Histoire de la Belgique.

Simon Raket

Latitude N 50° 50.904' - Longitude E 04° 21.236'

J’habite un pays qui boit de la bière en bouteille, sous un abribus, pour se protéger de la pluie.

Un pays qui passe ses journées là, à regarder passer les autres dans la rue et à rire de ses propres blagues, le sourcil levé et le doigt tendu sur la pointe du nez.

Il a toujours été petit, mon pays. Même à l’école il se faisait déjà piquer ses tartines par les espagnols (il y en avait beaucoup dans le quartier) ou bien les hollandais. Ou bien les autres.

Enfin non.

Pas toujours. A un moment, il s’était trouvé une femme africaine, beaucoup plus grande et plus belle que lui. Alors, il avait l’air grand et beau. Assez que pour aller manger quelques petits gâteaux avec la France et l’Angleterre.

Seulement il lui a collé des beignes, à sa femme, il lui a piqué ses thunes et il s’est barré.

Et depuis il regrette. Parce qu’il est de nouveau petit.

Même qu’il perd au foot contre le khazakstan.

Il y a des pays qui luttent pour naître, pas lui.

On l’a laissé faire sa petite révolution dans son coin, parce que sa arrangeait bien tout le monde, il faisait tampon, le petit.

Et puis comme ça les autres arrêtait de se battre pour un bout de terrain plat.

Depuis, c’est son job, la tamponne.

Il tamponne, avec son gros cachet encreur, tous les papiers des autres pays d’Europe.

Il acte, il officialise, il établit, il légalise, il authentifie, mais ne décide jamais rien.

Il écrit des poèmes, mon pays. Sous son abribus, en ce demandant qui il est

et si ça vaut vraiment le coût de continuer...

Il s’en fout, de rien décider, il a la capitale.

Et ça vaut bien une bière.

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