yeux sur le ciel gris. C'était identique à tous ces autres matins.

Baissant les yeux, j'ai vu sur ma peau des traces, des morsures, des bleus, de chemins de douleur qui allaient de mes doigts à mes seins.

La nuit fût trop courte, trop agitée.

Mon dos, reflété dans le minuscule miroir de la salle de bain, était marqué de sillons rouges.

Des griffes noires, des ongles arrachés, des doigts violents avaient fait cela. Je m'étais fait cela. Endormie, assoupie.

Les rêves font du mal, quand on s'y attend le moins. Quand on baisse la garde. Quand on se fait confiance.

J'ai attendu quelques instants, quelques jours comme ça. À m'observer, à me regarder, à me détailler. À essayer de comprendre à qui était ce corps.

Je me levais et manger parfois. Ce qui traînais dans le frigo. De quoi remplir mon ventre creux.

Me recouchant, je me suis demandé si le sommeil n'était pas préférable. Je me blessais, oui, mais je ne le savais pas. Si je me regardais pas, personne ne le saurait.

Se tenir au garde à vous. Prête à se défendre en cas d'attaque.

Je m'étais raidie lorsque cet homme s'était approché, un peu trop près, un peu trop vite.

Prête à me défendre. Prête à en découdre.

« Mademoiselle, si nous étions en Espagne, si nous étions en Espagne, vous seriez sur un carrosse, tiré par des chevaux blancs. Et vos cheveux flotteraient au vent comme maintenant, Mademoiselle. »

Je n'ai pu m'empêcher de sourire. Et le soleil a dardé ses rayons sur mon visage.