Happy holidays Paulette, happy holidays !

Nadège

J'arrête pas de le dire, je travaille trop ! Et je sais que je les ai bien méritées mes vacances ! Mon patron est un espèce de ringard qui surveille toujours ce que je fais. D'ailleurs, ça ne lui convient jamais. Un point par-ci, une virgule par-là. Il est bien comme tous les mecs. Éternel insatisfait. Perso' j'ai qu'une envie, c'est de lui faire ravaler son petit air suffisant. C'est simple, il sait vraiment pas parler aux femmes. Stupidité masculine.

En plus, tu sais quoi ? Il se permet de me donner du boulot à faire à la maison. Et puis quoi encore ? Le retour de l'esclavagisme ? J'ai même plus le temps de faire à manger avec tout ce boulot. Pourtant, je le sais bien, mon mari n'attend que ça. Il me regarde sans arrêt avec ses yeux de merlans fris, les cheveux parfaitement coiffés en arrière. Il est trop mignon. Et dans tout ça, j'ai même pas une minute à moi. C'est quoi une minute ? C'est pas grand chose. Histoire de se pomponner, de faire du shopping, voir les copines.

Boulot, maison, dodo. C'est mon train-train quotidien. Moi je ne demande que ça de le quitter et de pouvoir redescendre sur le quai. C'est chiant honnêtement. Mes collègues sont des vraies vipères, pour rien arranger à mon humeur. Il n'y a pas un jour, pas un seul, où je n'entends pas leurs incessants commérages.

« T'as vu Julie, non mais quelle cruche celle-là !

- Et Benji alors ! C'est démodé ce qu'il porte ! »

Gloussements et piaillements. Des vraies dindes ! Je devrais avoir une augmentation rien que pour avoir à subir ça quotidiennement. Mais non ! Je le vois bien, quand je reçois chaque mois la récompense de mon dur labeur. Les chiffres semblent plutôt dégringoler. J'aime pas mon patron. J'aime pas ces minettes, nourries à la sauvette. De toute manière, j'ai pas vraiment d'amis, parce que je ne suis pas très jolie.

Mais tu sais, maman m'a dit, que quand on est petit, on se soucie pas de ces choses là. Elle ne veut pas me croire quand je lui dis que mon maître est un con et mes camarades des couillons. D'ailleurs, à mon âge je suis pas censée dire des trucs si grossiers. Mais our elle, c'est normal de juger sur l'apparence.

Indignée, je retourne dans ma chambre et fouille dans mes affaires d'école. Mes notes sont de moins en moins bonnes. Mon maître m'a encore donnée des devoirs à faire chez moi. Je crois bien que ma tête ne lui revient pas. Mais voilà, je veux m'occuper de mon petit mari. Alors je le pioche dans ma boîte à jouets. Mon Ken adoré ! J'ai préféré jeté Barbie à la poubelle. Pas besoin d'être rachitique pour être belle. Je me mets à préparer le dîner. Poivrons en plastiques, poulet en plastiques, gâteau en plastique. Tout est en plastique aujourd'hui, même la chirurgie ! Je l'ai vu à la télé.

Boulot, maison, dodo. Moi j'vous le dis, je travaille trop. Mais je m'en fiche, je serai bientôt en vacances. La vie est dure quand on a 6 ans.

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