Et au septième jour il reposa ( Extrait)

sadnezz

"La dague avait pénétré sinueusement dans son dos, aussi fort que pouvait l'être leur étreinte frémissante. La lâcheté pour un lâche... La colère avait aveuglé la tristesse, la déraison épousé la raison... Sad ferma les yeux sur son geste en se mordant férocement la lèvre, sanglot étranglé. Ses oreilles devinrent sourdes aux râles de son jeune supplicié et ses mains tremblantes se rejoignirent sur la nuque de l'Eroz... Honteuses, elles demandèrent pardon... L'adieu était brutal, terrible. Il partait. En quelques soubresauts saccadés entre ses traitres bras, il partait. Le nez enfoui dans son cou, elle respira une ultime fois son odeur en réprimant l'envie de hurler , là contre sa gorge encore si chaude . Hurler pour comprendre, hurler pour que quelqu'un l'entende là haut...

La rédemption ne viendrait jamais, et s'il fallait aller en enfer ce serait avec l'amertume de sa trahison. Resserrant l'étau, elle le soutint lorsque doucement il se laissait glisser... Une scène muette lui revint. Deux cavaliers se rapprochèrent subtilement l'un de l'autre puis se séparèrent, s'égarant en différents chemins pour s'unir de nouveau au détour d'un bosquet. Ces deux cavaliers étaient la tortueuse route qui les avait guidés l'un à l'autre... Le jeu s'étendit jusqu'au dernier soupir, jusqu'à sentir toute vie s'évaporer, l'un contre l'autre. Le corps inerte de l'Eroz n'abrita bientôt plus l'ombre d'une vie, mais quelques larmes salées vinrent l'abreuver encore dans le silence mortuaire. La Corleone était restée accrochée à lui, sans pouvoir s'en défaire de longues minutes durant... Couvant son erreur, retenant la chaleur qui s'étiolait.

Lorsque la dague fût retirée, elle lui brûla les mains. La viscosité carmine qui les avait recouvertes lui parut pour la première fois insoutenable. L'objet fut balancé à travers la pièce et s'échoua quelque part dans un bruit froidement métallique. La passion est chose bien dévorante... Menée par les pulsions d'esprits torturés. La passion parfois nait et meurt comme un pauvre papillon ... Des années enfermée , en dormance sous la protectrice chrysalide.. un jour explosion de couleur, beauté qui prend un envol éphémère... puis fragile créature agitant ses ailes fatiguées de derniers spasmes de vie sur le parvis d'un église... La passion fait et défait, sans l'ombre d'un remord."

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