Exactement là

dambrezy


Il serait trop simple d'écrire qu'il existe autant de logements idéaux que de personnalités, car tout le monde le sait l'espace, le confort et la lumière sont des critères relativement communs sur lesquels on transige difficilement. Certes, il doit bien exister celui qui préférerait habiter dans un sous-sol peu éclairé, petit et humide, un autre pour qui l'inconfort serait à peine un désagrément. Comme la majorité, je ne suis pas de ceux-là. Donnez-m'en la possibilité et je vivrais… Ici !

D'abord le lieu : un immeuble en pierres de taille, dans une grande ville, de préférence placé en son centre parfait, près des commerces et des lieux où l'on vit. J'opterais ensuite pour un étage supérieur, le dernier, bien sûr. Pourquoi ? La lumière cela va de soi ! Mais aussi pour éviter que l'on me marche sur la tête.

Ensuite l'espace. Il m'en faut beaucoup. Je suis seul, mais je compte inviter. Je dirais qu'à partir d'une centaine de mètres carrés, je pourrais respirer. Un impératif ; il me faut un bureau bibliothèque pour des raisons professionnelles, mais aussi et surtout, pour caser mes deux mille livres, mes chers livres dont chacun doit trouver sa place. Je veux également une grande chambre dans laquelle je ne me heurterais pas aux meubles, une chambre aux lumières douces et nombreuses. Vingt mètres carrés me paraissent l'idéal. Un dressing la prolongerait. J'y vois déjà, éclairées de haut, mes paires d'anglaises préservées par leurs embauchoirs. Si cette chambre pouvait donner sur une grande terrasse surplombant les toits de tuiles ou bien d'ardoises de la ville, je serais au paradis. Ma chambre donnerait sur une terrasse que j'habillerais de bougainvilliers, d'oliviers et de buis, beaucoup de buis parce que j'aime le buis. J'y poserais un fauteuil planteur en teck dans lequel, aux beaux jours en soirée, je siroterai un rhum arrangé en pensant au rythme de l'Océan Indien, l'œil négligemment posé sur les lumières des autres, au loin.

Dans le salon, la hauteur sous le plafond me permettra de faire installer une mezzanine, que j'appellerais salon d'hiver et qui donnerait sur une vaste fenêtre de toit. Une mezzanine, c'est un prolongement, la possibilité de changer d'espace, de prendre un peu de hauteur. J'y accrocherais mes lithographies, y poserais une table basse et des sièges cannelés.

Et l'ambiance ? Dans les pièces je voudrais au sol du carreau blanc à cabochons noirs dans le couloir et dans la salle de bain, des tomettes dans la cuisine et un parquet, de préférence un point de Hongrie, dans le grand salon ainsi que dans les chambres. Aux murs, du blanc évidemment, la couleur dont je me lasse le moins. Tout sera chaleureux, accueillant et doté d'un éclairage très performant dont je pourrais, à ma guise et à l'aide d'une télécommande sophistiquée en régler toutes les nuances.

Les équipements. Je n'ai pas particulièrement d'exigences techniques excepté pour la cuisine et pour la salle de bains. La cuisine qui sera bien séparée de la grande pièce à vivre sera aussi vaste qu'une salle à manger. Elle sera agencée comme une cuisine professionnelle, le côté convivial en plus, et disposera de tous les équipements les plus récents et les plus performants pour la friture, la cuisson à la vapeur, le frais, le surgelé, les sorbets…

La salle de bains. Ça n'est pas très écologique d'avoir une baignoire. Pourtant j'en veux une, d'angle, avec des marches en bois pour y accéder ainsi que toutes les options permettant d'ajouter du bien-être. Une douche, vaste et sans barrière me permettra presque d'attendre la pluie, mon Tahiti douche en main.

Et puis j'aime les recoins, les placards et les dépendances. Donc, beaucoup de rangements pour dissimuler ce qui doit l'être, ce qui est superflu et trop pratique pour être vu. De même, je gommerais toutes les contraintes liées à la vie en ville en ayant un double parking pour ma voiture et celle de mes invités, une cave saine pour y entreposer mon vin, et un grenier pour me débarrasser des meubles dont je me serais lassé.

Voilà ! Mon logement idéal n'est pas bien original, mais il correspond aux goûts que j'ai développés. L'important c'est de se sentir bien, n'est-ce pas ?

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