Et Sticky fingers créa les Rolling Stones...

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Et si pour les Rolling Stones tout commençait ici, en 1971 avec Sticky Fingers ? Un album cure de jouvence pour le groupe. Exit Brian Jones, le leader ingérable aux histoires douteuses. Bienvenue à Mike Taylor et ses talents de bluesman. Fini aussi les contraintes commerciales des maisons de disque. Le quartet décide de prendre les choses en main en produisant sur son propre label. Une bonne chose de faite. Les Stones peuvent se lâcher et ils ne vont pas se faire prier.

La cover, d'une braguette bien pourvue, réalisée par Andy Warhol et ce titre tout droit sorti d'un film pour adulte donnent d'emblée le ton. Ça transpire le sexe, l'anticonformisme et la provocation. Âmes sensibles s'abstenir, moins de 18 ans tournez la page, ce qui va suivre n'est pas pour vous. Vous montez à bord des montagnes russes Sticky fingers, c'est parti!

Et accrochez vous à votre wagon car ça démarre fort et sans préliminaire avec le sexuel « Brown sugar ». Un morceau festif et débridé qui mélange les coups de fouet de la guitare avec la suavité d'un saxo made in New Orleans. Mais nos élans sont vite calmés par un « Sway » doux amer suivi par la grosse claque de l'album « Wild horses ». Une belle ballade folk simple et empreinte de mélancolie, chantée par un Mike Jagger tout en tristesse. On entame ensuite un virage décoiffant. « Can't you hear me knocking » et son délire musicale. Le saxo, la guitare blues et les congas s'unissent dans une joyeuse folie aux allures de transe tribale. Allez, on réveille l'animal qui est en nous et on se laisse ensuite titiller par « Bitch » et ses allusions perverses. On salive, on bave à l'écoute des accords effrénés et des cuivres qui nous font atteindre le septième ciel. D'ailleurs, en parlant de langue pendue, c'est sur ce skud qu'apparaissent pour la première fois la fameuse bouche et la célèbre langue qui marqueront l'histoire du rock.

Enfin on arrive en bout de piste et là, c'est l'inévitable chute. On plonge à vitesse grand v dans le côté sombre des Stones. Mal de vivre, mal d'amour, rien que le titre « I got the blues » se suffit à lui même. Fini de planer à quinze milles, on redescend sur terre. « Sister morphine » nous fait voyager dans les limbes de leurs esprits embrumés au rythme des riffs profonds de la guitare de Ry Cooder. Et même si on reprend un peu de légèreté avec « Dead flowers » et son côté guilleret de country song, on nage en pleine torture avec en trio gagnant la drogue, le sexe et les femmes.Tourments vite oubliés avec quelques volutes de fumée. « Moonlight mile» se consume langoureusement dans la solitude des longues journées sur la route et la monotonie des nuits loin du tumulte de la gloire. Clap de fin sur le Poor lonesome musician prenant la route vers d'autres destinations dans un nuage aux saveurs d'ailleurs et sur les notes d'une orchestration symphonique.

Sticky fingers ou le digne représentant de l'adage « sexe, drogue et rock'n'roll », en un mot légendaire!

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