Heureuse
deep_immaturity
J'ai toujours eu peur d'être heureuse. Peur de ne pas être légitime, peur qu'on se moque de moi. J'ai l'impression qu'être heureux est bête. Ma hantise serait qu'on me regarde droit dans les yeux et qu'on me dise d'un air hautain : « Qui es-tu pour être heureuse dans un monde pareil ? Pourquoi te sens-tu bien ? Tu as pensé à toutes ces personnes qui souffrent ? Tu es une égoïste ? Quelles sont les raisons de ton bien-être ? » J'aurais sans doute pas su répondre à cette question en réalité, rongée par la culpabilité. Mais si j'avais été forcée de répondre, j'aurais répondu : « Je suis heureuse d'être vivante. Je suis heureuse de respirer, heureuse d'avoir la vue pour voir toutes les couleurs du monde, heureuse de pouvoir courir, heureuse de sentir le soleil cogner contre ma peau. Heureuse d'être capable d'aimer aussi fort, heureuse d'avoir la possibilité de créer, heureuse d'être libre de penser ce que je veux sur tout et quand je veux, heureuse de pouvoir chaque jours apprendre, avoir des souvenirs, pouvoir connaître des gens, m'amuser, rire, chanter, danser, pleurer, partager, garder le silence... Heureuse de.. » J'aurais continué longtemps tandis qu'il m'aurait coupé la parole, me regardant d'un air moqueur : « Tu es stupide ma pauvre. Le soleil sur ta tête t'as sûrement cogné sur le système. Tu devrais mettre un chapeau, et puisque tu es heureuse de garder le silence, c'est ce que tu devrais faire la prochaine fois. » Et il serait parti en me laissant, choquée, en train de digérer ses paroles.
Je vous rejoins totalement. Je crois que c'est justement parce que nous vivons dans ce "monde pareil" que ceux qui peuvent être heureux, ressentir de la reconnaissance, ont la responsabilité de l'être pour contrebalancer le malheur des autres. Je ne vois pas l'utilité "d'être malheureux par solidarité. C'est un peu comme si, en situation de crise économique mondiale, un milliardaire faisait le choix de vivre comme un sans domicile juste par solidarité, ce serait absurde. Il est bien plus constructif, qu'il utilise sa fortune afin d'alimenter l'économie. C'est un exemple un peu extrême mais assez parlant. Merci.
· Il y a plus de 2 ans ·Laurent Cacciatore
Alors j'aimerais bien être bête.
· Il y a plus de 2 ans ·Christophe Hulé