Ici et maintenant, soyons vivants.

Juliet

Tu me reviendras, Souverain ?
Pour gouverner sur la solitude du dernier soir.
Je veux perdre sur mon terrain
pour avoir une excuse de me plonger dans le noir.
J’ai une raison pour chacune de mes frasques,
mêlant les saisons dans chacune de mes fresques.


Reviens-tu, au creux de mes reins ?
J’achète des sérénades avec de l’argent ;
peu à peu j’ai le même visage que ces gens
et je me suis trompé de train.
Pourtant je crois que je vais toujours y rester
pour me cacher de ceux qui m’auraient détesté.


Me chanteras-tu ton refrain ?
J’ai perdu un peu mon entrain
lorsqu’il s’agit de suivre les autres dans la mesure,
car je ne mesure plus ma valeur par ma nature
mais par le nombre de regards que tu me lances.
Finalement je pense à moi en transparence.

Viendras-tu au moins mettre un frein
aux élans qui me conduisent dans un gouffre plus profond
que celui dans lequel tu venais te marquer jusqu’au fond.


Trop calme pour être serein,
j’ai si faim que je ne peux plus rien avaler,
pas même ces larmes traîtresses trop salées.


Je dors toujours sans le moindre sommeil,
ferme les yeux dès que je me réveille
pour ne voir l’obscurité du soleil
qui ne brille jamais plus que la veille.
Je ne peux choisir un côté de la balance ;
l’un d’eux est la résignation de ton absence.


Le second est le retour de tes caresses
mais il n’est qu’un rêve empli de mes ivresses.
Et même si je te trompe avec une étrange fée
tous ces soirs où pèse la solitude,
il n’en tient qu’à toi de réécrire un conte parfait,
me faire reprendre de l’altitude.


Tu me reviendras, Dictateur ?
Redonner un souffle à mon cœur.
Je ne veux pas d’un million de rêves
parce qu’ils ne sont beaux que sous forme de réalité.
Je ne veux pas qu’un autre m’achève ;
si ton amour seul m’a alité c’est qu’il l’a mérité.


Tu reviendras me faire honneur ?
Et me rendre digne de porter une couronne.
Être riche m’achète un bonheur,
mais je suis pauvre sans toi pour régner sur mon trône.
Je voudrais bien m’endormir sur mes lauriers
mais si je les avais je n’aurais à prier.


Tu reviendras me faire ton sujet ?
Sans futur il n’y a pas de projet,
mais il ne t’inspire que du rejet
ce futur depuis que je te compte dedans.
Laisse-moi jouer même si je suis perdant.
Jouons à la guerre si l’on est dissidents.


Tu me reviendras, Seigneur ?
Enluminer les rues intérieures de mon Royaume.
Tu deviendras mon saigneur ?
Il faut bien blesser un cœur pour y remettre du baume...


Certainement, la bague tombée de ce doigt maigre
apportera sa douceur à une vie intègre .

(écrit le 31 décembre 2011)

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