Faut-il être une Cochonne pour dégoter le Prince Charmant?

janelle-adam

SYNOPSIS

Keisha est une femme célibataire de trente-cinq ans, désabusée et abusée par l'amour, qui a décidé de virer sa cuti au lieu de continuer à croire au prince charmant. Mais tel Icare, à force de s’envoyer en l’air, elle va se brûler les ailes.

Alors qu’elle avait pensé assurer ses arrières, les soucis s’accumulent : jalousies, trahisons, tragédies, Keisha a du mal à s’accrocher à son nouveau mode vie. Et surtout, le désir des hommes de passage ne comble pas sa passion pour Adam, qui rentre dans sa vie sans qu’elle ne parvienne à rentrer dans son lit.

 Parviendra-t-elle à assumer ses idéaux dans la controverse? Saura-t-elle reconnaître l'amour dans son univers de chair et de désir? Fera-t-elle enfin la paix avec elle-même?

CHAPITRE 1 : Faisons Connaissance…

 Si j’avais eu un centime à chaque fois que l’on me disait que j’étais grande et qu’avec quelques kilos de moins, je serais mannequin, j’aurais eu à présent de quoi m’offrir une île déserte dans les Caraïbes avec le jet privé en option. C’est ce que m’affirmait mon interlocuteur face à moi dans une brasserie minable du 13éme arrondissement. Le dénommé Eric ressemblait au néant : chemise à carreaux pantalon de velours, blouson marron aux coudes élimés. Alors que moi, pour l’occasion, j’avais mis ma jolie robe en laine crème avec mon trench rose et des chaussures assorties. Franchement…

Salut, je m’appelle Miss K, j’ai 29 ans. Styliste de profession, je suis métisse, j’ai des yeux verts ensorceleurs, des formes ravageuses et un décolleté renversant. Et toi qu’est ce que t’as ?

Tel était le message d’accueil de ma page personnelle sur Love Affinités, sauf qu’en réalité, le K était pour Keisha, j’avais trente-cinq ans, mes formes étaient plus voluptueuses que ravageuses et j'étais comptable dans une grande banque parisienne. L’homme avec qui je dînais était mon blind date de la semaine. Grâce à nos profils, nous avions été mis en contact par le site internet Love Affinités. Nous aimions tous les deux la musique et le cinéma. En fait, il aimait l'Opéra, et moi je ne me remettais pas de la mort de Michael Jackson. Inutile de visualiser  le fossé artistique qui nous séparait, il s'imposait de lui même. Vous me direz, ce sont des critères superficiels, mais même en profondeur une vraie caisse de résonance, le vide complet, aucune stimulation intellectuelle, quant au physique n'en parlons plus. Et au lit, pas stimulant non plus, le minimum vital.

Je suppose que vous vous demandez pourquoi j’avais couché avec lui si je n’en avais pas envie au départ. Et bien pour la simple raison que depuis un an, j’avais décidé de me comporter comme une vraie cochonne et de me laisser porter par la vie. J’en avais marre croire aux contes de fées, et décidé que le prince charmant ne passerait pas par moi. Mais pour un coup d’un soir, pourquoi pas?

Pourquoi en étais-je arrivée là? La réponse est la suivante : mon cœur en avait tellement bavé que des fois je me réveillais en sursaut pour savoir s’il battait encore. J’avais tout essayé pour garder un homme, quand je dis tout, c’est tout. Femme naïve, femme-enfant, vamp, je m’adaptais en fonction de chacun de mes partenaires. Mais j’étais surtout conne. Par exemple, Fred, un de mes ex, me demandait de lui cuisiner des bons petits plats en nuisette et qui invitait ses potes à me reluquer de sa fenêtre. Je m’en suis aperçue et quand je lui ai demandé des comptes, il m’a traité de salope exhibitionniste. Il me fallut un Paul pour m’en remettre, pas parce qu’il était génial, au contraire, il était d’une jalousie si maladive que j’en étais arrivée à ne porter que des jupes longues et à ne plus faire la bise à mes collègues masculins. Ensuite, il y a eu, Gérard, trop égocentrique, Kevin 1 trop snob, Kevin 2 trop radin, Greg, il m’a refilé les chlamydias trois fois de suite et Antoine, oh Antoine…

En me rendant au travail le lundi suivant, j’avais déjà oublié Eric et avait chatté avec un dénommé Enzo qui me paraissait très prometteur, mon samedi suivant lui sera consacré. En attendant, il fallait bien vivre. Je détestais mon boulot comme la plupart des gens mais je m’appliquais à ne pas trop le montrer. J’arrivais tous les matins à huit heures quarante cinq, cela me laissait quinze minutes pour vérifier mes mails et boire mon premier café, et je repartais tous les soirs après dix-huit heures après avoir saisi toutes mes pièces comptables de la journée et géré toutes mes anomalies. Rien de très glamour, n’est-ce-pas ? Heureusement, je m’étais faite des véritables amis au boulot. Surtout mon cher Hugo, il était en fait mon supérieur hiérarchique mais nous nous entendions à merveille. Tous les matins, il m’attendait à la salle de détente pour que l’on prenne le café ensemble. Justement ce matin, il était là :

-          Alors, ce week-end ? je t’en prie, épargne-moi les détails graveleux…

-          Dans ce cas, un seul mot : nul

-          Décidément c’est récurrent, quand comprendras-tu que tous tes rendez-vous ne sont qu’une perte de temps, que tu ne rencontreras pas ton futur mari en collectionnant les hommes ?

-          Mais je te répète que je ne veux pas me marier, et il faut bien entretenir la tuyauterie…

-          Ton sens de la métaphore m’étonnera toujours…

-          Et toi ? Ta jolie Ambre a eu ses règles ce week-end, donc je suppose qu’elle t’a fait la misère comme d’habitude…

-          Quoi ? comment le sais-tu ?

-          Je sais compter, tous les mois à la même période, tu te plains de ta belle et tendre ! C’est un marronnier !

Hugo soupira et sirota son café. Pour ceux qui auraient des doutes, même s’il était mignon tout plein avec ses cheveux frisés et son doux regard caramel, il n’y avait jamais rien entre nous. Nous étions la preuve qu’une franche et belle amitié entre une fille et un garçon du même âge puisse exister. Même si parfois, je regrettais de ne pas pouvoir couper les ponts avec lui comme je le faisais avec mes amants de passage car il était comme tous les hommes maqués : frustré…

-          Comme toujours, tu as raison, elle a été insupportable !

-          Qu’as-tu fait alors ?

-          J’ai passé le week-end chez Adam, tu sais mon pote architecte qui voyage tout le temps, on a joué au poker avec d’autres amis le samedi soir et le dimanche, elle est venue nous rejoindre pour me ramener à la maison…

Je me retenais de bailler aux corneilles. Hugo était adorable mais terriblement ennuyeux, il sortait depuis cinq ans avec Ambre, une blonde maigrelette que je détestais cordialement, et l’avait demandé en mariage il y deux ans. Et cela faisait deux ans qu’il se posait des questions sur leur relation. Et c’est moi qui en faisais les frais. Là, nous n’en étions qu’à la litanie du lundi. La semaine allait être longue.

Le midi, à la cantine après avoir englouti mon plateau-repas en un quart d'heure chrono, j’ai prétexté un coup de téléphone auprès de Farida et Sandrine, les filles avec qui je partageais mon bureau, pour ne pas avoir à entendre parler du nouveau chéri de Britney Spears. Je décidais de prendre une pause clope même si je n’étais pas fumeuse. J’étais là, dehors, en train d'emplir mes poumons de fumée passivement avalée, quand je vis le plus bel homme qu'il m'ait été donné de voir : un grand brun bien bâti, au sourire charmeur et dans un costume qui le seyait si bien que Brad Pitt en ferait des insomnies. Il était là à quelques mètres de moi en train de discuter avec quelqu’un de dos qui faisait de grands gestes. Je n’eus pas le temps de cligner des yeux qu’ils prenaient déjà congé l’un de l’autre. Je regardais mon idéal masculin me tourner le dos le cœur en flammes. En plus, il avait une démarche à couper le souffle. L’homme avec qui il parlait fit demi-tour et vint à ma rencontre. C’était Hugo. Je lui sautais dessus :

-          Hugo, tu connais un canon comme ça et tu ne me l’as jamais présenté ?

-          De quoi tu parles ?

-          Le gars avec qui tu parlais, il est à tomber !

J’avais oublié de baisser le volume de mon excitation et une fumeuse à côté de nous se permit de rentrer dans la conversation :

-          Ça, c’est vrai, il est beau comme un dieu !

Je la toisais sans ménagement et entraînais Hugo vers l’ascenseur :

-          Alors, qui est-ce ?

-          Mais c’est Adam, mon pote architecte, je t’ai parlé de lui un million de fois !

-          Tu as omis de me dire qu’il était aussi…

-          Oui, c’était intentionnel, pour ne pas avoir cette conversation…

-          Parle-moi de lui…

-          Il s’appelle Adam et il est maqué avec une magnifique fille…

-          Ah !

Ô malheur ! Ô déception !

-          Mais il n’est pas marié ?

-          Non mais il est très maqué !

Ô espoir ! Ô renaissance !

-          Et c’est qui la salope ?

-          Voyons Kesh, un peu de tenue, c’est une Brésilienne magnifique !

Une Brésilienne ? La jalousie m’envahit peu à peu :

-          Si ce n’est pas Gisèle Bündchen, je fonce ! m'exclamai-je peu rassurée

-          Justement…

-          Justement quoi ? Cela ne peut pas être elle, elle vient de se marier et d’avoir un bébé !

-          Ce n’est pas ta Gisèle Brocoli, mais c’est tout comme, elle est mannequin

-          Moi aussi, j’ai eu des propositions pour être mannequin grandes tailles!

-          Ben elle, elle n’a pas de taille du tout si tu vois ce que je veux dire…

-          Je la hais !

-          Surveille ton langage, on croirait entendre Ambre, elle aussi la déteste alors qu’elle est adorable…

Les mots d’Hugo m’avaient suivi tout l’après-midi. Pour la première fois de ma vie, je me trouvais un point commun avec sa stupide Ambre et c’était loin de me plaire. Hugo avait été catégorique, il ne ferait rien pour détruire le couple de son ami. Je devais me faire une raison et retourner sur Love Affinités pour me tenir en forme. Mais la pilule était dure à avaler. Adam ne m’avait même pas regardé, pourtant avec ma taille, j’étais assez remarquable.  Enzo avait intérêt à assurer samedi pour que j’oublie Adam...

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