Epistolaire
Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké
Elle détestait tout ce qui n'était pas coutumier, le progrès dans la vie n'était pour elle que d'assembler de semblables jours au passé. C'est que le bonheur elle l'avait trouvé en la personne de Marc. Et qu'elle espérait uniquement que les jours se répètent inlassablement pour qu'il ne se sauve jamais. Elle n'avait en effet aucune confiance en elle. Elle ne vivait que par lui, par cet amour platonique. En effet elle ne l'avait jamais vu en vrai. Elle n'avait fait que répondre à une annonce dans un journal, à un homme qui ne demandait que des échanges épistolaires. Elle lui avait écrit timidement qu'elle se jetait à l'eau. Alors l'homme lui avait répondu :
« A toi l'inconnue qui te met à nue
Es-tu une petite ingénue ?
Commence par me décrire à quoi tu ressembles
Vu l'arrondie de tes lettres, à une blonde il me semble
Pourquoi avoir répondu à mon annonce ?
Est-ce d'une curiosité une once ?
Dis m'en plus encore
Les mots sont pour moi de l'or »
Elle était toute excitée. Elle n'avait pas connu d'homme depuis trois ans et voilà qu'un lui écrivait personnellement. A son attention, avec intention. Intention de commencer une relation épistolaire. Le problème est qu'elle croyait n'avoir l'art de la poésie, elle craignait fort grand de sembler ridicule. C'est ainsi qu'elle commença en balbutiant :
« Je suis bien blonde il est fou
C'est comme si vous m'aviez vu sous le houx
Je tombe facilement amoureuse
C'est bien le leitmotiv qui me rend heureuse
Je commence donc une relation épistolaire
Qui me fera peut-être entrer dans une nouvelle ère
Que pensez-vous de l'amour platonique ?
Il me semble bien qu'il est unique »
Et lui de lui répondre trois jours plus tard :
« En effet il est unique
Il me rend bien il me tic
Je préfère l'imagination
Et de vous j'ai des points d'interrogations
Il me semble cependant que vous n'êtes pas bien grande
Mais que vous sentez bon le pin des Landes
Me trompai-je ou suis-je un grand penseur
A vous ma nouvelle sœur, mon cœur… »
Ce qui était fou, c'est qu'en plus d'être blonde, elle n'était en effet pas bien grande.
Alors s'en suivit :
« Monsieur vous en devinez beaucoup
Je suis surprise sur le coup
J'avoue que cela m'émoustille
Et que la curiosité me titille
Que savez-vous encore de moi
Dans votre imagination, votre émoi
Pensez-vous pouvoir aimer ?
Il me semble que je suis déjà désarmée. »
Quelques temps passèrent sans plus de réponses. Le problème en plus est qu'elle s'ennuyait, les voisins étant partis et elle très curieuse. Elle les observait sans cesse. Mais leurs vacances faisaient qu'elle n'avait plus de sujet de distraction et qu'elle s'ennuyait sans ses lettres. Alors elle revint à la charge :
« Ne me répondez-donc vous plus ?
Peut-être que je vous ai déplu ?
Au moins signalez-le, que je ne me fasse plus d'espérances
Je ne veux un nouvel échec à mon expérience ».
Et c'est ainsi que quatre jours plus tard elle fut tout heureuse. D'une part ses voisins étaient rentrés, d'autre part elle venait de recevoir une lettre. Mais ce qu'elle allait apprendre allait la bouleverser :
« Ma très chère mie, il faut que je vous avoue
Que si je vous loue
C'est que je sais parfaitement qui vous êtes
Je vous assure, j'en ai bien toute ma tête
Vous ne devinez donc pas qui je suis ? Il vous suffit de regarder à votre fenêtre
Et là, en tant que bon voisin, vous verrez là tout mon être. »
Oh ! C'est magnifique Alice ! Une correspondance que j'ai vraiment dégusté ! T'es sacrément douée ma belle ! Bises !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
En plus, on ne s'attend pas à cette fin, bien trouvé !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Et six nouvelles en 2 jours, on peut dire que t'as une sacrée imagination !!
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Une correspondance très joliment menée avec un bon suspense... Un texte comme je les aimes ! Bravo Alice
· Il y a plus de 8 ans ·nilo