Hope?
sergedecroissant
Je n'en peux plus de ce monde, il n'est pas le mien. Jeune mais déjà fatigué, d'une fatigue dont on ne récupère pas. Aucun espoir à l'horizon, tout est fini, tout était déjà fini il y a un siècle, tout est encore plus fini maintenant. Maintenant que les drones ont remplacé les épées, maintenant que les pauvres croient en la révolte pacifique, tous Gandhifiés qu'ils sont. Quand la rébellion s'opèrera-t-elle dans ces conditions? Jamais, c'est ma conviction, tout est fini. Impossible aujourd'hui de savoir si tu t'engages contre le bien ou le mal, le noir se dit blanc, le blanc se dit noir, et, de noir et de blanc lequel était le mal? Je suis lassé de tous ces cons qui ne veulent pas d'amour, moi qui ne demande qu'a aimer, j'en ai assez d'être trop lâche pour venir vous embrasser. Je ressemble à ceux que je hais et je ne sais plus à qui je voudrais ressembler.
J'aime les femmes, mais les femmes, je ne les vois pas, je ne vois plus qu'un fleuve de sorcières joliment vêtues, se rêvant inaccessibles. Je les ai vues autrefois les femmes, ont-elles vraiment changé? Je ne veux plus trouver de femme, je veux qu'elle me trouve, mais elle ne me trouvera pas, tout est fini, pour moi du moins. Il faut se battre! Se battre pour quoi? La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt! Seul mon oreiller m'apporte une ébauche de bonheur, je ne le quitterai donc pas avant la fin de l'après midi. Les rêves, réels ou artificiels, les rêves chimiques, les rêves de malt ou de ganja, je ne vis plus que pour mes rêves, qu'ils soient bons ou mauvais, j'y occupe toujours une place centrale. N'est-ce pas ce que je recherche... le centre, n'est-ce pas ce que nous recherchons tous, être au centre de quelque chose? Moi, je suis hors de tout, sauf de mes rêves.
Mes mensonges, je ne les supporte plus, je ne veux plus mentir, mais si je ne ment pas, je n'ai plus rien à dire. Mes convictions sont tellement inexistantes que je doute qu'une seule personne en aie vraiment sur cette sphère organique. Je me fais défenseur du prolétariat contre le négrier, mais c'est avec mon nez de Pinocchio que je gratte mes tickets de loterie. Je me dis vouloir vivre d'un rien, puis, mon coeur s'emballe lorsque j'entends ronfler le V10 d'une Dodge. Je parle de valeurs vraies mais je rêve de superficialité. Je pense trop, et mal, au point que j'en arrive à me vomir moi même, moi qui m'aimai tant. Je suis mal né, je rêverais d'être venu au monde assez imbécile pour me croire intelligent.
Les enfants, dieu que j'aime les enfants. Leurs petites voix criardes, leur énergie, leurs peurs éphémères et leur courage d'explorateur. Si je n'étais pas aussi taré, j'aurais aimé avoir des enfants, et j'aurais aimé mes enfants. Mais qu'est-ce que j'apporterais de bon à un enfant? Sur le long terme je veux dire. Je suis bien trop instable pour les écarter du danger, que ferait un enfant de tout mon pessimisme? Alors que l'enfant est l'optimisme incarné, non, j'aimerai les enfants des autres, mes futurs neveux, fils de mes frères de galère ou de sang. Je leur apporterai mon amour dans les bons jours et je m'éloignerai dans les mauvais. Rien n'est fini, non, rien n'est fini, car il y a les enfants. Chaque jour, dans une arrière cuisine, dans une chambre, dans une clinique ou dans un champ, chaque jour, c'est l'humanité qui renaît. Et chaque jour il est de notre devoir d'être avec ces enfants, de les aider à ne pas atteindre mon niveau de moisissure, ou le votre, je ne connais que le mien. Si tout individu n'est pas pourri, la masse l'est, nous le savons tous, faisons en sorte que ces petits cons s'en éloignent. Nous sommes l'échec, ils sont l'espoir.
@ Lyselotte: tu m'imagines bien, aux limites de la folie. Je te rassure ça va mieux, quand je pense trop de conneries, je les écrit, et en me relisant, je me rend compte que c'est des conneries. Un texte, comme je te l'ai dit, écrit un très triste soir d'automne, à prendre comme tel! En effet, écrire c'est partager, et c'est un vrai plaisir que de partager avec vous. Bonne journée!
· Il y a environ 12 ans ·@Nilo: Oui nous ne sommes pas tous pourris, comme je le disais à Lyselotte, c'est un texte pessimiste car il a été écrit dans un moment pessimiste. C'était un peu l'exercice de ce texte, retranscrire tout le noir qui m'avait trotté dans la tête durant la journée, sans chercher à y réfléchir. Bonne journée! (même si je t'ai déjà souhaitté la bonne journée sur un autre texte, ça te fera une journée doublement bonne je l'espère ;).)
Merci a vous deux de m'avoir lu!
sergedecroissant
Que c'est noir. Mais non nous ne sommes pas nuls, nous avons toujours quelques choses à partager. La preuve ce beau texte et je crois qu'il y a beaucoup de personnes vrais qui gagne a être connues ! Mais il faut oser aller vers elles.
· Il y a environ 12 ans ·nilo
Cette lamentation m’interpelle...Je t'imagine, à genoux, te balançant d'avant en arrière et psalmodiant ces mots...
· Il y a environ 12 ans ·mea culpa...mea maxima culpa...tu ne peux pas prendre la responsabilité universelle du bazar où nous vivons sur tes épaules...nous sommes tous un peu lâches, un peu courageux, un peu tout...partageons...écrire c'est partager...
lyselotte