Esthète

mysteriousme

Premiers instants

Elle se déplaçait telle une panthère.

Allure élégante, visage racé, expression déterminée.

Je sus rapidement que je serais sa proie.

Je voulais tout connaître de son histoire, de son caractère, la voir dans tous ses états, la faire passer par toutes les couleurs, jouer avec le feu, la regarder dormir, la cajoler... Tout vivre, du moment que c'était avec elle.

Je voulais être dans son existence comme un chien fou dans un jeu de quilles, comme un gentil éléphant dans un magasin de porcelaines délicates et fragiles, chahutant ses habitudes, son agenda, sa façon de voir les choses...

Qu'est-ce qui avait fait que nos chemins, par nos parcours s'étaient fortuitement croisés ? Qui était à l'oeuvre de cette rencontre ? Comment la vie organisait-elle donc les choses ?

Je m'étais dit "Cupidon, tu es un sacré salopard" avant de la rencontrer. Depuis, j'ai révisé mon sévère jugement, comprenant que si un seul Dieu existe, ce serait lui, forcément.

Je voulais connaître par coeur sa géographie en me promenant sur sa peau ambrée, couleur de miel, et me laisser aller à lui déclamer des poèmes en laissant mes lèvres sillonner son corps frissonnant de plaisir.

M'approprier ses courbes, sa douceur, ses odeurs, son goût, sa texture, la dévorer tel le loup prédateur et carnassier.

Se laisserait-elle envouter ? Aimerait-elle la chaleur de mes caresses charnelles ? Lui plairais-je seulement ? Moi, homme imparfait, homme à qui d'autres membres de sa gent ont reproché des choses, homme déstabilisé par une si belle présence.

Des doutes comme je pouvais en avoir avant ne se faisaient pas jour ici. Comme s'ils n'étaient pas permis. "Désolé les gars, vous n'avez pas voix à ce chapitre de ma vie !" me disais-je, réjoui de leur faire un vilain tour, eux qui m'avaient si souvent entravé, surtout dans mes amours.

Je m'ouvrais enfin au fait de ressentir une complicité sincère, d'admirer, de sentir mon coeur battre quand je pensais à elle, la laisser me déconcentrer quand je ne m'y attendais pas. Sans la connaître réellement, sans avoir pu la toucher sensuellement, je voulais la toucher au coeur, par les voies impénétrables de l'Univers et de ses courtoises vibrations. Je voulais que ses jours soient plus lumineux, plus souriants, plus beaux tout simplement.

Tant d'autres ont déjà écrit, chanté, peint les mêmes "sornettes" à propos du palpitant qui s'emballe au moindre regard lancé par des yeux vifs. Et je me rends compte maintenant que le monde ne fonctionne que grâce à cela et surtout qu'il ne mérite que cela.

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