Fous ton prochain

ghild

Je vis très bien les ruptures. Les ruptures ça croustille les ruptures créent des ouvertures, elles me plaisent. En réalité, je suis une excitée de la rupture. La première m’a conquise, je me rappelle, j’ai tout de suite été séduite, fille facile sexe demandeur. Elle était douce, je me détachais d’un poids, la chose a glissé et s’est mise à émettre d’étranges borborygmes puis le silence s’est fait, la chose avait disparu. J’étais gaie et trouvais cette aventure très réussie.  Ça s’est imposé comme une évidence, il fallait que ça recommence, j’en redemandais, insatiable, j’en voulais encore, des ruptures, des plus fortes, des plus intenses ; violentes et interminables, voilà comment je les imaginais.

A quand la prochaine ?  Je salive déjà à l’idée de connaitre à nouveau ce sentiment extrême. Et la rupture est drôle, elle est ludique, elle chatouille, elle a un parfum exotique.Elle est compliquée, elle n’est pas lisse, elle a quelque chose de profond. Et j’ai grandi, elle est devenue sadique, désormais je les moleste, je rudoie ces porcs . Oh, je jubile. C’est moi qui tire, qui porte le coup fatal, c’est moi le pirate. Ruptures, séparation, larmes, coup de poignard, câlinez moi, je vous adore. Rupture je t’aime, je te dois tout ; forever dans mon cœur. Et puis je les rends malades, ils crachent, satanés cloportes …  Je les fais tous Mourir D’une Rubéole.

Et puis un matin j’ai chuté, la balle a rebondi et m’a explosé le cervelet. Non je ne ressens aucune amertume, aucune colère, je me meurs simplement, doucement.Aujourd’hui, je hurle, mon corps brule, les voisins devraient s’alarmer. Les ruptures ont disparu de ma vie, elles se sont envolées. J’étais quelqu’un d’équilibré avant ça, et là j’ai basculé, le chaos est maître, la guerre est déclarée, je suis la pauvre victime, l’innocente à qui tous les plombs sont destinés. La Tropa  m'assaille. Maculée de sang, je mousse, je voudrais fuir, m'éclipser, ensevelir cette grande carcasse. Je suis laide et méprisable, une vraie harpie, mes persécuteurs n'ont de cesse de le clamer. Ils avancent les fourches en ma direction, bientôt je ne serai plus. Si seulement Godzilla pouvait m’embrasser et me gober, avant eux.

Contorsions.  Mon cauchemar prend fin. La trentaine de pilules absorbée à dix-huit heures fait son effet. J'arrive à terme. On dit que la mort est écologique, je veux bien etre recyclée. Pour le bien de tous il est préférable que mon existence cesse.

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