Funambules

Isabelle Gabriel

Elle pleurait 
L'orage de la nuit, 
Sans un souffle, 
Aux éclairs assombris, 
Quand il apparut, 
Etrange songerie,
Sur les dentelles 
Soupirantes de son nid. 
Rencontre désordonnée
De deux êtres malades d'aimer, 
De deux sommeils égarés,
Somnambules, funambules, 
Aux paupières refermées.
Hurlant dans leur cœur 
Leurs cicatrices nacrées,
La transparence innocente
Des douleurs du passé, 
Discrète ostentation 
D' amours esseulés.
Qui était-il ? 
Rêve ou réalité ? 
Une apparition?
Une hallucination?
Ou un ange…
A la tristesse argentée …
Devait- elle finalement
Tout savoir, tout comprendre, 
Tout expliquer? 
Elle se fondit dans ses bras,
Ne souhaitant plus penser, 
Partages insolites Insolents
Sûrement condamnés. 
Et l'amour en confiance
S'installa, nourricier, 
Patiemment, 
Aux creux de leurs fissures.
Rêverie d'une nuit, bonheur délirant, 
Qu'importait… Dans son âme, 
Cet être aux silences incertains, 
Aux incertitudes silencieuses, 
Se mit à grandir, à croître 
Tel une rumeur enchantée, 
La parant jour après jour,
D'un sourire étourdi … 
Mais un jour, il partit,
Onctueux nuage
Qui s'était évanoui,
Laissant derrière lui
Un ciel bleu et limpide…

Un ciel bleu et limpide
Mais pourtant tellement vide.
©Isabelle Gabriel

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