Enquête au primaire - Partie 3/4

Nicole Bastin

Le professeur Moutarde dans la bibliothèque? Ah non, ce n'est pas ça!

Bien sûr, les choses se sont avérées plus compliquées que prévu.


J'avais dit à tout le monde qu'il fallait qu'on aille chez Hector, que la solution se trouvait là-bas.

Pour moi, c'était évident, si personne n'avait chourré le vinyle entre l'arrivée d'Hector à l'école et la sortie du bus, c'est tous simplement que, pendant tout ce temps, le vinyle n'était PAS dans le sac.

D'une manière ou d'une autre, quelqu'un l'avait sorti du sac d'Hector, AVANT qu'il ne parte pour l'école. Et ça, ça limitait sérieusement le nombre de coupables potentiels.


En même temps, c'est ça aussi qui compliquait la situation.

Quand j'ai expliqué aux autres ma brillante théorie, Saad a dit «Mais quoi? Qu'est-ce que tu suggères au juste? Qu''Hector accuse son père ou sa mère d'avoir piqué le disque? T'es pas sérieux!»

J'ai gardé contenance comme je pouvais.

«Hum! Déjà, fouillons sa chambre et les pièces principales. On verra pour la suite.»


Bien entendu...

Rien, que dalle, nada. Hector était plus abattu que jamais.

Tout le monde attendait que je dise quelque chose. D'une minute à l'autre, j'allais devoir leur avouer que je ne savais pas du tout ce que je faisais. Argh!

Tic, tac, tic, tac, tic, tac....

Cric, crac!


Pfiou! Sauvé par le gong!

La maman d'Hector venait de rentrer avec Elsa, la petite sœur.

Elles ne s'attendaient pas du tout à nous trouver là, c'était évident.

On laisse Hector les accueillir.


Euh, salut 'Man! Tu connais Tim? Saad? Là-bas, c'est Léo. Il m'aident à chercher un truc.

Un truc?

Ouais, un disque. Tu sais, le fameux vinyle.

Je ne comprends pas. Tu l'aurais perdu ici? Ne me dis pas que tu as besoin de tes copains pour retrouver tes affaires! Si tu rangeais un peu...

Oh, tu vas pas commencer, 'Man!


Pendant que la conversation se dégradait entre Hector et sa maman, j'observais Elsa. Elle était clairement mal à l'aise. Elle regardait un peu partout, mais toujours vers le sol, les murs, les recoins. Je me suis demandé si on l'impressionnait tant que ça.

J'ai tenté une approche. Je voulais voir comment elle réagirait si on partait tous d'un coup.


Écoutez, Madame, on ne va pas vous déranger plus longtemps. On va vous laisser tranquille. De toutes les façons, on a des devoirs à faire, hein?


Je pensais que Léo allait me contredire et préciser que, vu que c'était la fin de l'année, des devoirs, justement, on n'en avait plus des masses, mais non.

Elle a pris Saad par le bras et s'est dirigée elle aussi vers la porte.


Tim a raison. Merci Madame. À demain, Hector! Bon courage!


Tu m'étonnes «Bon courage»!

Pauvre Hector... On aurait dit mon Mael quand il a atteint son quota de fraises Tagada.


En partant, j'ai jeté un regard une dernière fois par dessus mon épaule. Et cette fois, je l'ai vu distinctement. J'ai reconnu cette expression trouble que je n'avais pas su définir.

Elsa. Elle avait dans les yeux quelque chose de très particulier, quelque chose que je connaissais bien. Elle était blessée. Et soulagée, maintenant qu'on s'en allait.


J'ai su immédiatement que c'était elle, la réponse à tout.


(to be continued)


TIMothée

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