Es-tu effrayé ? Moi j'ai vu la Lune avoir peur du Noir.

chevalier-neon

C’est vrai que j’avais un mauvais pressentiment.

Tu ne semblais pas voir la couleur du ciel
mais c’est comme si tu vivais déjà à l’intérieur.

Une vie en bleu
c’est une vie en noir.
On regarde ce que l’on ne peut pas voir
dans cette réalité pourrie jusqu’à la moelle.
Est-ce que tu pleures la nuit
quand le silence indifférent seul t’écoute ?


Ah, je te demande seulement
d’aimer tout ce qui ne te fera pas de mal.


Si tu ne le fais pas pour vivre,
je t’en prie fais-le pour la vie.

« C’est facile de tuer quand on est déjà mort. »

Tu disais que c’était juste impossible
d’éprouver de la pitié pour ceux qui sont nos semblables.

Moi je dis que c’est aussi facile
de soigner quand on est en vie.
Peut-être parce que j’ai été plus heureux que toi,
je ne voulais pas voir ce qui semble si laid
à un cœur qui a toujours baigné dans la douceur.

Ce pressentiment qui m’a attrapé à la gorge,
c’est avec ta voix qu’il me raconte tant d’histoires.

J’ai peur des rêves prémonitoires ;
ces rêves irréels qui mènent à la réalité cauchemardesque.
Des rayons de soleil blonds éparpillés à la surface de l’eau.
Je t’ai vu qui dormais,
flottant dans le liquide froid de la fin.

Est-ce que ça peut exister,
trop de bonheur ?
Moi j’aurais dû t’en partager
mais même maintenant je ne sais pas comment faire.
Moi comme un égoïste qui ne veut pas donner,
Toi comme un coupable qui ne sait pas recevoir.

Et si deux vies peuvent ne pas se suffire pour une seule,
alors est-ce qu’une seule peut suffire pour deux vies ?
J’ai un cœur qui bat à l’intérieur de moi
mais c’est aussi un cœur qui bat pour toi.
Pourquoi les choses simples jamais ne suffisent ?

Les sourires sont devenus pareils aux illusions,
ils s’achètent avec de l’argent.
Juste pour un semblant de bonheur…

À ce matérialisme qui dicte et modèle les sentiments
je veux crier la noblesse de la fleur face au fusil.
Car celui qui donne a déjà tout,
celui qui prend semble n’avoir rien dans le fond.
Allez,
si tu te prends encore pour le coupable
tu n’as qu’à voir les choses autrement.

Je ne le fais pas pour que tu vives,
je le fais pour la Vie.

Ici et maintenant,
avant que mes larmes m’empêchent de voir les tiennes,
accepte ce cadeau.

Toujours la fleur se posera sur les tombes
de ceux que le fusil a assassinés.

(écrit sur une impulsion le 18 octobre 2012)

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