Feintises

mandarin

Et l'homme inventa l'or comme monnaie d'échange

Et sa vie s'embruma d'étranges convoitises

Et les torrents d'eau fraîche et la beauté des anges :

Piètre peccadille sous le joug des devises.


Dès lors, le bleu des mers prend un ton de piscine

Chlorée pour empêcher que la vie ne l'encombre,

Les arbres supprimés à cause des résines

Et des feuilles tombées. Ils ne feront plus d'ombre.


Mais des beaux parasols, mais des dalles béton,

Etouffant une terre où germa le chiendent.

Le monde aseptisé sans pollens ni chatons,

Il fait trop chaud, rentrons ! Abritons-nous du vent.


Et l'on se sent poussé vers une étrange pente,

Irrésistible attrait d'une lueur diaphane,

Où le monde est filtré de pâleurs décevantes,

Subterfuge addictif de l'écran cellophane.


Les rêves superflus prennent alors les rênes,

Induits par des envies absurdes, versatiles,

D'images fabriquées injectées dans nos veines,

Appâts subliminaux d'un éden hydrophile.


Ainsi hameçonnés, à l'abri de la houle

Des généreux printemps plein de fleurs oniriques,

Nous jouons du clavier, affranchis de la foule,

Goinfrés de placebo, d'artéfacts numériques.


Armons-nous de vaillance et combattons ce leurre !

Le vrai sens de la vie est porté par la brise,

Par la pluie qui tombe sur les arbres en fleurs,

Par le ciel infini, que des couleurs irisent.


Rejetons l'argutie et les mauvais conseils

Qui poussent l'indigent à une vie recluse.

Dérangeons les oiseaux, profitons du soleil,

Touchons les mains des gens, évitons les excuses.


Qu'importe le confort de ce luxe factice

Lorsqu'on peut s'émouvoir de l'ampleur d'un paysage.

Le temps de palpiter parmi les fleurs de lys

Des amours des pinsons et des émois sauvages.


Les ors ont le pouvoir de façonner le cuistre

Dans la molle torpeur d'illusions infligées.

Printemps, hiver, été, automne aux couleurs bistre,

Saisons enchevêtrées, je suis votre obligé...

  • Ce poème est d'une beauté sans pareille ! Le rythme, le sujet dragué par les rimes. Je suis séduit, je peux le dire aussi : J'ai croisé un poète.

    · Il y a presque 9 ans ·
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    Benjamin Katagena

    • Merci à toi Benjamin. C’était juste un petit coup de gueule sur les paradis numériques ou induits par la pub mercantiliste. Amitiés.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Sonnets en cire perdue

      mandarin

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