Fracture

tegan

S'enfuir...tout plaquer et courir sans s'arreter, le coeur battant à tout rompre, talonnée par la peur, la douleur...

Un couloir noir, le haletement d'un souffle palpitant, le bruit de pas foulant le sol à toute vitesse et ce long couloir opaque, poisseux.. Je cours, je fuis et le bruit de ma course envahit le moindre recoins de ce couloir sans fin.

Les souvenirs affluent, j'essayes de les repousser, de ne pas penser, je sombre dans ma memoire et m'englue, mes pieds se decollent difficilement du sol, je n'y vois plus rien et tombe violemment à genoux, à bout de souffle, emprisonnée par ce couloir noir.

Je me souviens...

Un flash incandescent qui s'accroche à ma retine et ne me lache plus, larmes, douleur, un gouffre profond qui s'ouvre dans mon esprit puis soudain de nouveau le noir, gluant, étouffant et les emotions qui s'effacent.

Je reprends ma course et les murs rétrécissent, je les sens frotter contre mes épaules à vif mais je cours je fuis encore et toujours.. enfin.

Une porte, je ralentis en distinguant ses contours rougeatres et m'arrete devant, pantelante. Pas de poignée, ni de serrure je l'observe perplexe et troublée, ses contours luisent de plus belle alors que je pose ma main sur le bois éclatée, pousse doucement le battant et me retrouve dans cette pièce qui fait brutalement ressurgir tout ce que je fuis.

Les souvenirs affluent en masse et tout s'anime autour de moi, les gens reprennent leur place leur couleur la fete qui bat son plein, musique, alcool je suis jeune, si jeune et mon sourire me fait mal.. Si je savais seulement ce qui m'attends, je veux me hurler de ne pas parler avec ce garçon, de ne pas rire avec lui mais je ne peux que revivre cette scene et en mourir encore en silence.

Je me suis hors de cette salle vers cette voiture et je pleure deja avant même de me voir y monter. Je m'écroule sur le sol et m'enroule autour de moi secouée de lourds sanglots, je cherche la porte pour m'enfuir mais ne vois que la portiére se rouvrir, ne vois que ma jambe de gamine se poser sur le sol, une main sur le ventre une autre sur les yeux.

Je me releve et suis mon double vers sla salle de bain, je me vois, tremblante enlever mon jean maculé de sang, je sens la nausée qui monte en moi avant même que cette gosse ne vomisse sa douleur, sa honte en un long jet de bile acide. Je me vois entrer dans la douche et me bruler sous le jet trop chaud en essayant de m'arracher la peau avec les ongle et l'eau qui se teinte de rouge. Je m'éffondre soudain dans mon propres souvenirs, l'intensité des emotions me fait ployer.

J'ouvre mes yeux et me revois, je suis enfermée dans cette pièce avec moi même et ne peux m'échapper, je n'ai pas le choix je dois tout revoir. Et j'observe cette jeune fille qui pleure sur son lit sachant qu'elle va bientot arreter, bientot se relever. Je ne veux pas la voir, pas encore non..

Et pourtant elle s'arrete de pleurer, elle se regarde dans le miroir et son visage n'a plus l'air si jeune et son regard s'est éteint, à présent plein de haine d'une rage sourde et violente qui suinte le long de ses veines. Elle ne trouvera plus le sommeil elle le sait, elle n'aimera plus la vie elle le sait et dans ce regard elle voit le fin mot de l'histoire, elle sait que dans ces yeux le chemin vient de prendre fin par sa propre faute, elle sait qu'elle est morte ce soir, que c'est sa Fracture.

Je suis à nouveau dans le couloir plus étroit encore, plus étouffant, mais je cours à nouveau oubliant la douleur des murs rapeux contre ma chaire. je cours je cours plus vite car je ne peux pas m'enfuir de cet endroit et je connais deja la suite, mais je cours pour la semer pour l'oublier, encore un pas , un autre et j'ai presque réussi à m'enfuire, j'y crois enfin un peu d'espoir quand une autre porte surgit à ma droite et me coupe le souffle..

Je sais que je n'ai pas le choix, mais ma main tremble de plus belle en poussant cette porte dont les contours sont d'un rouge presque noir comme sale. Les images sont floues comme autant de morceaux de ma vie qui défilent en à peine une seule seconde, juste le temps d'entrapercevoir une cuillere chauffée, un garrot en caoutchouc, une aiguille et puis ça ralentis, mon corps est la au sol, tremblant, je me vois enfoncer l'aigulle dans ma veine lentement savourant déja la sensation qui va s'abattre sur moi, j'inspire un bon coup et m'injecte la dose, la bouche ouverte, l'extase au bord du coeur et m'éffondre en plein orgasme chimique, et le défilement repart de plus belle, fixe et fixe et refixe, je me suicide sauvagement à coup de came, de baise rageuse, et de violence, encore encore et ça tourbillone autour de moi, ouragan du chaos qui m'habite, je tombe encore et me vois soudain sanglée à ce lit, hurlant de douleur, la mort au bord des veines, le feu qui me cours dans le corps, la haine, la violence encore encore qui m'étouffe me ronge de plus belle, et cette crise de manque qui me laisse épuisée vidée plus morte encore qu'avant.

Je suis nouveau dans le couloir et la course n'est plus possible, les deux murs entre lesquels je passe à peine mais j'avance encore, un bruit étrange dans les oreilles, un.. bourdonnement qui augmente, le sang à mes temps que palpite, et le mur qui se referme encore accentuant sa pression sur mon torse sur mon crane. Je suis bloquée, dans le noir, bloquée dans mes souvenirs et mes larmes et les murs se raprochent encore et encore. Je ferme les yeux...

Un sursaut, une violente secousse et je me redresse pantelante dans mon lit. Plongeant mon visage dans mes mains je respire un bon coup attrape mes vetements qui traine au pied du lit. Un soupir et une petite voix qui me demande ou je vais. Je me retourne en souriant et murmure que je vais partir. Elle baille et se rendort, je suis soulagée. Ma veste mes clés de voiture, la porte qui se referme, le moteur,la fuite la route..

Un regard dans le retroviseur, des yeux bleus, une larme fugitive..et un sourire.

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    Tegan

    · Il y a environ 12 ans ·
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    tegan

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