Fin d'année

Pour le 31 mettre mon pull qui s'effiloche et dans lequel je me sens le mieux. Me faire renvoyer l'ascenseur, au propre comme au figuré, cesser de bégayer devant les voisins, donner une pièce dorée à la fille au coin de la rue. Pour la fin de l'année me faire une beauté, planter trois arbres et dans un sourire du temps les voir grandir à l'abri des soucis et des tourments. Chanter encore ambalaba, alabama, Dieu que les filles sont jolies. Sortir mes couleurs ou mon maquillage, c'est du pareil au même, comprendre toutes les paroles déchaînées de Johnny be good, jouer de bon coeur au Mistigri, recevoir enfin le courrier que j'attendais. Passer un coup de fil pour les voeux traditionnels, jouer le jeu de l'optimiste, de l'enfant émerveillé, je veux bien y  croire encore. Garder la crèche encore quelques jours jusqu'à l'Epiphanie, regarder l'enfant Jésus comme un vrai bébé. Je sais bien que mes phrases sont juxtaposées une à une mais elles me viennent comme ça, liées  comme un lien invisible, inconscient qui appartient à un autre monde que j'essaie d'entrouvrir à une réalité parée de lumières en cette fin d'année.