Franchir la limite

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Franchir la limite. L’éloignement est à double tranchant. J’ai besoin de partir, de quitter tout ça. Il n’y a rien pour moi ici, je ne fais que tourner en rond. Et pourtant, je reste là, dépourvue de courage.

J’ai peur, la trouille de ma vie, c’est aujourd’hui qu’elle se situe. Prendre un nouveau départ et abandonner l’équilibre déjà fragile de la famille, ou rester murée dans le silence en regardant le temps passer attendant que la résignation s’empare de moi ? A qui en parler ?

Je veux partir loin, oublier et vivre. Oui vivre, c’est pas ça qu’on est censé faire ? Mais où est passé l’envie ? Y en a-t-il jamais eut ? Je veux de l’exaltation, je veux que le monde s’émerveille devant un coucher de soleil. Je veux que vous ayez, que tu aies le cœur soulevé par la caresse du vent. Moi j’ai le souffle coupé ne serait-ce qu’à l’idée de m’allonger sur l’herbe avec la pluie battant mon corps. Pourquoi ne nous laisse-t-on pas vivre avec envie et volonté ?

Et si la vie était comme dans ces films ? Ceux où tout commence mal mais où le pire est déjà passé, où le meilleur reste à venir. Ces films qui nous galvanisent parce qu’ils nous laissent espérer qu’un jour ce sera notre tour. On nous promet le bonheur mais on ne se contente de rien, je crois qu’il est là le fléau de l’humanité. C’est le mien en tout cas. Je me revois, du haut de mes 15 ans prêcher le célibat, proclamant tout haut que l’amour n’existait pas, que tout n’était qu’illusion. Une fluctuation de taux hormonale. Aujourd’hui, à la veille de mes 21 ans, tout ce que je me dis c’est que toutes les hormones ne sont pas faites pour fluctuer ensemble et comme un krach boursier brise des empires, cela ne laisse que des cœurs brisés. L’heure est au questionnement, parce que soyons réaliste, la vérité c’est que comme toutes je rêve d’une belle histoire romantique, avec ses haut et ses bas certes, mais qui soit vraie. Je crois aux sentiments, je crois que même s’ils ne sont que dans ma tête ou s’ils ne sont qu’une substance sécrétée par une hormone, ils ont un impact fort dans nos vies. Ils en sont les maîtres. Me voilà donc esclave de ce je ressens pour toi,  et oh mon dieu, j’en suis tellement désolée. L’ironie dans l’histoire c’est que le caractère incontrôlable des sentiments n’affecte en rien la réaction de celui à qui ils s’adressent. La pitié, le dégout, la peur. De simples mots et tout est détruit. C’est un tel poids ; j’aimerais te le dire juste pour être libérée. En réalité ce serait égoïste et inutile puisque ce poids du secret sera remplacé par celui de la honte et de la peur du jugement, peut-être même de la perte. Un mal pour un autre, la règle se vérifie. Les bonnes surprises sont rares et n’existent que dans les fictions. Mais putain, qu’est-ce qu’il faut faire pour avoir une fiction « vraie » ?! Oui, les deux termes s’excluent. Pas besoin de creuser plus profond, la solution est là.

Prends ce qu’on te donne et chéries le ! Tu n’as que ça à faire.

On s’est rencontré à un moment à la fois propice à tout, et en même temps où il ne pouvait rien y avoir. Alors je me demande si ça n’est là qu’il faut voir l’origine de l’impossibilité d’écrire un « nous » quelque part. J’ai partagé ton lit durant quelques nuits et même si elles n’ont pas été ce dont je rêvais, elles ont été les meilleures. Les meilleures de ma vie je n’en suis pas sûre mais depuis bien longtemps. Je sais qu’on se parle toujours et j’imagine, ou plutôt j’espère, que ça veut dire que tu m’apprécies au moins un peu. Cependant je ne parviens pas à entrevoir ce qui se passerait si on se revoyait. Est-ce que tu m’embrasserais sur la joue en me souriant et en me saluant, me forçant à jouer, acter ? Est-ce que ça te ferait quelque chose de me revoir ?

Si ce n’est pas un « je t’aime » que j’ai de ta part, dis-moi que ça passera, que je rencontrerais quelqu’un d’autre qui ne fera pas de mal comme tu le fais. J’ai besoin de ça pour avancer.

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