New Year's Eve

Ana Elle (Cendrillon Des Routes)

A re ouvrir et re lire chaque année.

Très chère Moi, et par échos… très chez Vous,

 

C'est un peu étrange de s'écrire une lettre à soi même, j'en conviens. Mais quoi qu'il en soit, je suis sûre que cela ne peut faire que du bien.

Il est vrai qu'il y a des moments, où l'existence se fait mystérieuse. Une sorte d'émerveillement confondu au respect qu'exige le sacré. C'est souvent, c'est rare, c'est hier, c'est demain, et c'est ce soir…

C'est étrange. Ce phénomène. Être ici. Ensemble et sans se voir. Avec des inconnus, avec soi même, respirant en bousculade des fragrances de vies que nous n'avons pas vécues. C'est beau. Mais c'est étrange.

Cette façon de se rassembler dans la nuit. Je crois que l'on pourrait parler de magie. Se rassembler et attendre une même chose.

Comme on attendrait que le monde explose.

Qui suis-je ?...

Si seulement je le savais.

Une année de plus à me le demander.

Je n'appartiens à personne.

Je crois que je pourrais bien appartenir au monde entier.

Il n'est pas encore minuit.

Je n'ai pas sorti ma robe de bal. Je n'attends n'y prince, ni carrosse, ni marraine. Je crois que je suis une sorte de créature de la nuit. Une toxicomane des chaussures, qui déteste la soupe de citrouille, et se fait piétiner pour un oui pour un « con ».

Etrange tableau, non ?

Mais je suis une personne. Je ne suis pas personne.

Je suis une personne qui croit... et croît. Qui croit en de foutues histoires… qui croit en ce foutu destin, qui croit qu'un jour il se passera un truc bien ! Parce que je ne peux pas croire que les miracles n'existent pas. Je m'y refuse.

Je suis là, ce soir, seule avec moi-même, et je ne voudrais pour rien au monde oublier ce moment.

Pourquoi ?...

Beaucoup d'entre vous penserons qu'un soir de réveillon, un trente et un décembre, il ne faut pas être seule. Il faut être avec les personnes que l'on aime.

Ça me fait mal. Ça me fait mal de voir à quel point parfois les gens, les uns envers les autres, sont froids et faux, sont intéressés et opportunistes, sont juges et perfides. Ça me fait froid dans le dos.

J'aimerais sauver une vie.

Avoir un vrai et grand baiser sous la pluie.

Prendre un petit déjeuner chez Tiffany.

J'aimerais écrire un livre et parcourir le monde.

J'aimerais tant de choses.

Mais en attendant de réaliser mes rêves, des rêves qui demandent patience et travail, je décide de faire ce dont je suis capable.

J'existe.

J'aime.

Je ne suis pas sortie ce soir par ce que je ne voulais pas faire semblant. Souhaiter une bonne année à des personnes que je ne reverrais sans doute jamais et que j'oublierais. Il y a une part de monstruosité dans mon propos, je le sais. Et croyez bien que si je le pouvais, je donnerais de l'amour à chaque inconnu que je rencontre.  Et surtout… surtout… je ne l'oublierais pas.

Je crois profondément que chacun d'entre nous est bon et mauvais à la fois. Et je crois qu'il faut s'efforcer de faire son possible pour garder équilibre et justesse dans toute cette immensité. Je crois que bon et mauvais, il faut aimer. Choisir d'aimer. Je veux aimer.

Aimer et être juste.

Pourquoi je suis encore là ? …

Faire une pause. Réfléchir sur l'année que je viens de passer et réfléchir sur ma vie, mes errances ; mes triomphes et mes défaites, mes promesses faites et brisées, les moments où je me suis ouverte à de grandes aventures, ou bien ceux où je me suis refermée par peur. La peur d'avoir mal. La peur de voir ce qu'il y avait derrière. Après. Dans l'inconnu. Dans le vide.

Je crois que cette soirée doit servir à cela. Il faut être capable d'en faire un miracle. SON miracle. Parce que si on y réfléchit bien, nous sommes à nous même, si nous le décidons, nos propres miracles et nos propres occasions…

Des occasions de pardonner et de se pardonner ; cette erreur, ses kilos en trop, cette décision prise trop tard, cette façon d'oublier l'espoir, ou bien cette homme et cette femme que nous n'avons pas aimé.

Des occasions de faire autrement. Différemment.

Des occasions de faire plus, d'offrir plus, d'aimer plus, et de croire… un peu plus. En l'avenir, en l'autre, en soi même.

Des occasions d'arrêter de s'inquiéter. Avoir le courage de ne pas s'inquiéter. Et la patience, l'acceptation de vivre et de traverser le moment, aussi beau, merveilleux, terrible et douloureux, soit-il.

Je suis là. Seule. Un soir de réveillon, et je n'ai pas peur. Je suis fière de ne pas avoir peur. Je suis simplement émue. Et je crois sincèrement qu'il n'y a rien de stupide à cela ! Je suis émue d'exister. Emue d'entendre par delà mes persiennes fermées, les gens qui rient et parlent fort, juste là, dehors.

Je suis émue de traverser cet instant en suspend. Cet instant avec moi-même. Et je suis émue de voir que je m'aime.

J'arrête d'avoir peur d'embrasser les « Si j'osais… ».

J'ose.

J'ose me dire que je suis sans aucun doute la personne qui me fait le plus peur et celle que je déteste le plus. Mais j'ose  me dire que je m'aime et que je suis bien avec ça. Avec Moi.

Peut être que demain, il pleuvra, peut être que de nouveau, doutes et questions seront là, peut être que je me détesterai encore une fois de ne pas rentrer dans cette robe, d'avoir dépensé toutes mes économies dans une  énième paire d'escarpins, ou simplement  de ne pas avoir tout fait pour lui dire « Je t'aime. ».

Mais pas ce soir.

Ce soir, je crois.

Je crois aux miracles.

Je crois en moi.

Et je crois que si je m'efforce d'être tous les jours meilleure, si je me fiche que l'on me juge, que l'on juge ma manière d'aimer trop fort, ma façon de croire en rose et de broyer des paillettes à haute dose, si je décide d'être moi-même, avec toutes mes sublimités et mes sordidités, et que j'y crois… alors, alors par vague, par échos, par foi, destins et chuchos… alors je suis sûre au plus profond de mon âme, que chacun d'entre nous, comme des dominos, nous deviendrons des êtres meilleurs.

Et oui, je sais, on a parfois l'impression de ne rien pouvoir contrôler dans nos vies. Les catastrophes naturelles, les crises économiques, la maladie, les accidents de la vie, les mauvaises décisions qui nous reviennent par vague de feu en plein visage. C'est ce murmure d'existence écarlate, qui me dit que je suis, en fait, debout sur le cratère d'un volcan qui pourrait d'un moment à l'autre, faire éruption, me brûler et m'avaler, sans que je ne puisse rien faire. Rien contrôler.

La vie.

La vie.

La vie est pleine de mystères. Un peu comme c'est étrange d'utiliser le même mot, pour signifier une chose et son contraire.

Nous sommes des personnes. Nous ne sommes pas personne.

Et je crois qu'il est important de se rappeler qu'il y a malgré tout des choses que l'on peut maitriser. Je parle de la foi. Je parle de croire. Je parle des deuxièmes chances et des nouveaux départs. Je parle de l'acceptation. Je parle de générosité. Je parle d'espoir et de disponibilité. Je parle aussi d'ouverture, et bien sûr… je parle de l'Amour…

Vous croyez qu'il n'y a rien de magique, vraiment ?

Alors fermez les yeux. Fermez les yeux. C'est fait ? Fermez les yeux, et faites vous une promesse à vous-même. Bien. Maintenant, rouvrez-les. Et avancer d'un pas.

Voilà.

Vous voyez ? Devant vous, c'est le monde. Le monde que vous choisissez. Et ce nouveau pas vers lui, est le premier.

Rendez quelqu'un heureux aujourd'hui.

Et surtout je vous en prie, efforcez vous de l'être vous-même. Parce que vous le méritez. Qui que vous soyez.

 

Je vous souhaite et je me souhaite, une belle et heureuse nouvelle année.

 

Prenons le temps de nous aimer.

Bien à Vous, bien à moi, bien à soi,

Ana Elle

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