Hors du temps ou la présence de la voix disparue

Juliet

Tu ne m'en veux pas pour la danse,
elle m'a fait perdre la cadence;
Ses grands airs me font des avances,
ainsi mieux elle me devance.

Tu ne m'en veux pas de me rendre ivre ;
c'est l'échappatoire qui me délivre.
Il me lit et me livre à moi-même,
il me bat et murmure qu'il m'aime.

Tu ne m'en veux pas pour la désertion.
Les traces devaient faire diversion,
mais elles m'ont trahi et guidé mon ombre
revenue hanter le fond de mes décombres.

Tu ne m'en veux pas pour le poème
que j'ai laissé comme un bohème,
essayant peut-être d'être compris
en n'ayant vécu que pour être pris.

Tu ne m'en veux pas pour les larmes sur la feuille,
mais si tu les vois alors c'est que tu effeuilles
mes pensées que j'avais gardées au fond de moi,
plaies pansées ou les souvenirs de mes émois.

Tu ne m'en veux pas d'avoir été lâche,
de laisser derrière moi une tache
qui n'aurait pas été si indélébile
si ma volonté n'était pas volubile…


Tu ne m'en veux pas pour la tristesse ;
Je la voyais tendre poétesse,
mais elle a raturé mes lignes
du noir profond d'adieux indignes.

Tu ne m'en veux pas pour la révérence,
et je te présente ma déférence.
J'abandonne entre tes mains cette lettre
qui raconte il était une fois l'être…

Tu ne m'en veux pas si à présent je sature

d'emprisonner en moi les maux qui me capturent,

et de confier l'entière relève
à ce toi dont tout mon cœur s'enlève.

Tu ne m'en veux pas si je pars.
Je voudrais qu'il ne soit trop tard,
mais les aiguilles courent et je ne peux les suivre ;
Je suis devenu sourd ce jour à l'amour de vivre.

(écrit le 29 juillet 2011)

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