Evolution (chap 11)

Daniel Macaud

    Le groupe d’éclaireurs venait de s'arrêter. Les duads en cercle, les hommes ratissaient les environs. Les traqueurs avait capté le signal GPS d’un pilote. Ils avaient très vite retrouvé le petit carré de plastique. A partir de là, deux possibilités. Soit ils étaient partis vers la ville, à la recherche de survivants, soit ils avaient continué vers les montagnes. Nouveau rapport. Le groupe se scinda en deux. Ils repartirent aussitôt.

***


    L’ascension n’était pas une chose des plus aisées. Ils le savaient tous les trois. Merks en profita pour parler.
- Avant qu’on aille se perdre pendant des heures dans les hauteurs, je vous propose qu’on monte vers le nord-est. C’est un peu moins escarpé, et sur le versant est de la montagne, il y a une source, donc si il y a des survivants, ils seront certainement dans les parages.
- Bonne idée, répondit Androucha.
- D’autres mutants ?
- Peut-être aussi des humains, répondit sèchement Merks.
- Ah... Ben allons-y alors.

    Les trois commencèrent leur ascension. Dans un taillis, un troisième bout de plastique commença à émettre. Pour Stago, l’espoir était que la mutante ait raison, et que les traqueurs aient été dépeché sur place rapidement. Dans ce cas, ils ne devaient plus être loin, et il avait décidé d’activer un quatrième émetteur quand ils auraient trouvé une grotte, et de le garder sur lui. Avec un peu de chance, il y aurait des survivants, de quoi faire un joli carton.

***


    La ville 12 était vide. Vide et morte. Les trois hommes, se déplacant en silence sur leurs machines, en firent le tour en quelques minutes, de temps en temps, un cadavre calciné, des restes de maisons à peine identifiables. Décor de chaos. Il n’y avait plus rien ici. Les hommes se regroupèrent. Quelques traces de pas dans les cendres encore chaudes indiquèrent qu’il y avait des survivants. Une consultation rapide de la carte, ils y trouvèrent une rivière. La remonter, retrouver les survivants. Les trois hommes se remirent en route. La nuit venait doucement, il allait être difficile de rester discret maintenant, il fallait faire vite.

***


    Les traqueurs venaient d’arriver au pied de la montagne. Ils retrouvèrent le troisième émetteurs avec satisfaction. Leur pilote était toujours en vie. Maintenant, il s’agissait de les retrouver dans les hauteurs. le froid allait sûrement devenir un problème, et la nuit aussi. les fuyard ne devaient pas être préparé pour cette escalade. une chance de plus. les trois hommes commencèrent l’ascension.

***


    Le chant joyeux de la rivière qu’ils entendaient depuis quelques minutes et qui les guidait  fit place au grondement furieux des rapides, la rivière dévalant la montagne aussi vite qu’elle le pouvait, malmenant les roches et autres morceaux d’arbres morts qu’elle chariait avec violence. Androucha et les deux humains comtemplaient les eaux tumultueuses dans la nuit tombante. D’ici deux ou trois minutes, ils n’y verraient plus rien, et le chemin devenait maintenant trop abrupte pour continuer avec le duad. L’engin leur avait quand même permis de monter assez vite et assez haut avant que le manque de lumière ne devienne trop dangereux. Maintenant, il allait falloir jouer de prudence, et de chance.
- On y va, fit sèchement Androucha.

    Ils avaient à peine fait quelques pas qu’un bruit discret attira leur attention. Androucha, sur le qui-vive, braqua son canon, et bascula sa visière en vision de nuit. Le détecteur de chaleur lui permit rapidement d’identifier l’origine du bruit.
- Tout va bien, cria-t-elle, nous sommes des survivants aussi.

    Les deux mutants sortirent des buissons dans lesquels ils s’étaient dissimulés. ils n’avait pas l’air rassurés. Androucha enleva son casque.
- Je suis une dauf, je m’appelle Androucha. J’ai deux humains avec moi.
- Nous ne souhaitons pas d’humains, fit l’un d’eux. Si tu veux, tu peux rester avec nous. Les autres, ils peuvent rejoindre les humains qui sont dans la grotte, en haut. à quelques centaines de mètres. Nous, nous sommes regroupés là.

    Le mutant designa un amas de morceaux de bois. Androucha hésita un instant.
- Bon, moi je reste là. Vous pouvez filer.
- Mais, commença Merks, on va où ?
- Remontez sur une centaine de mètres dans cette direction, fit le mutant en pointant son doigt vers un pic rocheux.
- Tu oublies pourquoi je te suis, fit Merks à l’adresse d’Androucha.
- Dégages !
- Mon pote, t’as pas la côte, ricana Stago.
- Toi, la ferme ! Claqua Merks. J’insiste pas, mais on se retrouvera. On y va.

    Androucha les regarda s’éloigner, jusqu’à disparaître derrière le pic rocheux. Elle se tourna vers les deux mutants qui n’avaient pas bougé, et désactiva son armure. Celle-ci reprit sa forme cubique, et Androucha la ramassa.
- Bon, où est le vrai campement, demanda-t-elle ?
- Suis-nous, fit le mutant en souriant de tous ses crocs, preuve de sa filiation avec les félidés.

    Lui et l’autre mutant, qui devait appartenir aux cervidés au vu de ses deux proéminences sur le crâne et de sa gueule allongée, se mirent en route, suivit d’Androucha. L’amas de bois dissimulait une plaque de roche qui se souleva, laissant le passage à un escalier qui descendait dans les entrailles de la terre. L’armure d’Androucha intéressait beaucoup le félidé.
- Je n’avais jamais vu une armure comme la tienne, tu l’a trouvé où ?
- Dans un entrepôt, dit-elle. Je viens de la Terre.
- Ah. Je comprends que tu ne veuilles pas en dire plus.
- Merci.

    Ils marchaient maintenant dans un corridor souterrain, étayé et éclairé, qui n’avait rien d’un bricolage de survie. Ces tunnels étaient là depuis un moment, et avaient étés bien aménagés.
- Ca fait longtemps que ces lieux existent ? Demanda Androucha.
- Oh oui ! Depuis la révolte des damnés. Nous avons mis en place tout un reseau de communication souterrain, à travers toute la planète. L’attaque des terriens à fait très peu de morts chez les mutants. Les humains n’ont pas eu cette chance.
- Je croyais que vous étiez confinés dans les quartiers des damnés ?
- Dehors oui. Mais sous terre, nous sommes libres.
- J’aurais dû m’en douter. Mes contacts se renseignaient très vite, et je savais que vous aviez un reseau “souterrain”. Mais de là à ce que ce soit VRAIMENT souterrain...

    La remarque fit rire le cervidé.
- T’es pas là depuis longtemps toi hein ?
- Deux mois.
- Ah, mais attends, c’est toi l'enquêtrice de la Terre non ?
- Tout-à-fait.
- Bon sang, il faut que tu vois Braid ! On pensait que tu étais morte dans le quartier de la ville 41.
- J’ai bien failli y passer. Heureusement que j’avais ceci, dit-elle caressant le cube du regard. Qui est Braid ?
- Le chef de la résistance sur 232. D’habitude, il ne se montre jamais, mais là, les circonstances sont différentes. On va te trouver un vaisseau, il faut absolument demander des renforts à la Terre.
- Je sais bien, je cherche à repartir pour la base Titan par tous les moyens, mais le chasseur terrien que j’avais capturé a été détruit.
- Viens vite, fit le félidé. Braid nous attend.

***


    Il faisait nuit noire. Les deux hommes y voyaient à peine, seulement éclairés par les deux petites lunes de la planète. Une faible lueur leur indiqua bientôt la position de la grotte des humains. Stago en profita pour activer son quatrième émetteur et se prépara à passer un sale quart d’heure. ils n’allaient apprécier d’apprendre qu’il était à l’origine de la destruction de leur ville, et il pouvait compter sur ce Merks pour les en informer.
- On y est, fit Merks.

    Ils gravirent les derniers mètres. Déjà, quelques hommes s’avançaient à leur rencontre. Ils semblaient inquiets et sur leurs gardes, certains étaient armés de batons, et de barres de fer, sans doute récupérés à la hate dans les décombres de la ville.

***

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