Histoire d’eau : Les chaleurs d’été me graissent la cuisse (2)

julien--3

Bon alors voilà. Cela faisait un moment qu’elle me faisait de l’œil la rouquine. Coquine. Criblée de taches de son, tignasse flamboyante. Rouge et or. Ça me perturbait ostensiblement le coquillard. Sans surprendre personne tout à fait ou prendre quelqu’un pour un con ― j’aurais pu dire tocard ―, la rime des pochards est quelquefois méritante. Racoleuse une fois, pompeuse deux fois, snobeuse trois fois. Je prends.

Elle était bien roulée. Ainsi qu’un galet des profondeurs marines léché par les remous vaseux des bas-fonds. La poitrine obuesque, le cul saillant, buste et tiges proportionnels à l’ensemble, drapée d’atours mémorables. C’est simple : quasi inexistants. Un plastron ocre moulait ses nibards ronds et opulents et c’était tout. Je crois bien qu’elle ne portait pas de slibard. Primitive et sexuelle la donzelle. Sans chichi, sans tralala. Prête à consommation. Folle gazelle. Le plus surprenant était sa bouche. Goulue. Une grotte audacieuse, sculpturale, gorge profonde, conçue pour la volupté, les plaisirs de la chair, la passion des glands, les trésors des verges. Ses lèvres musclées suintaient. Des perles aux notes sucrées, fine rosée. Slurp. Je pensais : ce serait sympa de laper ses gouttes de sueur aquarelle, teintées de son rouge entre ses gerçures, et de s’adonner à quelques attouchements libidineux et conversations cochonnes, en me frottant les pognes sur les cuisses.

Splendide quiche. Elle était intrigante la fringante godiche. Ça me cuisait sévère le cuissot. Une étoile filante. Nul homme à une encablure, armé de son détecteur de derches, ne pouvait louper ce pétard de lune rondeur. Un cul ferme et pommelé chu d’un arbre céleste. Elle prenait la pose la callipyge avec ses airs de hauteur. Alors évidemment, fallait un peu relever le menton. Mais vu que le zinc poisseux ne cause que beuverie, nous, braves moussaillons, veillons au large, saluons nos prochains et gardons un oeil-paupières-écartelées sur les cargaisons.

Prochain : un requin bourlingueur, un crabe à grosses pinces, un vieux mollusque balaise blaise, un comme nous, superbe reflet dans l’écume.

Cargaison : une prochune, une crevette rose et grasse, une anguille frétillante et rutilante , une baleine, nan pas baleine, une chatte aquatique, une morue salace. Ça accroche la rétine. Ça semble irréel. Onirique. La petite sirène dans un bocal. Imbaisable, pas une fente devant derrière, mais tellement éclaboussante.

Je bandais.

Problème : relativement inconvenant de triquer dans une flaque de piranhas.

Problème bis : comme toute franche partouzade en enfilade, ce problème enflé queuleulait un deuxième problème sensiblement du même acabit. Petite la trompe mais couillue. Un mastodonte dans le sens de la largeur du genre « déconne pas, j’t’ai flairé ».

Cela faisait un moment qu’un pédéphoque me reluquait le fiacre. Je comprends, il s’agissait de sa gonze. La mare aux connards et vaillants crevards. Le fiasco à toute berzingue, je vais pas traîner : pas bon pour ma trogne. Désespérant. Je sentais qu’il me sentait pas, le nez assailli par les étrons de sa gueuze. Odoriférantes les hormones. Je détourne le regard. À contrecœur.

Jouir peinard sans entraves ?

L’été, j’arrête les poules d’o. Je desserte les porcs et terrasses. La seule douve honorable que connaisse mon levis reste encore le cœur tendre de mes paumes. Selon une équation admirable : hormones printanières en floraison, zonzon de spermato.

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