THE ROLLING STONES STICKY FINGERS

Jack Lalli

THE ROLLING STONES

Sticky Fingers

Rolling Stones / Atlantic

(1971)

D'abord la pochette conçue d'Andy Warhol, avec ce pantalon jeans serré et sa braguette ! Sticky Fingers est le premier album qui sort sous leur label « Rolling Stones », avec son logo : la langue imposante et ses lèvres rouges... Ceci dit, leurs racines musicales sont en symbioses : la musique noire : le bues, le jazz, et la musique blanche : rock et country. Une alchimie remarquable qui perpétuée par les Rolling Stones marque un grand disque sortit en 1971, et produit par Jimmy Miller (enregistré au studio de Muscle Shoals en Alabama, et à l'Olympic Sound Studios de Londres). Déboule à fond « Brown Sugar » rock'n'roll au son brut, rageur. Mick Jagger énonce une parabole sur l'esclavage et le sexe. Mick Taylor (ex-guitariste des Bluesbreakers de John Mayall) apporte ce son blues « roots », complément idéal électrique à Keith Richards. Pour Taylor, c'est son premier disque studio avec les Rolling Stones. Il fait des pépites d'or avec sa six cordes, son jeu est fluide et mélodique, dont avec la pedal steel. « Sway » est une belle ballade blues rock, Mick Jagger chante à la perfection, guitare au top avec la bottleneck. Le rythme est lancinant, pour arriver à un final symphonique. Magiques les belles émotions dans ces instants cool de « Wild Horses ». « Can You Hear Me Knocing » tourne bien, le saxophone s'évade, arpèges de guitare blues virant latino style Santana. La richesse musicale du groupe est imposante, le piano de Billy Preston enrobe le tout avec classe. Une machine musicale bien huilée qui te prend les neurones et les membres. La superbe rythmique est appuyée par la batterie de Charlie Watts et la basse de Bill Wyman, l'ossature et le swing « Stonien » du groupe. « You Gotta Move » (du chanteur guitariste noir Fred McDowell) déborde de feeling, c'est remarquable comme adaptation traditionnelle. Plus entrainant : « Bitch », Keith Richards joue des riffs affinés pendant que les cuivres de Bobby Keys et Jim Price balancent la sauce. « I Got The Blues » est ensorcelant à souhait ! Et une drôle de sœur qui t'envoie à l'hosto, la défonce avec « Sister Morphine » (de Marianne Faithfull) accompagnée par Ry Cooder à la guitare slide, et au piano: Jack Nitzsche. Autre perle acidulée, autre voyage cauchemar qui suit sur ce « Dead Flowers ». Une superbe chanson country blues même si le sujet est sinistre. Au final : « Moonlight Mile » effet de voix délirant de Jagger, puis délicatement les violons et le piano égrènent des harmonies douces, grand jeu en musique pop orientalisée. La classe des Rolling Stones à fleur de peau tout au long d'un album qu'on ne regrette point de réentendre remastérisé ou pas ! Belle marque de fabrique que ces « doigts collants » dans la saga du rock, un grand classique des Stones.

JACK LALLI

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