Evolution (chap 7)
Daniel Macaud
Androucha s’approcha avec prudence de l’engin. Silence pesant. Rien ne bougeait. Le choc avait très certainement assommé le pilote, mais Androucha doutait qu’il puisse être mort. Pointant son canon vers le cockpit, elle hurla.
- Sortez de là !
Un grand fracas suivit, et Androucha se retourna vivement. Sur un duad sortant de derrière les arbres épargnés par le crash, un homme. Celui-ci sauta de son engin et pointa une arme dans la direction d’Androucha. Celle-ci, aveuglée par le phare de l’engin, ne voyait presque rien. Sa visière se teinta, mais l’homme restait en contre-jour.
- Comme on se retrouve, le mutant !
- T’es qui toi ?
- Celui qui veut récupérer ce que tu as volé !
- C’est toi qui a détruit mon vaisseau dans le quartier des damnés ?
- Et heureusement que je l’ai fait, sinon, tu aurais déjà remis cette armure à tes chefs, et vous prépareriez une nouvelle attaque contre les humains ! Bande de monstres !
- Les monstres, c’est vous ! Vous détruisez tout ce que vous touchez ! Vous massacrez les mutants !
- Vous êtes des créatures démoniaques !
- Et vous, vous êtes quoi ? Hein ? Tuer, massacrer, détruire ! Vous ne faites que ça ! C’est vous les démons ! Et je préviendrai la Terre, même si tu cherches à m’en empêcher !
- Silence mutant ! Rends-moi l’armure !
- L’armure ?
Androucha marqua un temps d'arrêt. L’armure ? Cet humain l’avait poursuivi jusqu’ici pour l’armure ? Alors il ne savait rien des informations qu’elle avait receuilli ? Elle devait avoir une certaine valeur. Androucha sauta sur l’occasion. Autant éviter qu’il se doute de quelque chose.
- Tu ne l’auras pas l’humain, et lâche ton arme. Elle ne te servira à rien contre cette armure, par contre, ta veste en tissu a peu de chance de stopper une charge de plasma.
Fait comme un rat ! Merks s’insulta intérieurement. Il n’avait pas le choix. Il baissa son arme, et la laissa tomber au sol. Androucha respira. elle maîtrisait la situation. Maintenant, il restait une inconnue, ce vaisseau, enfin, ce qu’il y avait dedans. Merks ne comprenait. Il était à sa merci, pourquoi il ne tirait pas ?
- Pourquoi tu me laisses vivre ?
- Tu ne menaces pas ma vie. Tu peux même partir, si tu veux.
- Pour aller où ? La ville 41 a été anéantie.
- Et tu peux être certain que toutes les autres aussi. Les humains sont comme ça. Ils détruisent tout. Vous êtes dangereux.
- C’est vous les mutants qui êtes dangereux ! Sur Terre, vous avez tout conquis, vous avez obligé les humains à se cacher. On le sait très bien !
- C’est faux ! Les radiations sont devenues trop importantes pour eux. Nous, on peut survivre dans cet environnement. Pas vous !
- Menteur !
- Je ne mens pas, et pour ton information, je suis une femelle !
- Ah ? Euh...
- Je m’appelle Androucha, je suis une dauf’.
- Je... Euh... Merks. C’est mon nom.
Pourquoi il se sentait gêné tout à coup ? Mâle ou femelle, quelle importance ? C’était une mutante, point. Mais la soudaineté de la précision l’avait surpris. Il se sentit con. Se reprendre. Se donner une contenance.
- Mâle ou femelle, m’en fous. Je dois récupérer cette armure. Je n’ai pas le choix, et toi non plus, tu vas devoir me supporter, ou me tuer.
- Vous êtes vraiment têtus les humains ! Pourquoi tu t’obstines ? Tu ne l’auras pas et pour en être certaine...
Elle avisa l’arme aux pieds de Merks et tira. La petite explosion fit sauter le soldat comme un cabri. Androucha ne put s’empecher de sourire.
- Bien fait !
Du mouvement. Tous les deux tournèrent la tête simultanément vers le cockpit qui s’ouvrait. Le système de secours avait dû se mettre en marche, car le pilote reprenait doucement conscience et relevait à peine la tête. Le visage de Merks se décomposa, Androucha fit des yeux ronds de surprise. ces deux humains ne se ressemblaient pas du tout ! Le pilote releva la tête et fixa Merks avec des yeux méchants.
- Un mutant !
les deux hommes avaient prononcé cette parole simultanément. Androucha, en peu en retrait, examinait la situation, et commençait à comprendre. Les deux hommes ne se quittaient pas des yeux. Pris de colère, Merks se jeta sur le vaisseau, avec la ferme volonté d’étrangler le pilote. Celui-ci se redressa tout-à-fait, et sauta du cockpit. Ils s’empoignèrent et roulèrent dans la terre. Androucha comprenait. C’était tout simplement aberrant. Comment n’avait-elle pas vu cela plus tôt ? Elle regarda les deux hommes se battre un moment. Leur rage et leur colère faisaient d’eux des animaux sauvages qui, roulant dans leur hurlements, soulevaient de la poussière et de la terre. Et dire que les humains considéraient les mutants comme des montres ! Mais eux... Ils étaient quoi ? Elle tira en l’air pour stopper la foire d’empoignes qui se déroulait sous ses yeux. Les deux hommes stoppèrent net. Stago fixa l’armure un moment sans comprendre. Merks se redressa, presque penaud.
- Vous êtes humain ? Demanda finalement Stago.
- Je suis une dauf’, répondit Androucha, en ôtant son casque. Et vous, vous êtes quoi ?
- Je suis humain, ca se voit non !
- Non, t’es un mutant ! Cria Merks.
- Toi t’es un mutant ! T’a vu ta gueule ?
Androucha les détailla tous les deux. Effectivement, les différences physiques entre les deux hommes étaient profondes. le visage déjà. Plus petit chez Merks, avec des yeux plus petits, et noirs, complètement noirs. les cheveux ensuite. Merks n’en avait pas, l’autre si. Le visage du pilote était longiligne, avec une petite machoire, des yeux bleus délavés. Deux couleurs de peau radicalement différentes. Le pilote était blanc, Merks était noir. Sur le crâne de Merks, une excroissance qui partait du haut du front et descendait jusqu’à la nuque lui faisait comme une petite crête charnue d’environ un centimètre de haut. Les deux hommes fixaient Androucha silencieusement.
- Si vous êtes tous les deux des humains, pourquoi vous ne vous entendez pas ? Pourquoi vous ne vous ressemblez pas ?
- Parce que c’est un mutant, crièrent les deux hommes, en se regardant méchamment.
- Vous êtes pathétiques. Cela fait une bonne centaine d’année que des humains ont colonisés Pégase. Vous ne croyez pas que simplement, vous avez évolués différemment, à cause des conditions environnementales différentes ? Je suis une dauf’, et je peux vous dire que s’il y a quelque chose qui ne trompe pas chez vous deux, c’est votre odeur. C’est la même !
Les deux hommes marquèrent un temps d’arrêt. Comment croire un mutant ? En même temps, quel intérêt avait-elle à mentir ? Ils se fixèrent un long moment, toujours sous la menace du canon plasma d’Androucha. ce fut elle qui rompit le silence.
- Vous faites comme vous voulez, mais moi, je prends ce vaisseau, j’en ai besoin pour rentrer sur Terre. Vous, vous pouvez partir, et débrouillez-vous pour survivre, puisque l’attaque des terriens a détruit toutes les villes !
- C’est mon vaisseau ! Et il ne sera jamais capable de rallier la Terre, il faudrait que tu rejoignes le croiseur de guerre, idiote !
- J’ai pas besoin de ton croiseur, humain ! Maintenant, dégagez tous les deux ! Avant que je décide à vous tuer.
Prudents, les deux hommes firent marche arrière. Androucha les tint en joue jusqu’à ce qu’ils eurent disparu derrière les arbres. Maintenant, elle pouvait se concentrer sur la réparation du vaisseau.
il arrive le chapitre 8 ! hihihi ! merci pour tous ces commentaires, ca fait plaisir !
· Il y a presque 14 ans ·Daniel Macaud
ah, super le rebondissement! Et oui, bien sûr, Pointedenis a raison, une jolie parabole sur la différence, depuis le tout début. Par contre,je m'étais habituée à mon petit confort,le prochain chapitre sous la main, et là ... frustration!!! Mais où est donc le chapitre 8?
· Il y a presque 14 ans ·ysee-louise
Pour les humains, je sais pas, ça dépend de ce qu'on entend par humains, je suppose
· Il y a presque 14 ans ·Daniel Macaud
Hi hi petite leçon au passage sur l'incapacité de l'humain à tolérer les différences.
· Il y a presque 14 ans ·Je me sens devenir mutante. Mais y a pas d'espoir, alors? On ne va pas évoluer?
pointedenis