Extrait journal (15)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Un concentré des 40 pages que j'ai écrit lors de mes 3 mois d'hospitalisation psychiatrique en 2013. Un vrai témoignage de bipolaire/borderline. J'ai juste enlevé les passages qui parlait de mon ex ; en respect de mon partenaire actuel. Le fait que le texte soit long peut vous faire fuir ; mais soit ne partez pas et prenez tout votre temps ; soit lisez en diagonale, soit ne lisez pas ;-)

27 août 2013 – Aujourd'hui, c'est le présent.


Aujourd'hui, je vais bien je crois. C'est difficile d'en faire une certitude je ne connais pas très  bien cet état. Serai-je même en légère hypomanie ou en petite stabilisation ? Je pense que  c'est la nouvelle molécule que l'on m'a prescrite. Je l'avais eu il y a 3 ans et demi et elle m'avait plutôt réussi mais je ne l'avais pas gardée à cause d'un déménagement avorté. Avorté, puisque dès que la solitude s'est faite prenante, j'ai eu envie d'aller voler un peu par la fenêtre du 10ème étage. Il valait mieux rentrer chez moi.

Le problème reste la concentration de ma fin des études. En dépression je ne puis rien faire.  En hypomanie je suis tellement vive et éparpillée que rester devant un ordinateur m'est  impossible. Impossible n'est pas possible. Mais si. Un coup de mou. Suis si fragile et si forte à la fois. La stabilité se fait attendre. Je croule de sommeil mais n'arrive pas à l'atteindre.

30 août 2013. Si mal.

Je voudrai récupérer les clefs de ma voiture et aller respirer l'iode de la mer. Je me sens en  prison. Une prison d'un mortel ennui.  Je ne vois aucun futur, aucun présent. Je ne pense plus au passé. Je suis hors temps et j'ai mal à en baver.

03 septembre 2013 – Internée.


Pas pu écrire depuis des jours car pas le moral et pas la bécane. Ai été trois jours en chambre ultra sécurisée (même pas droit à tes vêtements), et là je suis mi sécurisée (placards toujours fermés à clef). Je suis en hospitalisation libre, de mon plein gré, et on me prive toutes mes libertés. Je me suis sentie violée dans ma féminité et mon intimité. Souillée, salie. J'arrête la psychiatrie définitivement (enfin, pour le moment), dès ma sortie. Rien ne marche, à moi d'apprendre à définir les rennes de ma vie malgré la souffrance aigüe. Ne jamais parler d'intentions suicidaires à son psychiatre. Telle est la conclusion de ces dernières journées.

  • Je crois que la phrase : "à moi d'apprendre à définir les rennes de ma vie" résume bien la situation. Et je crois que tu y as réussi. Si tu es arrivée à une telle conclusion, c'est que tu portais en toi la solution. Mais il t'a fallu cette descente aux enfers pour le comprendre et la trouver. Ton récit est terrifiant, je félicite le courage qu'il t'a fallu pour oser publier ces textes qui sont un véritable témoignage et dans lesquels beaucoup de personnes se reconnaîtront. Tu lèves le voile sur un monde rarement décrit, souvent vécu, souvent caché, car la honte domine la vie de ceux qui portent en eux de telles souffrances. On paraît si anormal, comparé au reste de l'humanité ! On voudrait tellement t'aider, t'apporter une fleur ? un rayon de soleil ? un sourire ? je ne sais pas, mais te montrer que tu vis toujours.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Je suis tout à fait d'accord avec Sy Lou ! Je félicite ton audace et ton courage certes perméable par moment mais en mon sens permanent pour essayer de sortir la tête de l'eau. Ta vie est une œuvre d'âme :-)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      17c25d2b

      Yitou

  • je viens de terminer,,, un boule au ventre.. pas sur d'avoir lu dans l'ordre,,,poignant et je me sens tellement inutile,,,;-)

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Patrick Gonzalez

    • oui,, touché, coulé,,,,je découvre une Alice que je ne connaissais pas,, ;-)

      · Il y a plus de 8 ans ·
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      Patrick Gonzalez

    • ;-))

      · Il y a plus de 8 ans ·
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      Patrick Gonzalez

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