Enfance

Le dimanche on regardait "L'école des fans" puis on allait goûter chez Mamie. J'aimais ces longues après-midi de rires et de joie, des fois on partait en forêt quand Papa ne travaillait pas. Quand on faisait des gâteaux avec Maman c'est moi qui allumais le vieux four d'une main tremblante.

J'étais l'aînée d'une sauvage fratrie heureuse de vivre, chez nous ça criait beaucoup. Nos disputes étaient des mini-drames que ma mère devait gérer toute seule Papa n'aimant pas nous gronder quand il avait passé toute une journée à travailler. Je me souviens qu'il préférait jouer avec nous le soir avant de dîner, c'était le bonheur assuré.

La maison devait être toujours propre, j'ai gardé cette habitude de briquer les murs et les placards, chez nous c'était ménage de printemps tous les mois. Pour économiser l'eau je prenais mon bain avec ma soeur Mélanie qui n'arrêtait pas de jouer avec l'eau et m'éclaboussait de ses petits pieds.

Maman travaillait aussi un peu pour oublier les histoires de famille mortelles qui durèrent des années et des années. Toute une enfance à supporter les crises de ma mère et à lui compter ses gouttes de calmant. Nous étions de braves enfants malgré tout car on avait compris que  la famille c'était sacré quand les cousins de mes parents leur rendaient visite. Ils étaient alors tout contents et ils sortaient le beau service à café et l'éternelle bouteille d'alcool avec le doseur qui nous fascinait.

C'est ainsi qu'on a grandi entre scène de bonheur et scène d'agitation enfantine, disputes et drames en tout genre, du carnet de classe qui faisait trembler mon premier frère aux diverses luttes intestines entre oncles et tantes qui nous tétanisaient, en passant par les traditionnels mensonges des grands et des petits. Tout cela a façonné les adultes que nous sommes aujourd'hui, selon le caractère et la personnalité de chacun. Quand je pense aujourd'hui à mes parents je me dis que tous, frères et soeur y compris on a été privilégiercar ils nous ont toujours donné la possibilité de nous rattraper, de corriger nos erreurs et de nous rendre meilleurs sans nous juger.