Farewell Letter

Juliet

Le temps s'est enfui derrière moi,
marche sur les empreintes abandonnées derrière,
effaçant sur le sol du passé
les traces que mon ombre a laissées.
Les lendemains se présentent et s'en vont,
laissant tour à tour la place à leurs reflets miroirs.

Je me reflète en eux comme le vide se reflète dans mes yeux.
Je veux parler de toi et du monde,
mais ce n'est pas la même longueur d'onde.
Je veux écrire mes rêves et pleurer mes enfers,
j'ai voulu nourrir ma sève pour ne pas me défaire.
Mais la famine a pris mon âme pour victime,
me récrimine que je suis l'arme de mon crime.
J'ai voulu faire s'envoler mes désirs,
mais ils tentaient pourtant de me faire rire.
J'ai tenté de faire tomber le rideau sur mes souhaits,
mais les liens qui m'attachent à eux leur ont servi de fouets.
Et me voilà prisonnier de mes anges aux ailes de démons,
moi qui voudrais m'endormir dans les langes d'un ciel de déraison.
Je voudrais devenir fou et tuer le sens,
mais fou je suis déjà et rien ne m'encense.
Je voulais prendre de l'âge mais c'est cet âge qui m'apprit
qu'il ne suffit d'une image à l'homme pour avoir un prix.
Je voulais fermer mon cœur mais je me suis enfermé à l'intérieur.
Je voulais chasser mes peurs mais elles se sont renfermées au bonheur.

J'ai rêvé devenir quelqu'un d'autre,
ressembler c'est vrai à mes apôtres.
Mais ils ont toujours eu les ailes blanches,
les miennes sont cendrées et elles flanchent
sous le poids des merveilles qui s'exposent à ma convoitise,
ces Œuvres d'art sur lesquelles je ne peux avoir la mainmise.
J'ai voulu devenir le maître de mes émotions.
La pluie froide sur mon cœur de pierre a fait érosion.
J'ai voulu faire un voyage sans retour
au détour duquel j'ai rencontré l'Amour…
Je voulais rattraper le temps perdu,
j'aimais les jours de manière éperdue.
Et ils me quittaient pour ne jamais revenir,
et je voyais en eux l'espoir de l'avenir.
Je voulais peut-être devenir immortel,
quand l'éphémère était l'ennemi du réel.
Je désirais simplement avoir une existence,
mais mes yeux brouillés de larmes ne voyaient pas ma chance
que j'avais simplement d'être vivant,
comme je craignais d'être le suivant


sur la liste des morts à oublier.
Et ces couples de corps à délier…

Je voudrais dire adieu à Dieu,
et dire bonjour à tes contours
qui se dessinent dans mes yeux
qui se sont perdus dans mon parcours…
Et je t'entends qui appelles mon nom
de ta voix douce poudre de canon
qui explose en moi la lumière lucide
de celui qui sait alors qu'il se suicide…

Ma voix ne peut t'atteindre.
Ma foi s'est vue éteindre.
Mais toi je veux t'étreindre.
Ne viens pas me rejoindre…
Les lendemains se présentent et s'en vont,
invitant chaque jour mes nouveaux déboires,
mais tes deux mains qui m'enchantent et au fond,
dans mon cœur voit le jour un nouvel espoir.

(écrit le 08 juin 2011)

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