Et si c'était la Guerre ?

Nathan Noirh

Je me suis souvent posé la question. Et si, aujourd'hui, on nous annonçait que la guerre était déclarée, et qu'il ne restait plus que quelques jours. La Troisième Guerre Mondiale, affichée en lettre capitale sur tous les webzine et flash infos. Entre nous, il est évident que cela ne peut se passer de cette manière, aussi rapidement, et surtout en vous annonçant : « Vous avez quelques jours avant que tout commence, allez boire une bière. ». Généralement, nous apprendrions un désaccord entre différents états, une montée en puissance des tons échangés, des ambassades attaquées ou menacées, des actes délibérés envers des ressortissants étrangers, fait divers, théorie sur le Dark Web, des posts sur Reddit, des tweets en pagaille, des vidéos de violence sur Youtube, la mobilisation de conseils d'états, des armées sur le pied de guerre, porte avion en position stratégique et canon antiaérien canardant dans tous les sens, et j'en passe. Mais vraiment, vraiment entre nous, où serait l'amusement sans une bonne question qui occupe toute la journée ?

Alors oui, j'y ai souvent pensé, mais en même temps pas tant que ça. Je ne me suis pas projeté jusqu'au bout, en pensant à tout, et en me disant le jour venu « C'est bon, j'y ai déjà pensé, je sais quoi faire ». Parce qu'honnêtement, personne ne sait vraiment quoi faire. Avant d'aller plus loin, je précise plusieurs choses afin de planter le contexte. Partons du principe que c'est vraiment l'apocalypse qui nous attend, que l'électricité va couper, l'eau courante ne le sera plus, et bien sûr, Internet n'existe plus. Concernant nos assaillants, partons du principe hypothétique et non fondé que ce sont les russes. J'ai posé la question à plusieurs amis, afin d'avoir leurs avis, leurs plans, et curieusement, personne n'a la même idée. Personnellement, la première chose que je fais, c'est d'aller chercher une arme.

 

1) - Protection :

Un fusil de chasse, un flingue ou autre, du moment que ce soit dissuasif. J'ai déjà regardé où se situait la plus proche armurerie de chez moi. J'ai même déjà envisagé l'itinéraire. Je suis conscient du fait que je dois avoir un permis pour en acheter une, que nous ne sommes pas aux Etats-Unis et que le vendeur ne voudra probablement pas m'en vendre une. Si tout l'argent que je propose n'y fait rien, je tenterais d'y aller le soir après la fermeture et de casser un carreau. Ce n'est pas honnête c'est vrai, mais bon, c'est la guerre. Je fais le plein de munitions, de gilet pare-balles si possible, et de tout ce que je peux trouver.

 

Maxime*, 27 ans, manager :

« Moi je fais n'imp'. Je fais la fête toute la semaine avec mes amis, et j'enchaîne les soirées. Par contre si tu sais que la guerre va venir, tu serais gentil de me prévenir avant, que je commence à profiter. Je vis pas ma vie pour survivre moi, je vis ma vie pour vivre.»

L'opinion est discutable, mais je dois avouer que si la guerre éclate, on n'aura pas forcément l'occasion de beaucoup faire la fête.

 

Alicia*, 27 ans, sans emploi :

« Je télécharge des séries et des films. On risque de s'ennuyer, et si il n'y a plus Internet, autant en profiter avant. »

Je ne saurais vous inciter à télécharger, c'est illégal. Prenez le temps d'y réfléchir, et surtout, de ne pas oublier une saison.

 

2) - Nourriture :

Je l'ai mis en deuxième position, parce que selon moi, on a plus de chances de prendre tout ce que l'on peut, avec une arme. Je ne dit pas que tout le monde va perdre la tête et tourner comme dans Walking Dead. Mais prudence est mère de cran de sureté. Boîte de conserves, eau, pâtes, riz, pomme de terre… je prends tout ce qui passe. Vous n'avez jamais rêvé de courir dans un supermarché et de remplir le caddie à toute vitesse ? C'est votre chance. J'ai d'ailleurs un supermarché dans ma rue. Une dernière chose : n'oubliez surtout pas l'alcool. Une fois que le bordel sera installé et les banques fermées, vous serez bien obligez de faire du troc sans utiliser votre corps. Ma mère me dit toujours : « Il faut faire des réserves de Whisky, au cas où. On ne sait jamais. »

 

Caroline*, 23 ans, graphiste :

« De la drogue. Je vais voir mon dealer, et je fais le stock. De un : ça sert de troc, de deux : antidouleurs, évasion… c'est multitâche. »

J'ai ajouté à ma liste son conseil. À chacun son nectar.

 

3) – Médicaments :

Qui dit drogues, dit forcément médicaments. Je file à la pharmacie, et je fais le plein de Dolipranes, de Citrate… Je me vois mal aujourd'hui passer une journée avec la gueule de bois sans prendre quelque chose. J'ajoute également un détour par le bureau de tabac. Que ce soit pour me détendre, ou pour échanger avec quelqu'un pour faire du troc, cela servira toujours.

 

4) – Énergie :

Imaginons un seul instant que l'électricité soit coupée. Il va bien falloir s'éclairer, téléphoner, recharger son portable ou encore démarrer sa voiture. J'ai déjà une petite batterie solaire, qui me permet de recharger mon portable quand je suis en déplacement. Pratique et peu cher, vous en trouverez facilement chez Nature et Découverte. En même temps, si le soleil venait brusquement à être couvert, une batterie à dynamo pourrait bien faire l'affaire. Rechargeable, transportable, de l'énergie tant que l'on peut pédaler.

 

Gaelle*, 25 ans, peintre :

« J'appelle mon mec. Au moins, je serais avec lui quoi qu'il arrive. »

 

Romain*, 26 ans, chef de projet web 

«  Je t'appelle. Je sais que tu auras déjà tout prévu, donc voilà. En plus j'ai une maison à la campagne si tu veux. Des animaux, on plante des trucs, on sera bien. »

C'est aussi l'éventualité qui me séduit le plus. Je ne compte pas rester en ville, dans mon petit appartement. J'aimerai évidemment rejoindre ma famille si possible, mais ils habitent assez loin de moi. Je louerai un camion (le contrat de location me coûtera moins cher que d'acheter un camion), et je transporterai toutes mes affaires et provisions là-bas. 

 

Jane*, 28 ans, boucher :

« Je vais en Guadeloupe. Je me sens bien là-bas, et puis je n'ai pas envie de mourir en France. »

Mon opinion c'est que les avions seront bloqués, ainsi que les frontières. Donc pour sortir de notre pays, cela risque d'être compliqué, désordonné et sans pitié. De nouveau business vont émergés, et je n'ai pas envie d'en faire partie. À part prendre sa voiture et aller se cacher dans un coin paumé, je n'ai pas vraiment de conseils.

 

5) – Communication :

Plus d'Internet. Plus de réseau. Qu'en est-il des moyens de communication ? Première chose que je recommande, téléchargez l'application Firechat sur votre téléphone. Rendue populaire pendant la révolte des parapluies jaune en Chine, cette application permettait de communiquer via Bluetooth, dans une portée de 80 mètres environ. Le gouvernement chinois bloquait parfois les transmissions entre certains endroits, pour désordonner les manifestants. Firechat leur permettait tout de même de continuer efficacement. Ensuite, j'achèterai surement une radio et un émetteur. La télévision risque vite de devenir inutile, et la radio est un bon moyen de communiquer et d'émettre à un large public. Dans le même temps, j'achèterai de quoi faire du Morse. Peut-être que je téléchargerai des manuels sur les langages codés en général, afin de pouvoir communiquer discrètement. À partir du moment où j'apprends la nouvelle, je passerai le plus de temps possible sur Internet avant que ce ne soit trop tard, pour justement télécharger le plus d'informations pratiques possible. Manuel de survie, techniques militaire… C'est hallucinant tout ce que l'on peut trouver sur Internet. Et il me faudra des talkies walkies bien entendu.

 

Benoit*, 22 ans, étudiant :

« Je m'engage. En première ligne et je tire sur tout ce qui bouge. »

Je n'y avais pas pensé, mais si effectivement la guerre est déclarée, je me demande bien si l'état va nous imposer de nous engager. Mais la guerre d'aujourd'hui ne sera pas celle d'hier. Gaz toxique, attaque éclair, bombe chimique, sans parler du nucléaire… Les militaires font maintenant la guerre avec des drones, sans bouger de leur fauteuil. Pourquoi aurait-il besoin de moi ? Je ne servirai pas de chair à canon.

 

6) – L'avenir :

Acheter en pagaille des conserves et de l'eau, c'est bien beau mais ce n'est pas une solution à long terme. Une amie m'a d'ailleurs ouvert l'esprit sur plusieurs solutions :

- Un récupérateur d'eau de pluie : ai-je besoin d'expliquer le concept ?

- Des graines : planter et récolter est sans aucun doute votre meilleur option. De quoi faire pousser des tomates, des pommes de terre, de la salade… Fruits et légumes tout confondus.

- Des cartes : Une fois le wifi éteint, plus de GPS, plus de Google. Les cartes resteront alors le meilleur moyen de se repérer, et de situer des points stratégiques, comme un hôpital ou un commissariat de police. Personnellement, je reconnais plus le nom des bars, que le nom des rues.

- Une bicyclette : Sans essence, sans électricité, le vélo restera le meilleur moyen de se déplacer rapidement, et silencieusement. De plus, si vous voulez la connecter à votre batterie à dynamo, c'est tant mieux.

 

Le reste dépend bien entendu de vos priorités. Je ne suis pas un spécialiste en survie, ni en situation d'urgence à la Man vs Wild. Je vous livre juste ici, les quelques choses auxquelles j'ai pensé, et que n'importe qui pourrait faire ou acheter. Tout le monde n'a pas forcément le temps de suivre des formations et des stages de survie. Mais prendre le temps ne serait-ce que quelques minutes, et de noter ce que vous feriez dans ces moments-là, pourrait peut-être vous sauver la vie un jour.  

 

 Alicia*, 27 ans, sans emploi :

« Il faut quelqu'un de comique dans le groupe. On risque de s'ennuyer et de ne pas rigoler tous les jours. »

 Je suis entièrement d'accord.

 

 

* : pour les besoins de cet article, les prénoms ont évidemment été changés, sauf pour Maxime.

Signaler ce texte