GR37…Jusqu’au bout de la nuit,
Christian
Partis de Saint-Malo, Agathe, Théo et Julien son frère, décident de terminer leur périple sur le GR 37 par la mythique forêt de Brocéliande.
Un pied devant l'autre, Agathe n'a plus le cœur d'apprécier les chemins bretons.
Huit kilos sur les épaules et 30 kilomètres dans les jambes, tout ce qui importe à Agathe, et leur petit groupe de marcheurs, c'est de se reposer avant la tombée de la nuit, au village de Tréhorenteuc,
Agathe fourbue, s'affale sur le premier banc du village rencontré.
— Théo, j'espère que la dernière étape ne sera pas aussi longue qu'aujourd'hui car je crois que je n'arriverai pas au bout.
— On te fera la chaise à porteur ! Dit Julien moqueur"
— Ne stressez pas ! La dernière étape sera une vraie ballade du dimanche. La traversée de la forêt de Brocéliande jusqu'à Paimpont c'est au maximum 3h de marche !
— Super Théo, à nous la grâce matinée et on repartira en fin de matinée.
— C'est bien pour te faire plaisir, Agathe, car la Forêt est bien plus belle le matin, à l'aube.
— Je suis aussi bien partisan de la « grasse mat », renchérit Julien ! Depuis une semaine qu'on se lève à l'aube ! »
— Ok, Ok ! Je me rallie à la majorité, deux contre moi je ne fait pas le poids !
— Bon, Théo, arrête de faire ton martyr, raconte nous plutôt ce que tu as trouvé dans ton guide touristique "le Manuscrit de Merlin", enchaine Agathe, d'un ton assez taquin.
— Comme tu l'as dit, demain, nous prendrons le chemin des touristes !
Au départ, l'œuvre de l'artiste François Davin, l'Arbre d'Or,destinée à commémorer le grand incendie de la forêt des années 90. Il marque l'entrée du Val sans Retour qui nous conduira au cœur de la forêt. La suite est facile, tout droit jusqu'à Paimpont en suivant les grands chemins forestiers.
— C'est pas mal le Val sans Retour, au vu du chemin que l'on vient de faire je n'ai nulle envie de faire demi-tour, conclut Agathe dans un bâillement sonore.
Encore quelques pas et les voilà arrivés devant une belle bâtisse bretonne, toute en pierres moussues, le gite d'étape qu'ils ont réservé hier au soir.
Après avoir pris une bonne douche, ils continuent la conversation avec le propriétaire du gite. Celui-ci ne se fait pas prier pour leur conter les légendes celtiques attachées depuis des siècles à Brocéliande. De la Fée Morgane qui jeta des sorts maléfiques aux amants infidèles, au tombeau de Merlin enfoui au cœur de Brocéliande.
La fatigue de la journée les absorbe rapidement dans cette nuit de fin d'été. Agathe s'effondre dans les bras de Théo. A son réveil, elle lui raconte avoir croisé la Fée Morgane, mais le souvenir de leur conversation s'est évaporé !
Leur dernière journée s'annonce ensoleillée et chaude, exceptionnel pour la Bretagne.
— Théo Heureusement que nous serons à couvert en forêt, par cette chaleur on se croirait en Provence.
Le gérant du gîte d'étape leur a préparé des sandwichs pour leur déjeuner qu'ils comptent prendre au pied de l'Arbre d'Or.
Ils franchissent les dernières maisons de Tréhorenteuc. Le chemin progresse au travers de la lande de Gautro, pas un arbre en vue.
— Moi qui pensais que nous marcherions en sous bois ! Grommelle Agathe. On va rôtir au soleil.
— A l'aube, nous n'aurions pas souffert de la chaleur, repris Théo.
— Si vous parliez moins et marchiez plus ! Tenez, regardez l'Arbre en Or qui brille là-bas au pied de la colline. Julien joint le geste à la parole en désignant l'arbre qui luit au soleil de la mi-journée.
Rapidement les voilà arrivés au pied de l'Arbre d'Or.
— Vraiment ces bretons ont le chic pour perpétuer les mythes de la forêt, avec cet Arbre témoin du feu ravageur de Brocéliande,
— Oui, Théo ! Surtout pour attirer les touristes, si il n'était pas peint en Or nous ne serions jamais passé par ici, souligna Julien. Dites moi, les tourtereaux, nous pourrions peut-être prendre le temps de gouter les fameux sandwichs de notre aubergiste.
— Bonne idée Julien, marchons un peu au bord du ruisseau du Gué de Mony. Il s'enfonce dans la forêt, nous trouverons bien un joli coin ombragé.
— Oui Théo, regarde ce gros chêne devrait faire l'affaire, ces racines nous servirons de sièges.
Arrivés au pied du chêne centenaire, Julien sort de son sac le repas de midi et déploie les trois sandwichs sur un joli torchon à carrés rouge et blanc.
— Elle est magnifique ta nappe à carreaux, Julien ! Je vais faire une photo, vous êtes trop mignon tous les deux. Aussitôt dit, Agathe réalise un selfie avec les immenses branches du chêne au-dessus d'eux.
—Bon les amoureux, on l'attaque ce sandwich, enchaine Julien.
— Mmm, il est à l'omelette truffée, c'est délicieux, s'exclame Théo.
Sa phrase à peine terminée, les feuilles du vieux chêne se mirent à frémir bruyamment.
— Le vent se lève, j'espère que nous n'aurons pas l'orage, s'inquiète Agathe.
Le mot prononcé, soudain de gros nuages noirs viennent obscurcir le soleil. Le vent se renforce, la température fraichit d'un coup.
— J'ai consulté la météo hier soir, je n'ai pas vu d'orage au programme.
— Julien, nous sommes en Bretagne, ici, le temps n'est pas figé, ni réglé comme une horloge, précise Théo.
- Ahhhh, s'écrie Agathe ! Un éclair vient de déchirer le ciel et presque immédiatement le grondement d'un tonnerre assourdissant.
— Agathe, Julien ne restons pas sous cet arbre, enfilez vos K-ways, il faut marcher le long de la rivière et trouver un abri plus sûr.
— Théo, tu ne crois pas que nous devrions rebrousser chemin, le village est à 2 km, l'orage n'est pas encore arrivé là-bas, le ciel est encore bleu dans sa direction.
—Si nous trouvons un abri sous rocher, nous pourrons attendre la fin de l'orage et reprendre notre marche. Sur ces mots Théo remballe précipitamment le sandwich aux truffes au fond du sac, en éparpillant des miettes au sol.
—Théo, je n'ai pas trop envie, ni le courage de me prendre un orage sur la tête en pleine forêt, je rebrousse chemin vers Tréhorenteuc.
— Bon comme tu veux Julien ! On t'appelle à notre arrivée à Paimpont.
— Ok, mais soyez prudent, avec l'orage on ne sait jamais !
— Théo, tu es bien gentil mais je ne suis pas rassurée avec tout ça !
— Tu n'as rien à craindre, Agathe, regarde, là-bas sur la droite, un rocher en surplomb, on s'y glissera en attendant que l'orage passe.
— Allez, part vite Julien ! Sinon l'orage va te rattraper avant le village.
Un autre éclair vient de zébrer le ciel. Julien rebrousse chemin au pas de course. Après 500 mètres, essoufflé, il se retourne et aperçoit une masse énorme de nuages noirs qui s'amoncellent sur la Forêt.
Il reprend, de plus belle, sa course vers le village. Le soleil vient, à sa grande surprise, lui réchauffer le visage. Il s'arrête à nouveau, La forêt de Brocéliande est dévorée par une nuit noire, déchirée par les éclairs.
Théo aurait mieux fait de m'écouter se dit-il, et ne pas rester seul avec la belle Agathe.
Théo et Agathe se mettent à courir vers l'abri sous rocher repéré par Théo.
Le vent se déchaine, de grosses gouttes commencent à tomber. Il fait de plus en plus sombre, ils s'enfoncent dans la nuit.
Le promontoire salutaire se détache sur fond d'éclairs. Agathe et Théo courent, ils plongent dans les taillis qui prospèrent à l'ombre du Rocher. Après un roulé boulé, ils se retrouvent sur une roche dure, exempte de broussailles.
Agathe, se bouche les oreilles, la foudre vient de fendre un arbre au pied même du rocher qui les abrite.
— Nooonnn ! Théo, s'écrie-t-elle, c'est de la folie, qu'est ce qui se passe, on va mourir !
— Tu trembles ! Viens dans mes bras. Nous sommes en sécurité sous le rocher. C'est un orage comme je n'en ai jamais vu, certes, mais il va passer et le soleil va revenir. Il faut être patient et attendre.
— Téééhooo….bégaye Agathe, ce n'est pas normal cet orage ! Je suis sur qu'il nous poursuit.
— Mais non... Un nouvel éclair vient d'éclater dans les broussailles au pied de leur abri, une boule de foudre traverse la végétation en la carbonisant.
Théo, tétanisé à son tour, s'accroche à Agathe plus qu'elle ne s'accroche à lui !
— Ssss, gathe, Ssss gathe…
— Théo qu'est ce que c'est ? Qui m'appelle ?
— Je n'entends rien !
— LAAAAAAAH, hurle-t-elle ! Deux serpents viennent de sortir des buissons roussis par la foudre.
— Ne bouge surtout pas, ils doivent avoir aussi peur que nous.
Les deux reptiles remontent en ondulant vers Agathe. Elle s'écarte d'un bond. Ils disparaissent, dans la fente du rocher que son dos dissimulait.
— Théo on ne peut pas rester là, si il y en d'autres on risque la morsure.
— Et tu veux faire quoi ! Hurle Théo. Te faire griller comme une saucisse par le premier éclair, si tu dépasses le surplomb !
— Surveillons ! Si des serpents reviennent on les laissera passer.
— Tu es pas mal dans ton genre Théo, c'est presque la nuit, comment les voir ?
— Attends je vais sortir ma torche du sac.
Théo balaye du faisceau de lumière le rocher du sol au plafond, à la recherche de bestioles qui voudraient s'abriter au sec comme eux.
— On dirait que l'orage s'éloigne, Agathe, le tonnerre est de plus en plus espacé, le soleil va bientôt revenir, j'en suis sûr.
Des petits cris stridents résonnent. La lumière de la lampe de Théo vient d'accrocher un vol de chauves-souris qui sort d'une fente à l'aplomb du rocher. Soudain elles surgissent par milliers dans un nuage sombre s'élevant dans la nuit.
— Agathe vite, il faut sortir de l'abri ! Elles commencent de mordre, on les gène.
— Théo, la forêt ne veut pas de moi, j'en suis certaine, mon rêve l'autre nuit ! La Fée Morgane !
— Calme-toi, les histoires d'hier soir, au gîte, sont revenues dans tes rêves, c'est tout simple ! ça arrive quand on est fatigué, tu sais !
— Tu crois, Théo ? Je dois te paraître un peu folle, non ? J'ai cru qu'on allait mourir avec toute la foudre qui nous est tombée dessus.
— Ecoute l'orage a cessé, on a va suivre la rivière pour sortir du Val sans Retour, tu te sens capable de marcher ?
— Il faudra que tu m'éclaires le chemin, mais ça devrait aller.
— Alors on y va, c'est reparti !
Le Grand Mâle, entouré de sa harde, s'est réfugié au pied du Vieux chêne pour s'abriter des éclairs. La pluie de l'orage a renforcé les odeurs de la Sainte mère Terre.
Un grognement de plaisir traverse la harde, l'Odeur suprême, celle de leur quête éternelle s'impose à tous.
Le Grand Mâle s'avance vers une racine, tous s'écartent en reculant. Elle est bien là ! Elle n'est pas enfouie mais posée délicatement sur l'écorce comme si les déesses de la forêt leur donnaient une offrande.
Il déguste lentement le précieux nectar et pousse un grognement qui s'apparente à un rugissement de plaisir, aussitôt repris par toute la harde. Une ode à la sainte Odeur envahit la forêt
Il hume l'air, tête haute. Soudain, il se tourne vers la rivière comme pour donner l'ordre à tous et toutes de prendre cette direction.
— Théo, tu entends ces grondements ?
— Ce doit être l'orage au loin. Allez il faut avancer ! J'espère que le temps va se dégager, nous y verrons mieux bientôt.
Comme pour confirmer, le vent commence de chasser les nuages.
— Et merde !
— Qu'est ce qui se passe tu t'es fait mal ?
— Non la pile de la lampe vient de lâcher, alors que je ne m'en sers jamais.
— C'est tout toi Théo, il n'y a jamais de problème !
— Ok ça va ! ça arrive une pile qui lâche, d'ailleurs ce n'est pas grave, tu as aussi une torche dans ton sac.
Agathe fouille aussitôt dans son barda, et met la main sur la précieuse torche.
— Tiens et éclaire la route mon grand scout !
— Mais ce n'est pas possible ! Elle aussi est à plat, rien même pas un petit bout de lumière.
Le ciel se dégage de plus en plus, pour laisser deviner une couleur bleu nuit clair, comme si la lune éclairait déjà.
— Comme c'est étrange ! Ce ne peut être déjà la nuit, mon frère est reparti au village après la pause sandwich, juste avant l'orage. Il devait être 14h maxi !
— Mais apparemment, c'est la nuit, mon Théo, on devra se contenter de la Lune, enfin si on arrive à la voir, et maintenant on va ou ? S'écrie Agathe assez perturbé par la situation.
— Hou ! HOU ! Lui répond un oiseau blanc qui se dirige droit sur elle. Agathe aperçoit ses grands yeux, avant qu'elle ne baisse la tête pour éviter un choc qu'elle pense inévitable.
— Il faut sortir d'ici, Théo, je vais devenir folle ! Cette forêt ne veut pas de moi ! J'en suis certaine cette fois-ci.
— Donne moi la main, et regardons où nous posons les pieds, cela nous évitera de tomber. La lune devrait monter dans le ciel, normalement, et nous éclairer la rivière.
— Théo écoute ! Les grondements, ils se rapprochent !
— Bon il ne faut pas trainer, si de plus l'orage revient !
Le Grand Mâle en est sûr. L'Odeur est proche, il en est absolument convaincu. Le vent lui apporte le divin parfum au fond des naseaux. Il lui faut courir maintenant, si les jeunes viennent à découvrir avant lui l'Odeur Sainte, il perdra son trône et devra errer seul dans la Forêt.
— Théo ce n'est pas l'orage le sol tremble ! Ecoute cela nous suit !
— Cours Agathe ! Je ne sais pas ce que c'est ! Passe devant, et cours, vite, vite !
Agathe enjambe les branches, s'arrache la peau dans les ronces. Elle perçoit à peine une vague trace dans la broussaille. La lune vient d'apparaître derrière les frondaisons.
Le cœur de Théo bat à tout rompre ! Il entend le galop d'une troupe qui fait trembler le sol de toute la forêt et ces cris ! Des barrissements de cochons que l'on égorge, lui parviennent de plus en plus fort aux oreilles.
— C'est pas possible, c'est pas possible ! Je suis dans un cauchemar, réveille-toi Théo.
Le bruit se rapproche, il jette un regard derrière lui. Des dizaines d'yeux reflétant la lune, dévalent la pente, encore quelques dizaines de mètres et ils seront sur lui.
Théo doit courir plus vite. Il essaie de décrocher son sac à dos en courant, le sac tombe, mais Théo, dans la manœuvre, accroche une racine de lierre et s'affale dans le tapis de feuille aux pieds des chênes.
Le Grand Mâle stop sa course folle en glissant dans les feuilles. L'Odeur est là sur le sol devant lui, les jeunes ne l'auront pas, cette fois encore.
Agathe s'arrête elle n'entend plus rien, revient un peu sur ces pas. Elle ne voit plus Théo, et puis soudain dans un rayon de lune une scène irréelle.
Théo, au sol, le buste relevé par les avants bras, face à une meute de sangliers.
Une bête énorme se détache du troupeau, aussi massive qu'un homme.
Lentement, le Grand Mâle s'avance vers Théo, s'arrête devant le sac tombé à terre, le renifle et pousse un rugissement terrible qui résonne dans toute la forêt.
Soudain, il s'empare du sac à dos, fait demi-tour et s'enfonce la forêt, suivi par tout le troupeau.
— Théo, Théo, mon dieu, tu n'as rien ? Réponds moi !
— Agathe, dit moi, as-tu vu comme moi ? C'était vrai ? Ce n'est pas un cauchemar ?
— Oui j'ai vu comme toi !
— Sortons vite de cette forêt maudite, suivons la rivière, la lune nous aidera à voir plus clair.
Agathe et Théo reprennent leur course échevelée dans la nuit. Ils doivent sortir du Val sans Retour avant que la lune ne commence à redescendre dans les arbres, sinon ils plongeront à nouveau dans la nuit noire.
Le ruisseau du val accompagne leur course jusqu'à l'étang du Miroir aux Fées.
Ils s‘autorisent un peu de repos devant cet espace dégagé. La lune vient de franchir son zénith. Elle éclaire le lac comme en plein jour
Seule la constellation de la Grande Ourse arrive à lutter dans ce déluge de lumière nocturne.
Agathe se repose dans les bras de Théo. Après cette folle cavalcade dans le Val, sans Retour, l'instant leur paraît d'une douceur et d'une félicité irréelle.
Assis dans l'ombre d'un saule, s au bord de l'étang, ils deviennent le paysage.
Sur leur droite surgit une biche. Elle les ignore superbement. Elle aventure ses sabots dans la lumière lunaire et trempe délicatement ces lèvres dans le miroir d'argent.
L'instant est magique. S'ouvrent les portes d'un autre monde où les humains ne sont pas admis.
La biche relève la tête, elle semble adresser un clin d'œil dans la direction d'Agathe, puis regarde derrière elle.
Agathe et Théo sont émerveillés. Un cerf majestueux s'avance dans la lumière zénithale, la biche va le rejoindre. L'image extraordinaire de la force cosmique du vivant leur est dévoilée. Le couple de cervidés s'éloigne lentement dans la forêt.
Les lèvres d'Agathe cherchent celles de Théo. Le brame du cerf déchire le silence de Brocéliande.
Ils savent qu'ils ne peuvent rester dans ce royaume de la nuit sans le perturber. Les chemins forestiers vers Paimpont sont maintenant tracés en ligne droite, ils n'ont aucune chance de se perdre.
Arrivés à l'orée de la Forêt de Brocéliande, Agathe et Théo se mettent en quête de trouver un abri pour dormir quelques heures.
Le village n'est pas éclairé. Fatigués, ils avisent une grande structure avec un auvent rigide. L'aube pointe à l'horizon mais cela devrait leur laisser quelques heures de repos, pensent-ils !
Ils y déroulent leur unique sac de couchage et s'écroulent de sommeil sur un parquet en bois.
Un rayon de soleil vient caresser le visage d'Agathe, ses paupières s'agitent, elle ne sait pas trop où elle se trouve. Couchée sur le dos, ses yeux s'entrouvrent doucement.
— Mais qu'est ce qu'il y au plafond ? Une tête ?
— Aahhhhhhh ! Théo nooooooon ! C'est le cauchemar qui nous poursuit, sortons d'ici vite !
Agathe se lève d'un bond saute de la structure et se met à courir droit devant elle sans réfléchir. Elle heurte dans sa course un homme qui traverse la place.
—Et faites attention mademoiselle, vous êtes saoule ou quoi ?
Hébétée, Agathe regarde la personne, se retourne, aperçoit Théo qui lui fait de grands signes de l'abri où ils ont dormi.
Elle lit l'enseigne éclairée par le Soleil, au-dessus de Théo, « Train Fantôme » et reconnaît l'objet de sa frayeur, la tête de mort dessinée dans un linceul blanc.
Elle ne peut réprimer un rire nerveux qui la plie en deux. Théo, n'a pas encore compris qu'il se trouve sur un manège forain ! Il se demande si les épreuves de cette marche de nuit n'ont pas affecté la santé mentale d'Agathe.
Agathe est heureuse ! Le message de la Fée Morgane, vue en rêve, lui revient en mémoire :
« Si, avec amant, franchis le Val sans Retour, te seras donné l'Éternité de l'Amour »
Note : Texte publié déjà en 2015 a concouru à plusieurs prix de nouvelles et fictions courtes.
Joli histoire, on s'y laisse entraîner !
· Il y a plus de 3 ans ·Al Prubray