Extrait Journal Intime (1)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Un concentré des 40 pages que j'ai écrit lors de mes 3 mois d'hospitalisation psychiatrique en 2013. Un vrai témoignage de bipolaire/borderline. J'ai juste enlevé les passages qui parlait de mon ex ;

en respect de mon partenaire actuel. Le fait que le texte soit long peut vous faire fuir ; mais soit ne partez pas et prenez tout votre temps ; soit lisez en diagonale, soit ne lisez pas ;-)


PANSER.


3 juillet 2013. 17è jour d'hospitalisation. Chambre 26.


Chambre 26. Ses murs, verts, couleur de l'espoir comme pour chasser tous nos déboires. Ses murs, qui, sans le savoir, renferment mon histoire et cette douleur qui s'apparente parfois à la terreur. Terreur de vivre, cette douleur. Je porte aujourd'hui cette lettre, d'une écriture tremblante, mais sans doute moins hésitante qu'une verbalisation orale qui laisse échapper trop de détails qui me tiraillent. Alarmante.


Chambre 26. Sept ans déjà. La lassitude, le découragement, le manque de force et de désir, l'appel du sommeil comme vecteur de temps puisque l'expression, je cite « il faut donner du temps au temps ». Autant de temps, déjà. Les rares et brèves symbioses avec la vie, le vent, les couleurs plus saillantes, l'enivrante euphorie, le partage, la liberté, la vie légère et  l'insouciance. Le reste, sans pas à pas le gouffre s'ouvre. Je suis déjà au fond. Je souffre. Ineffable d'expliquer cette douleur. Faire taire. Gorge nouée, spasmes et douleur à la poitrine. Pleurs, bien que l'oasis soit trop souvent asséché. Qu'importe, qu'y a-t-il à expliquer ? C'est là, propre à chacun, qui restera en moi laissant l'empreinte d'un : je ne veux plus vivre.


Chambre 26. Plus vivre cette vie là. La mort ne me fait pas peur, son véhicule si. La mort m'est interdite. La mort est punir ceux qui vous aiment. Ceux qui vous ont conçu car tellement voulu, le frère, l'homme qui vous aime. La culpabilité de gâcher la vie d'autrui. Je ne veux plus vivre, non pas mourir.


Chambre 26. Alcoolisation. Excès, abstinence, excès, abstinence. De quel côté penche la balance ? Cette détresse n'est ni rationnelle, ni raisonnable. Sevrage, tremblements, vertiges, troubles de la vision (mais voyais-je avant ?), migraine. Ou tout simplement manifestation d'un trop plein. D'émotions, de thérapies médicamenteuses.

Chambre 26. 60 cigarettes par jour. Fumer tue.

Chambre 26. Tuer la douleur à sa source ?
Comment ne plus s'écrouler dans une tête qui dit : je ne dois pas mourir mais ne désire plus vivre. « Le besoin de l'excès, ce n'est pas le goût de l'égarement mais celui de la vie » (Baudelaire). Un excès de souffrance, alors. L'excès de vie ?

Chambre 26. Sauve d'autres gens.
Moi je suis encore là, à attendre le miracle.
Je n'ai pas refermé mon histoire

  • Troisième extrait que je lis ce soir. J'ai commencé dans le désordre, puis suis revenue au début. C'est un monument que tu nous offre là Alice.

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Ce serait une excellente idée Alice. Je prendrai le temps de poursuivre ma lecture après un we en famille chargé ^^

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Ananas

      carouille

  • C'est d'une puissance terrifiante... Je suis profondément désolée de cette souffrance extrême que tu as connue, de cette traversée inhumaine d'une partie de ta vie. Je repense aux mots de Guillaumet, après son accident dans les Andes, du temps de l'Aéropostale : "Ce que j'ai fait, aucune bête ne l'aurait fait."
    Tu n'as pas refermé ton histoire, conclus-tu, mais tu l'as refermeras jamais, car elle fait partie de ta vie. Ce n'est pas pour te démoraliser que je te dis cela, mais parce que cette douleur ultime que tu as connue, te donnera contre toute attente, les outils pour continuer à vivre. Tu oscilles entre envie de vivre et désir de ne plus vivre, mais pas de mourir pour autant. Il y aurait tant à dire là-dessus ! Je connais ces moments-là pour les avoir traversés. Le courage n'est pas de continuer à vivre ou de se donner la mort, le courage est d'attendre que "ça" passe. Ce que visiblement tu as fait. Cela dit, ton texte est magnifique. Il faut avoir connu de tels moments pour comprendre non pas ce que tu dis, mais la portée et l'ampleur de ton récit. Je t'apporte tout mon soutien...

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Je te trouve vraiment courageuse, Alice. Ta réponse apparaît presque comme un défi à la vie, un défi que tu te lances. Ne lâche rien, crois en toi, pense que tu dois être la personne la plus importante à tes yeux, et à ce titre, fais en sorte de te respecter toujours et encore. Il y aurait tant à dire, tant à dire !!! Je suis complètement bouleversée...

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

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