Épouvante (2)

vionline

J'avais vécu cette semaine comme une véritable épreuve. Lorsque j'y repense, je me demande encore comment je réussissais à me lever chaque matin. Si. Je ne pensais plus qu'à mon rôle de mère à chaque fois qu'il fallait se réveiller. Et je crois bien que je m'étais mise à prier, tenant fort dans mon poing mon petit médaillon bleu représentant la Sainte Vierge.
Le midi, j'allais me promener sur mon temps libre pour m'arrêter devant l'église du quartier. J'allais caresser les pierres de l'édifice, ce que je fais encore parfois, quand j'ai besoin de me donner du courage. La première semaine de septembre de cette année-là, c'était un film d'horreur que j'avais vécu. Je repense à mes attitudes, revois ces souvenirs comme autant de séquences grotesques, mais insoutenables. Mes collègues me parlaient des rats et des blattes, des cafards qui pénétraient au sein du bâtiment où nous travaillions, mon enfant rentrait blessée de l'école, bousculée par des plus grands et plus forts qu'elle, ça parlait de morts et de violence, de viols, de pédophilie, de personnes dont il fallait taire la culpabilité. A la télé, j'étais tombée sur un documentaire qui m'avait marqué plus que de raison: un petit garçon maltraité qui, adulte, rendait la pareille. 


Je savais que je délirais et quand je quittais mon lit chaque matin, je me regardais dans la glace en me disant que je perdais l'esprit petit à petit, que ma maladie gagnait du terrain. Dans le bus, des ados parlaient de jeux vidéos "Doomlike". Partout, les termes de meurtres, agressions, abus, frappaient mon oreille. J'avais à la longue envie de devenir sourde et aveugle, mais chacun de mes sens s'arrêtait sur d'ignobles choses. Dans la rue, les transports, lieux publics, on parlait des perversités de la faucheuse, on ne cessait d'attirer mon attention avec des messages gores et écœurants. De temps en temps, il me semblait entendre des rires de dingue déchirer l'atmosphère. Oui, je perdais la boule. Je ne m'attachais jamais aux bonnes choses.


Et puis, dès que je retrouvais le calme, que mes angoisses s'apaisaient, que je me rendais à l'évidence qu'en moi une cassure était en train de se produire ... Une fois que j'avais épongé mon accès de folie et admis que je n'étais peut-être que surmenée, des craintes refaisaient surface sous n'importe quelle forme, toujours de manière hyperbolique. J'ai fonctionné ainsi, comme si je passais constamment à la douche écossaise, pendant plusieurs semaines. Ca allait bien, la minute suivante, des pensées morbides envahissaient mon âme. J'étais perdue, consciente de perdre conscience. Je devenais fêlée. Parfois, je sentais mon heure arriver. Ou celle des gens que j'aimais. Dieu merci, il n'en était rien. J'avais juste le cerveau en vrac.


Se produisait soudain un malheureux accident ou bien on m'apprenait une mauvaise nouvelle et là une voix transperçait mon esprit: "Tu aurais dû faire ceci" ou bien "C'est en représailles de cela", "C'est de ta faute, il fallait être plus gentille". Tant est si bien que chaque problème de la vie et du monde devenait ma faute. "Mais je n'ai rien fait !". "Peut-être est-ce justement le souci. Tu n'as rien fait...". Persécution.


Puis cela s'est estompé. Comme si j'avais pris l'habitude de faire face à des idées terrifiantes. Avais-je inconsciemment déjà compris que je nageais dans le marasme des angoisses ? Tout remontait à la surface et dans n'importe quel ordre. Il y avait des choses qui sentaient mauvais dans mon passé. J'avais tout refoulé. Ce qui n'était pourtant pas si grave avait fermenté avec le temps, c'était bien pourri, bien moisi. Ca m'explosait en pleine face, maintenant que j'avais défoncé la porte de ma propre prison intérieure.


Ca me parlait constamment d'enfance, de jeunesse bafouée et de mal, de dureté, de silence à garder et de courage. J'étais si paumée ! Je ne savais pas contre quoi je m'étais cognée ou face à qui je me trouvais confrontée, mais je me suis dit qu'il fallait lever le poing et me battre. 


D'être résistante, dommage, je fais peur désormais.

  • de très belles émotions

    · Il y a environ 4 ans ·
    Mauve

    marivaudelle

  • Si je mets mon projet à exécution, j'espère que tu accepteras de venir sur mon blog pour y publier tes textes :)

    · Il y a environ 4 ans ·
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    Edgar Allan Popol

    • Salut,
      Je lis ton commentaire à l'instant. Quand je clique sur la bulle des commentaires, je me fais éjecter du site. Tu as un blog d'écriture ? Explique-moi... : )

      · Il y a environ 4 ans ·
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      vionline

    • Ce n'est qu'un projet :)

      · Il y a environ 4 ans ·
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      Edgar Allan Popol

    • C'est le même projet que celui de Maruki, Edgar Allan et autres pseudos!

      · Il y a environ 4 ans ·
      Mauve

      marivaudelle

    • Dans ce cas, marivaudelle, s'il est à la fois les uns et les autres, d'identité multiple, libre à moi de choisir celui que je souhaite lire. Qui sait, peut-être que toi-même tu es lui... ? J'ai remarqué que vous vous accusiez des mêmes choses. Troublant, non ?

      · Il y a presque 4 ans ·
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      vionline

    • WLW. Un site tenu par une seule personne. Ce serait bien triste

      · Il y a presque 4 ans ·
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      vionline

    • Si, par bonheur, la modération reprend ses droits, une vingtaine de pseudos vont disparaître et les deux miens seront toujours là :)

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Edgar Allan Popol

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