Il a l'œil de ses 15 ans, Papily, quand il me demande si j'ai bien mis de côté tous les papiers cadeaux du réveillon.
- « Bien sûr, ils sont là », je désigne des yeux un grand carton posé au sol. « Papa les réutilise, souvent. »
- « Ha, je crois bien que cette année, il devra s'en passer. »
Hmm, le sourire est espiègle, je me demande bien ce qu'il..
« Allez, viens Bonhomme, ce soir, c'est moi qui offre. C'est ma flambée. »
Je ne sais pas trop ce qu'il mijote, mais j'ai hâte de savoir. Et puis, je suis trop content d'avoir une excuse pour échapper à mes verbes irréguliers ! Je laisse tout en plan, sur mon bureau.
Direction la cheminée, visiblement.
Dans un grand panier, sur le côté, Papily a préparé des bûches et du petit bois.
- « Mais, qu'est-ce que tu comptes faire ? Les brûler ? »
- « Bien sûr, Gamin ! Quoi d'autre ? »
- « Papa va être furax. »
- « T'inquiète pas, va, il lui en restera. Et puis, s'il joue les rabats-joie, je prendrai ça sur moi. Allez, maintenant, à toi de jouer, Bonhomme. Tu vas devoir travailler. Je veux des petits bouts chiffonnés, pas plus grands que ça.»
Il me montre une petite boule de papier cadeau, de la taille du poing de Mael, en gros.
Ok, c'est parti.
Je déchire, il place. Pendant quelques minutes, on n'entend plus que le bruit du papier froissé et des brindilles écrasées. Bien intercalées dans le petit bois, les boulettes sont maintenant uniformément réparties dans la cheminée.
« Bon, je pense que ça suffira. »
Cool, je suis rassuré.
Il avait raison, Papily, on n'a du utiliser que quelques emballages à peine. Il en reste encore plein dans le carton.
« Allez, tu es prêt ? Bonne année, Bonhomme ! Celle-là, elle est pour toi. »
Papily craque une allumette et brûle le papier à plusieurs endroits.
Il a fait ça comme un chef, ça prend immédiatement. Une magnifique flamme se forme.
Mais elle n'a pas la couleur que je lui connais d'habitude.
Elle est verte. Turquoise, parfois émeraude.
C'est incroyablement beau.
Je bafouille.
- « Mais... Qu'est-ce que ?... Comment ?... Comment ça se fait ? »
- « C'est le glaçage des papiers cadeaux qui fait ça », me répond Papily, tout malicieux (il est visiblement très fier de son coup). « Ce qu'ils utilisent pour le rendre brillant. Il doit y avoir du plastique, là-dedans. Pas très écolo, j'imagine, de brûler le tout, mais une fois l'an, franchement... Et puis, pour toi, Gamin, ça le vaut bien. »
Il me secoue tendrement par les épaules.
Je ne sais pas ce qui me réchauffe le plus. Le feu de joie devant moi, ou l'amour de mon grand-père que je sens tout autour de moi.
Je voudrais que cet instant dure toujours.
Je n'aurais jamais cru qu'un emballage vide puisse, un jour, me faire un si beau cadeau.
Superbe
· Il y a presque 10 ans ·dreamcatcher
Merci, je suis heureuse que ça t'ait plu.
· Il y a presque 10 ans ·Nicole Bastin