EN THERAPIE V

- Je vivais dans un cocon de coton. Le Monde était flou et lointain et je ne supportais pas les lentilles.

- Si les lentilles vous font péter, portez des lunettes.

- Oui, j'ai essayé, mais mon cerveau habitué aux contours brumeux ne voulait pas de cette réalité tranchée et crue. Les fleurs évanescentes aux couleurs pastel m'agressaient moins que ces artéfacts fardés outrancièrement comme des putes.

- Plantez des ronces et des orties.

- Je me suis fait appareiller les oreilles. C'est incroyables tous ces bruits parasites qui nous entourent. J'entends tout ! Les voitures. Les discussions intimes des passants. Le bruit du vent dans les drisses des bateaux au port. Alors que je suis à trois cent kilomètres de la mer.

- Les mouettes ont les cris qui portent.

- Ce n'est pas tout. Actuellement je capte les communications d'extraterrestres dans leurs vaisseaux spatiaux. Je ne comprends rien à leur charabia en Zigouillis par-ci, Zigouillas par-là.

Et oui nous recevons l'Univers par nos sens.

- Je préférais le monde poétique d'avant, recentré sur mon introspection méditative.

- Retirez vos prothèses.

- Impossible ! Maintenant mon cerveau sait que ce Monde apaisé, pacifié n'est que le leurre de mes infirmités. Il n'en veut plus, l'ordure !