Encore quelques lignes

Rue des oliviers ou des oeillets, c'est du pareil au même, c'est une petite rue qui sent bon la Provence et les feux de bois en octobre quand les châtaignes rôtissent dans les vieilles poêles et que l'on sort les mantilles pour réchauffer les épaules des filles. Tout est clair, esseulé, les oiseaux ont trouvé refuge dans les allées d'arbres encore feuillus, bientôt il y aura des tas de feuilles près des maisons et des pommes à cuchon. L'automne est riche de ces parfums sucrés, on a pressé le raisin, ramassé les poires, les olives macèrent dans des bassines aux fines herbes. Dans les campagnes du Sud y a encore des bals pour marier les bons partis, une fille accompagnée de sa dot est bonne à marier.

Rue des oliviers ou des oeillets, c'est du pareil au même, ça sent les bons kakis sucrés, et les figues de Barbarie, ces drôles de cactus aux drôles de feuilles épaisses et larges telles des raquettes de badminton, la rue sent bon les confitures. Les jardiniers offrent les trop plein de salades aux voisins, les roses trémières ont tenu tout l'été contre les maisons de vieilles pierres poussiéreuses. Les murs tiennent debout par la grâce du Saint Esprit ou de maçons chevronnés, on confond encore les légendes et les racontars des veillées des chaumières.

Vivre au gré des saisons ou des bonnes soirées paisibles ou excentriques des troupes de théâtre un peu folles, un peu marginales mais connues dans leur milieu. Faire venir la culture dans les campagnes est une bonne politique, c'est l'occasion de donner vie à des coins qui veulent absolument vivre au lieu de sombrer devant le petit écran qui chante et qui rit bêtement quand on lui demande.