Houellebecq
petisaintleu
Houellebecq, c'est un peu comme Modiano : tu en as lu un, tu en as lu dix. Aux introspections compulsives répondent toutes sortes de déviances sexuelles, comme des bateaux-phares.
Ce n'est pas que je n'aime pas Houellebecq. Il faudrait être sacrément torturé du cerveau pour se jeter sur son dernier roman avec l'unique objectif de se focaliser sur une scène de gang bang ou de zoophilie. Quitte à connaître un grand frisson érectile, autant se plonger dans une autobiographie comme La vie sexuelle de Catherine M.. Il faudrait être un sacré imbécile pour ne le résumer qu'à deux ou trois épiphénomènes qui ne sont qu'une marque de fabrique dans laquelle l'auteur s'est enfermée. Remarquez, il y aura toujours des crétins qui prendront Mein Kampf pour parole d'Évangile.
Quand je lis Houellebecq, une seule interrogation m'anime : est-il un grand écrivain ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'un grand écrivain ?
Il y a deux marqueurs pour le définir, l'espace et le temps. En d'autres termes, l'universalité et l'intemporalité. On pourrait y rajouter le style.
Que retiendrons-nous de l'œuvre de Houellebecq dans deux siècles ? Le lecteur du 23e siècle pourra-t-il s'y projeter dans ce qui est pour nous une évidence ?
Houellebecq est un spectateur de notre temps. Souvenons-nous de Soumission sorti le jour même de l'attaque de Charlie Hebdo. Il est le désespérant spectateur d'une société en déliquescence où seules les apparences comptent. Il sera donc passé de mode le jour où l'Homme aura réglé les problèmes de l'ogre libéral.
Quant à son style, il est très certainement aux antipodes de Huysmans dont le héros de son précédent livre en était un spécialiste. Je le trouve déconcertant, pour ne pas dire chiant. Je l'imagine la clope au bec, affalé, couchant les mots les uns après les autres pour se libérer d'une angoisse existentielle dont l'écriture est son seul remède.
Monsieur Houellebecq, savez-vous ce que j'aimerais ? Une page d'amour est le huitième volume de Zola des Rougon-Macquart. Sérotonine est votre septième opus. Oxygénez-nous dans le prochain et, pour une fois, ne serait-ce qu'un fois, montrez-nous la possibilité d'une île.
C'est le LF Céline de notre époque
· Il y a presque 6 ans ·arthur-roubignolle
"une seule interrogation m'anime : est-il un grand écrivain ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'un grand écrivain ?" <<< Je crois que c'est la bonne question à se poser :o)
· Il y a presque 6 ans ·daniel-m
Je l'ai vu dans un télé film où il jouait son propre rôle. Kidnappé par des branquignoles sympatriques, ils s'attachait à ses ravisseur, mais pas dans un syndrome de Stockholm. Il était tordant, et le film délirant, mais plaisant. Autrement, je ne suis pas fan. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
La disparition de Michel Houellebecq de mémoire. Perso, j'adorerais le rencontrer.
· Il y a presque 6 ans ·petisaintleu
moi, aussi car c'est un personnage spécial, mais original. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé