Hiver brûlant

interlude

Les nuits glacées de l'hiver, parfois offrent une chaleur qui vous porte à la limite de la brûlure. Ils avaient rendez-vous...

Elle avait des instructions qu'elle s'était méthodiquement appliqué à exécuter sans omettre même un infime détail; il l'aurait constaté immédiatement.

Le temps est un drôle de modus lorsqu'il est rythmé de l'attente accompagnée.

Un dernier regard anxieux vers son miroir et elle se lance dans son voyage. Le froid piquant dehors l'attrape sans préambule s'en allant vers ce waggon qui va la mener à lui.

Assise sur cette banquette ensuite, elle sent sur elle les regards alentours; enveloppée dans son manteau au toucher d'alcantara; camouflant à peine ses atours choisis et ses longues jambières lacées qui l'enserre comme une seconde peau. Malgré ces pressions de regard, elle d'ordinaire pourtant si pudique cherche à peine à cacher sa tenue si sensuellement évocatrice; elle est elle et une autre; elle est ailleurs déjà...

Les minutent s'égrenent et sa tension monte à chaque lecture de ses messages qui accompagnent son trajet et prépare la suite qu'il a pensé.

La voici à nouveau dehors, comme dans une bulle, elle ne sent plus la piqûre vive de cette nuit froide et poursuis à pied son chemin dans la direction ordonnée.

Elle a chaud et peur en même temps; empli de cette tension de son expédition vers l'inconnu qu'il a créé pour elle.

Un instant elle doute, s'arrête, allume une cigarette et lève les yeux le longs de cette tour, son regard l'emmène jusqu'à l'immensité du ciel. Elle a là, tout à coup, la vision du grand, de la démesure et de la beauté brute.

Tout son être vibre et reprenant son chemin, pas à pas ses talons claquent le macadam lui chantant la mélodie de l'ardeur...

" Installe toi à cette terrasse face à toi ", reçoit elle.

Elle ne l'a pas encore vu mais sait que quelque part il l'observe. Que ressent il se demande t'elle, en prenant place à l'endroit désigné ?

Puis... Le voilà... Il passe devant elle ne lui offrant qu'un coup d'oeil et s'installe à l'intérieur à une table où il la voit alors qu'elle ne peut que l'apercevoir.

Le temps est suspendu, elle se sait plus rien que ses émotions qui l'habite, qui la brûle litérallement...

" Change de place, viens à l'intérieur et demande à ce que l'on me serve un verre... ", lit elle.

Sans hésiter un instant, elle s'y applique, le serveur exécute sa requête avec un léger sourire, s'apprête à poser sa consommation à la table de l'homme désigné; elle le rattrape alors rapidement, lui indiquant :

" Non, pas là, à cette table ci je vous prie " tout en désignant la place du doigt. Il s'y emploie, interloqué.

Elle tremble à cette place, dos à lui, les jambe de biais comme il l'a souhaité. Son souffle est court, son coeur bat si fort qu'elle craint un instant qu'il bondisse hors de son corset lacé; l'attente est torture...

Combien de temps cette observation durat elle, elle ne le sait, interminable... Elle vit en ces instants toute la mesure de l'intemporel...

Un nouveau message cette fois la fait sursauter. qui dit : " A présent tu vas sortir, prendre à droite cette rue qui porte ton nom jusqu'au n° 156 et m'y attendre. PS : Tu es très belle ce soir... "

Il faut se lever, enfiler ce manteau au toucher doux qui la rassure un instant; son trouble est si grand qu'elle craint de trébucher avant de sortir.

Elle y parvient et sans se retourner se dirige vers l'endroit indiqué, accompagnée de la musique de ses pas sur l'asphalte glacée.

"156", c'est là... Elle entre et prend place sur le canapé de ce hall, le réceptioniste ne semble pas surpris de son entrée silencieuse.

Les minutes s'égrenent encore, sa tension s'est transformé en douleur. Un moment de panique s'empare d'elle, " Et s'il ne venait pas"... Elle regarde dehors au travers de cette vitre et ne vois rien que la nuit.

Puis... Sans qu'elle ne sache d'où il arrive, enfin, le voilà.

Il entre sûr de lui, la regarde froidement et lui indique d'un signe de tête de le suivre.

Un ascenseur, elle entre devant lui, les portes se ferment, il la plaque contre le miroir et se colle dans son dos. Elle voit le feu de ses yeux, elle sent l'ampleur de son désir dans son dos et dans ce baiser qu'il dépose le long de sa gorge.

La tête lui tourne.

Un arrêt, les portes s'ouvrent, devant des escaliers, elle les monte devant lui et enfin une porte où est inscrit 96 sur une petite plaque de porcelaine. Il ouvre rapidement et l'invite à passer la première.

En pénétrant cette chambre qu'elle parcourt du regard, elle constate qu'il y est déjà passé afin de préparer ces attentions qui vont rendre cet endroit si intimement le leur.

Elle sourit.

Dans cette chambre qui va leur permettre d'assouvir au delà de leur rêve, dans la chaleur brûlante de l'hiver, elle et lui furent...

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