Granpa Was A Rollin' Stone

Jean Denis Crouhy

Grandpa Was A Rollin’ Stone

Cette rencontre n’eut pas lieu à un croisement ou dans un cabinet d’études comme cela se pratique d’ordinaire mais dans un appartement de Heaven For The Greatest, une résidence de luxe pour célébrités hors d’âge, dont la devise Hic finem facit gloria mundi – ici finit la gloire du monde – brillait en lettres d’or sur son porche en marbre.

Située sur les hauteurs de Malibu, Heaven For The Greatest offrait un service irréprochable à ses clients aux desiderata un peu particuliers. Ses architectes l’avaient construite de manière à ce que ses pensionnaires, rongés par leurs egos démesurés, ne se croisent jamais afin d’éviter tout conflit gérontomachique entre présentateur télé has been et ex-miss météo alcoolique, couturier azimuté et mannequin fanée ou encore acteur mégalo et réalisateur despotique. Refuge paradisiaque, Heaven For The Greatest ne refusait jamais rien à ses clients. À la demande d’un célèbre DJ new-yorkais devenu psychologue pour chiens, la direction avait, pour la troisième fois consécutive, réorienté la suite Elvis de quinze degrés vers le nord en espérant calmer les migraines du yorkshire nain soigné par l’ex-DJ. Une opération de ce genre pouvait sembler fastidieuse – bien qu’en comparaison, les ouvriers avaient trouvé ces travaux moins pénibles que de devoir chanter la Traviata en déambulant nus dans les jardins pendant trois semaines, à la demande d’une célèbre diva italienne – mais, à Heaven For The Greatest, rien n’était trop beau pour des clients qui payaient plusieurs millions de dollars pour finir leurs jours dans le luxe.

Ce jour-là, c’est monsieur G., et non pas son collègue monsieur S., qui vint à la rencontre de monsieur J., ancienne rock star oubliée qui coulait, depuis quelques années déjà, des jours paisibles à Heaven For The Greatest et dont les occupations correspondaient parfaitement à ce que l’on attend d’un petit vieux d’aujourd’hui : fumer d’énormes joints confectionnés par son infirmière, écouter de vieux disques à un volume assourdissant – ce qui, entre nous, ne dérangeait pas ses voisins encore plus sourds que lui – et faire des courses de déambulateur avec son unique ami, monsieur R. 

Quand monsieur G. frappa à la porte du luxueux appartement de monsieur J., il dut attendre un long moment avant que ce dernier baisse le volume de sa musique et réagisse :

— C’est pour quoi ? entendit-il hurler à travers la porte blindée.

— Bon-bon, bonjour mo-monsieur J., pe-pe, permettez-moi de me p-présenter, je suis mo-monsieur G. et  je-je, et je dois absolument v-vous rencontrer pour une aff-affaire impopo-importante, bégaya de toute ses forces monsieur G.

— Une quoi ? demanda monsieur J., une affaire importante ? mais vous êtes quoi ? un vendeur d’assurances en manque d’imagination ? un témoin de Jehova bègue ? Et puis comment vous êtes arrivé ici d’abord ?

— Ça n’est pas impo-impopo, important ! lai-lai-laisser moi entrer, je vous zex-zexpliqu’rai ! insista monsieur G.

— Vous laisser entrer ? chez moi ? eh, c’est pas un refuge pour casse-couilles ici !

— Mais c’est u-u, c’est urgent ! batailla monsieur G. de plus en plus énervé.

— Ben si c’est tellement urgent, expliquez-moi ça d’ici alors, et puis vite parce que j’ai pas qu’ça à foutre !

— Mais, je-je, je n‘vais pa-pa, pas rester là-là, à pa-pa, à parler devant une po-porte ! s’étouffa monsieur G. en frappant de nouveau sur la porte.

— Va bien falloir mon vieux, répondit ironiquement monsieur J. en augmentant le volume de son antique platine vinyle pour clore la discussion.

Excédé, monsieur G. se dématérialisa et traversa la porte de l’appartement. Une fois à l’intérieur, il reprit forme humaine et distingua à travers une épaisse fumée grise son interlocuteur avachi dans un vieux fauteuil club, qui tirait avec délectation, les yeux fermés de plaisir, sur un joint de la taille d’un pot d’échappement. Avec son visage esquinté par des années d’excès en tous genres, sa grande bouche ridée qui laissait entrevoir ses deux uniques dents, ses avant-bras recouverts de tatouages devenus illisibles avec le temps, son torse squelettique affublé d’un débardeur jaune canari sur lequel était inscrit « Disco Sucks » et sa couche pour vieillards énurétiques qui dépassait de son jogging trop grand, monsieur J. ne ressemblait plus du tout à la rock star glamour et subversive qu’il avait été autrefois.

Attendri par cette allégorie du bonheur, monsieur G. s’approcha de monsieur J. pour mieux le dévisager quand celui-ci rouvrit les yeux et faillit avoir une crise cardiaque en découvrant la face hideuse qui le fixait avec un air de bouledogue autiste. Monsieur G., habitué aux réactions violentes que son visage provoquait chez les humains, ne se froissa pas. Il se redressa calmement et enfila sa paire de lunettes de soleil Mickey, qui rassurait toujours les âmes sensibles, puis il ôta le pot d’échappement des lèvres de monsieur J. Il se dirigea ensuite vers la platine vinyle pour couper la complainte jamaïcaine de monsieur N. dont la malédiction avait été levée par le seul cow-boy juif de New-York.

— Voi-voilà, co-co, comme ça, on sent-sent, on s’entendra mieux !

— Eh, ma musique ! brailla monsieur J., qui essaya d’attraper son déambulateur pour se lever et mettre dehors son visiteur disgracieux.

— Ca-ca, calmez vous ! glapit monsieur G. qui s’asphyxiait avec le joint confisqué à monsieur J., tout en gardant un œil sur le vieux rockeur qui se levait péniblement.

 — Me calmer ? Alors que j’ai en face de moi un vendeur d’assurances lépreux qui fume mon joint ? Elle est bien bonne celle-là ! aboya monsieur J. avant d’attraper un immense cendrier en verre qu’il brandit devant monsieur G. de ses petits bras décharnés et tremblotants.

— Bon assez plaisanté maintenant, vous allez foutre le camp d’ici, sinon je vous refais le portrait !

Joignant le geste à la parole, il lança le cendrier trop lourd qui vint s’écraser à dix centimètres de ses propres pantoufles. Monsieur G., offusqué, tendit le doigt vers monsieur J. d’un air concentré et projeta son déambulateur contre le plafond.

— Écou-cou, écoutez moi, je ne su-su,  je ne suis pas ve-venu vous ven-vendre des zass-zass, des assurances ! ni-ni, ni vous con-con, vous convertir à quoi-quoi, à quoi que ce soit ! je suis venu pour con-con, pour conclure un marché avec vous !

— Un quoi ? demanda monsieur J. qui contemplait son déambulateur cloué au plafond.

— Un ma-ma, un marché, une sorte de pa-pa, de pa-pacte, si vous préférez…

Monsieur J. réfléchit un instant à l’allure de cet étrange commercial. Quel était ce type – avec sa peau de lépreux, ses cheveux gras éparpillés sur un crâne putride, ses oreilles boursouflées, ses lunettes de soleil ridicules et son costume élimé trop petit pour lui – qui pouvait entrer chez vous comme par enchantement et clouer votre déambulateur au plafond rien qu’en tendant le doigt ? Soudain, il eut une illumination : qui pouvait vouloir conclure un pacte avec lui  sinon le Diable ? Il jeta un coup d’œil à cette espèce de comptable vérolé et bossu qui se tenait devant lui mais n’arrivait pas à y croire… Difficile d’imaginer le diable ainsi ! Merde, le Diable devait être un dandy élégant et racé, pas cette épave crasseuse incapable d’aligner plus de trois mots correctement… Mais si c’était lui, pourquoi maintenant ? À quoi cela rimait-il de venir aujourd’hui alors qu’il ne chantait plus ?

 Monsieur G., devinant aisément ce qui pouvait se passer dans la tête d’une rock star vieillissante qui connaissait son Robert Johnson sur le bout des doigts, le stoppa net dans ses réflexions et intervint :

— Mo-monsieur J., vous n’avez pa-pas l’air de saisir, je ne suis pas celui que-que vous croi-croi, que vous croyez, je ne vais pas vous offrir un ta-ta, un ta-ta, un talent pa-particulier en échange de votre â-â-âme !

— Ah bon ? et vous êtes qui alors ?

— Ga-Ga…

— Gasimodo ?

— Ga-Ga…

— Gabriel ?

— Ex-ex, exactement ! Ga-Gabriel, l’archange Ga-Gabriel !

— Ça alors, avec votre tête de représentant de l’Armée du Salut, vous êtes un ange ? et Gabriel en plus ! le messager ! et pour couronner le tout, vous êtes bègue… ça alors, c’est pas mal ! s’esclaffa-t-il en affichant un large sourire édenté.

— B-bon, ça va…

— Et vous êtes venu pour quoi ? m’annoncer que je vais accoucher d’un messie dans neuf mois ? me dicter un nouveau Coran ? hein ? ou alors non, vous êtes venu avec votre petite échelle pour qu’on se foute sur la gueule toute la nuit avant de me rebaptiser au lever du soleil, c’est ça ?

Gabriel, énervé, tira une grosse bouffée sur le joint pharaonique qui avait déjà diminué de moitié entre ses mains tandis que monsieur J. continuait son monologue :

— Désolé mon vieux mais ça ne m’intéresse pas, le Diable passe encore, mais vous… non mais franchement, hein, vous allez me donner quoi en échange de mon âme ? Un talent qui me permettrait d’être gentil avec tout le monde et d’aimer les petits chats ? Un don d’ubiquité pour faire le bien tout autour du monde ? ou alors non, je sais ! je vais être doué d’une patience infinie envers les cons, c’est ça ? non, désolé mais je n’ai pas de temps à perdre avec vos conneries !

— Oh ! vous allez m’écouter oui ? hurla Gabriel qui ne bégayait plus, sans doute à cause des effets du joint, primo, si vous continuez comme ça, du temps sur terre, il ne vous en restera plus beaucoup et deuzio, si je suis venu ici, c’est uniquement pour vous racheter, en sauvant votre âme !

— Vraiment ? répondit ironiquement monsieur J.

— Bon sang, mais vous n’avez pas l’air de comprendre que votre cas est grave !

Il ôta ses lunettes de soleil Mickey et le fixa intensément de ses yeux globuleux :

—  Monsieur J., vous n’êtes qu’un vieux toxicomane qui ne doit son salut qu’aux opérations chirurgicales que vous effectuez régulièrement : transfusions de plaquettes, réfection des cloisons nasales,  greffe de foie et j’en passe ! Toute votre vie n’a été qu’une orgie permanente : vous avez eu une sexualité que vous envierait n’importe quel bonobo sain d’esprit et vous avez dû goûter à tous les plaisirs interdits sur cette terre sans avoir jamais eu aucun scrupule. Vous êtes un cynique qui n’a jamais juré que par l’argent et, ce que l’on ne vous pardonne pas là-haut, c’est d’avoir propagé avec l’aide de votre groupe de dégénérés, ce mode de vie malsain à toute une génération qui n’avait demandé qu’à filer droit et oublier Elvis ! 

Dérouté par la tournure que prenait cette entrevue, monsieur J. ne répondit rien et restait perplexe devant l’étrange archange : soit son infirmière, qui était plus souvent stone que lui, avait mal dosé ses antidouleurs, soit il était bon pour un aller simple chez les tarés de Camarillo.

—  Alors voilà ce qu’on vous propose, reprit Gabriel sur un ton qui se voulait menaçant tout en sortant un parchemin usé de sa sacoche de boy-scout avant de le lire à haute voix : « De par la glorieuse volonté de Celui qui était, qui est et qui sera, et en vertu de notre législation sur la rédemption des âmes égarées, il sera exigé de monsieur J., ex-chanteur de “rock and roll” : une déclaration de repentir écrite de sa main et publiée dans tous les journaux à grand tirage, l’enregistrement d’une chanson à la gloire du sport et de la vie saine, la donation de tous ses biens à des œuvres caritatives ainsi qu’une rencontre avec le pape. »

Il s’arrêta puis considéra monsieur J. d’un œil accusateur pour voir si la sentence avait ému l’ex-rockeur mais ce dernier demanda, suspicieux :

— C’est une blague ?

— Ça en a l’air ?

— Vaguement oui… et si je refuse ?

— Da-da, damnation é-é, éternelle ! s’écria Gabriel qui, surpris par le retour de son bégaiement, finit le joint d’une traite.

— Hmm… et y aurait qui au paradis à part des pucelles exaltées, des pouilleux et des simples d’esprits ? Parce que si c’est pour passer l’éternité à chanter des cantiques en slip, non merci !

— Le cynisme ne paie pas monsieur J.

— Il faut croire que si, répondit monsieur J. d’un air sarcastique en désignant du regard le luxe qui l’entourait.

— Alors ? demanda Gabriel exténué, votre réponse ?

— Jimi Hendrix.

— Quoi Jimi Hendrix ?

— ben… paradis ou enfer ?

— Enfer…

— Chuck Berry ?

— Idem…

— Elvis ?

— Idem…

— Little Walter, T-Bone Walker, LeadBelly…

— Idem ! Idem ! Idem ! Mais vous allez me demander ça pour tous les musiciens du vingtième siècle ou quoi ? Bordel, mais il pleut tout le temps, là-bas ! Tout est gris, et tout le monde est défoncé à longueur de journée. Il n’y a que des clubs glauques et enfumés ! C’est l’enfer, bordel de mm-mm-merde !

— Eh oh, doucement,  je suis en train de choisir mon avenir ! j’aimerais bien savoir ce que je rate si j’accepte votre marché…

Gabriel, qui n’écouta pas la dernière phrase de monsieur J., fit apparaître une petite mallette en cuir vert bouffée par l’humidité dont il sortit fébrilement une plume d’oie, un petit paquet de feuilles jaunies ainsi qu’un CD qu’il lui tendit :

— Bon assez palabré, voilà tous les documents : ça, c’est le CD avec la chanson à enregistrer. Vous verrez, c’est une Bosska en do majeur…

— Une quoi ? demanda monsieur J. d’un air dubitatif.

— Une Bosska, c’est un mélange de Ska et de Bossa, c’est moi qui l’ai inventé ! dit Gabriel fier de lui avant de reprendre, vexé par l’air goguenard du vieux chanteur : bon, ça, c’est le dossier de presse pour la déclaration de repentir, ça, votre pacte à signer en deux exemplaires et ça, les coordonnées du pape. Voilà, maintenant vous avez tout pour être accepté là-haut parmi nous !  Ah, et j’oubliais, pour faire connaître à tous la nouvelle de votre conversion, nous allons introduire dans l’inconscient collectif deux miracles que vous aurez accomplis avec mon aide.

— Bon, bon, bon… mais ça fera de moi un nouveau messie, alors ? demanda monsieur J. qui semblait peser le pour et le contre.

— Si ça peut flatter votre ego, on peut dire ça comme ça…

— humm… après tout pourquoi pas… refaire parler un peu de moi avant de mourir et  endosser le costume de « dernier messie, cette fois, c’est le bon, le vrai ! miracles garantis par les plus grands experts », c’est une idée qui me plaît… un dernier coup de pub avant l’éternité en quelque sorte…

Gabriel, voyant que son client allait céder, le coupa dans ses pensées avant qu’il ne change d’avis :

— Voilà, vous voyez que je ne vous voulais pas de mal. Avec cette histoire, vous allez finir votre carrière en beauté.  En tant que nouveau messie, vous allez sauver le monde, racheter votre âme et laisser une trace pour l’éternité, c’est pas beau ça ?

Gabriel, désormais sûr de son coup, lui tapa gentiment sur l’épaule puis, hésitant, lui demanda d’un air timide :

— Euh… vous auriez un autre joint par hasard ? C’est que… c’est assez dur d’en trouver là-haut et…

— Haha, vous avez raison, faut fêter ça… c’est pas tous les jours que l’on conclut un pacte avec un ange bègue !

Monsieur J., fier de sa dernière irrévérence, eut un sourire en coin. Il invita Gabriel à s’asseoir dans l’un de ses fauteuils puis sortit d’un précieux coffret en acajou un joint de la taille d’une trompette de poche et le tendit à son invité. Il s’installa ensuite dans un fauteuil en face de Gabriel et remit en marche la platine qui reprit le dernier couplet de The Harder They Come. Gabriel, finalement séduit par la reprise de monsieur N. et assommé par sa trompette de poche s’endormit dans son fauteuil. Monsieur J. l’observa un instant en repensant à cette histoire de pacte et se demanda s’il n’allait pas faire une connerie en signant ce bout de papier. Il s’imagina un instant au paradis, tout seul sur un petit nuage, regardant d’en haut son unique ami, monsieur R., faire le bœuf en enfer avec Robert Johnson, Howlin’ Wolf, Muddy Waters et compagnie. Même s’ils étaient restés en froid pendant un temps, monsieur R. était son ami depuis huit décennies et il n’était pas question de passer l’éternité sans lui !

Énervé par cette idée, il se leva pour retirer le joint des mains de Gabriel quand monsieur R., vint sonner chez lui, comme à son habitude, pour le whisky-time de cinq heures. Monsieur R., à peine troublé par l’invité un peu répugnant et complètement stone qui roupillait dans le salon, s’installa dans un fauteuil et gara son déambulateur près de lui. Monsieur J. devant le regard interrogateur de son ami, lui raconta son entrevue avec monsieur G. et, après plusieurs whiskys, il devint évident qu’ils devaient faire quelque chose pour se débarrasser de cet archange de malheur.

Monsieur J. s’empara de sa fidèle Hummingbird qui traînait dans le salon et la tendit à monsieur R., puis il sortit son harmonica et entama un Me And The Devil Blues inspiré, dans l’espoir que leur transe bluesy fasse venir le Diable à leur rescousse. Malheureusement le Diable, qui avait sans doute mieux à faire, ne se présenta pas. Ils décidèrent donc de ne s’en remettre qu’à eux même et, passablement éméchés, ils entreprirent de déshabiller le pauvre ange qui dormait à poings fermés dans son fauteuil. Ils découvrirent, en lui enlevant sa chemise crasseuse, deux petites ailes de poulet minuscules qu’ils s’empressèrent de plumer en chantant Little Red Rooster et monsieur J., qui ne pouvait s’empêcher de rire en comparant Gabriel à ce que suggérait le misérable petit coq rouge de la chanson, manqua de s’étouffer plusieurs fois avec son harmonica.

Voyant que Gabriel ne se réveillait pas et, pris dans leur élan créatif, ils s’emparèrent des affaires du coursier séraphique pour en faire un petit tas qu’ils enflammèrent aussitôt. Ils fixèrent ensuite les plumes de l’angelot sur leurs déambulateurs et, ainsi parés, ils dansèrent toute la nuit autour du feu, scandant le refrain de Get Off My Cloud à tue-tête, tant et si bien que leurs vieux cœurs fatigués par cette contredanse endiablée s’emballèrent une dernière fois avant de s’arrêter dans un ultime spasme paroxystique. Ils s’écroulèrent tous les deux aux pieds du pauvre ange déplumé, expirant  un dernier souffle empli de vapeurs cannabiques.

Le lendemain matin, Gabriel découvrit leurs deux corps en se réveillant. Attristé par son échec, il ramassa l’harmonica de monsieur J., souffla dedans une dernière fois avant de le mettre dans ce qu’il restait de sa sacoche carbonisée puis, vaillamment, il repartit vers d’autres aventures messianiques.

  • Merci, c'est vrai qu'il y a plein de références à certaines chansons de chanteurs tels que Robert Johnson, Howlin' Wolf et autres. Cette nouvelle était pour un concours de nouvelle rock et, comme pour ma précédente, il y a quelques allusions à quelques musiciens peu connus mais très important dans l'histoire du rock. Si vous avez quelques question précises, n'hésitez pas à me les demander par mail, je vous renseignerai sans problème histoire de ne pas tout révéler ici. En tout cas merci pour votre lecture !

    · Il y a plus de 13 ans ·
    823563613 orig

    Jean Denis Crouhy

  • su c'est une nouvelle "à clefs" j'aimerai bien être une serrure pour l'ouvrir et comprendre - sinon l'histoire mérite d'être relue - je n'y manquerai pas jusqu'à piger, peut être , qu'y'a pas de clés...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Crater orig

    gun-giant

Signaler ce texte