Icar ou la conquête de nouvelles frontières

Matt Lademo

Chronique

Paris / 24 février 2025

 

Il y a deux jours, Apple par la voix de son fondateur Steve Jobs a annoncé la sortie de l'Icar sa nouvelle révolution. Mis en point en secret dans les laboratoires de recherches privé du fondateur de la marque à la pomme cette nouvelle invention marque une stupéfiante rupture dans le chaine des innovations numérique de ces cinquante dernières années. Il s'agit rien de moins que de permettre à l'homme de se télé transporter.

En exclusivité pour les lecteurs de d'Utopia Mag, Steve Jobs a accepté de m'ouvrir les portes de son laboratoire.

 

Vue de l'extérieur rien ne permet de desceller que l'immense bâtisse qui s'ouvre devant vous abrite le laboratoire de recherche le plus développé du monde. L'herbe est coupée de près, les colonnades en brique qui encadre la porte d'entrée rappellent l'architecture victorienne des maisons de la côte est. De part et d'autre de gros cubes de béton blanc dessinent une façade fuselée traversée par des ouvertures de verres laissant partir le regard vers l'horizon bleuté du Pacifique. Le subtil équilibre géométrique des bâtiments donne la sensation que la maison flotte dans le vide. Dans le parc environnant de grands magnolias surplombés par un bouquet de séquoias géants apportent une touche de convivialité bienvenue. L'homme de confiance qui est venu me chercher à l'aéroport m'entraine à l'intérieur. Je n'avais jamais entendu parler de cette propriété auparavant - Steve Jobs ayant toujours jalousement gardé le secret sur sa vie privée et sur ses possessions. Je traverse le hall d'entrée et suis conduit sur la terrasse en teck où m'attend le maître. Il m'accueille d'une poignée de main énergique et comme une réponse à mon émerveillement m'invite à contempler le soleil qui descend sur l'horizon. "Nice isn't it ?" et il termine "Would be nice to follow the sun ?”.

Sec et droit dans son éternel col roulé noir, il me fait signe de le suivre. Caché par un rideau japonais, nous empruntons un ascenseur, que je devine, par sa position à l'intérieur de la maison, creusé directement dans la falaise. Après une descente de 2 minutes à peine, nous pénétrons dans un couloir blanc d'une dizaine de mètre de long. A son extrémité un halo de lumière orange s'échappe. En une fraction de seconde le faisceau léger d'une lampe infrarouge scanne ma pupille. Me voilà fiché. Une lourde porte en verre blindée coulisse avec légèreté pour nous laisser passer. Je m'arrête touché par la stupéfaction. Devant moi se dresse un paysage insoupçonné. Une salle blanche de plusieurs hectares, haute comme une cathédrale, dans laquelle trône un bon millier de serveurs. Steve me montre avec malice la grosseur des conduits de refroidissement qui communiquent directement avec les eaux du pacifique. Je suis sonné mais je ne comprends pas à quoi tout cela peut bien servir. Il sourit de plus belle et me désigne du doigt ce qui ressemble de loin à un container. "Voilà l'Icar" me dit-il et vous allez être le premier, après moi, à le tester. Je reste sans voix. « Tester ? Mais de quoi s'agit-il ? » « Une machine à voyager. » « A voyager ? Vous voulez dire un sous-marin ? Une capsule sous vide comme l'avait imaginé votre confrère Egon Musk ?" « Non ! Beaucoup plus fort que tout cela réuni. Un voyage hors de votre corps." "??" Je marque un temps d'arrêt et fais un pas en arrière. "Vous vous souvenez du 24 mars 2014 ? Le jour où Facebook a voulu acquérir Occulus pour 2 milliards de dollars ? Et bien c'est moi qui ai finalement gagné les enchères. Vous entendez. Pas Apple. Moi ! A titre personnel. Ça ne s'est pas su à l'époque car j'ai intimé l'ordre aux fondateurs de garder le secret. Et le résultat c'est ce que vous avez sous les yeux. La plus extraordinaire machine que l'homme n'ait jamais inventée. La machine à voyager hors de son corps." "Je ne comprends pas. Il s'agit d'un robot ?"" Non bien plus que cela. Le principe est simple. Au fond un homme qu'est-ce que c'est ? Ni plus ni moins que du hard et du soft. Une enveloppe charnelle et de la data, mue par un système d'exploitation. Et imaginez mon cher que nous arrivions à désolidariser l'un de l'autre ? A connecter l'unité centrale qu'est le cerveau humain avec un corps dissocié de lui ?" " Un peu comme si on allongeait la longueur des vaisseaux et des connecteurs entre le corps et le cerveau ?" "Exactement. Et comme si on faisait voyager les informations entre l'un et l'autre aussi aisément que de vulgaires données échangées sur le web." "Vous voulez dire ??..." Je bredouille."… que nous pourrions alors vivre une expérience à distance sans avoir à se déplacer physiquement d'un site à un autre ?..." "A condition de disposer des bons récepteurs au bout de la chaine." "…Qui pourraient ressentir les signaux de la même manière que mon propre corps ?" "C'est ça. Je vois que vous comprenez vite." Il éclate de rire. "Et maintenant à vous de jouer !".

J'entre dans un sas de préparation où une assistante me tend un équipement semblable à celui d'un plongeur sous-marin : une combinaison et un masque, lointain cousin de l'Occulus Rift de 2014. Ainsi affublé je pénètre au cœur de l'Icar, une sorte de grand container en alu brossé à l'intérieur duquel est disposé un tapis roulant de 3 mètres de long. Un technicien me rejoint pour fixer le masque sur mon visage et procéder aux derniers réglages. Il m'interpelle :"Ok pour Melbourne ? " "Comme vous voulez". Puis il se retire et engage le compte à rebours "4, 3, 2, 1… c'est parti !!!".

L'expérience est extraordinaire. En l'espace d'un instant je suis au cœur de Melbourne. Sous le soleil de midi. Je lève la tête, je vois le ciel. Mieux que cela je le ressens. Je suis ébloui comme je le suis dans la réalité. Je regarde autour moi et je peux voir à 360°. Je suis sur le terrain de basket d'un complexe qui semble être celui d'un campus universitaire. Je baisse les yeux et je vois mes pieds. Ceux-là même que j'utilise tous les jours. Des pieds qu'il y a encore 3 minutes étaient physiquement présents à Cupertino. Waouh ! L'illusion est totale. Je décide de bouger les jambes. Et de la même manière que je le ferais dans la réalité de mon vrai corps - Oh! Surprise !! - ça fonctionne. J'avance. Depuis mon tapis roulant dans l'enceinte confiné de mon container à 100 mètres sous la maison de Steve jobs je fais fonctionner un corps artificiel à plus de 8000 km de là. Un jeune type, qui ressemble à un thésard en cybernétique, m'interpelle. "Alors ? Ça fonctionne ?" "On se connait ?" "Vous non. Moi oui." Il me tend la main. "Markus. Directeur du projet Icar en Australie." "Enchanté" "Partant pour un basket?" me dit-il en me lançant le ballon.

D'un seul coup le soleil disparait. Je retombe lourdement sur mes pieds et j'entends au loin le cri strident d'une sirène. Une main se pose sur moi et m'enlève mon masque. Je suis épuisé. Comme un hamster qui aurait trop tourné dans sa roue. Steve Jobs se tourne vers moi "Alors cher ami ?" "C'était… Je n'ai pas de mots" "Dépaysant, n'est-ce pas ?" "Epoustouflant !! Mais que voulez-vous faire de cette invention ? Ce sera bien trop cher pour le commun des mortels ?" Il lève la tête vers le ciel étoilé de la nuit californienne. "L'objectif c'est Mars mon brave. Nous sommes à l'aube d'envoyer des émulateurs de nous-même dans l'espace… Pour conquérir de nouvelles frontières !!".

 

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