Ifé des Fleurs
albertine-slahor
Synopsis
Un mardi soir tardif, à l’institut de médecine légale de Genève, Malvina décèle dans l’œil d’un cadavre un étrange élément. Avec son scalpel, elle égorge par réflexe l’homme venu récupérer cette lentille. Cela la plonge dans une excitation terrible. Soudain un nouvel individu apparaît. Or sa fébrilité lui permet non seulement de désarmer mais aussi de renverser fougueusement cet homme, le Maître du Temps, venu récupérer – lui aussi! – l’objet. Il en est soufflé au point de proposer : « Vous êtes une tueuse née et j’ai précisément besoin de jeunesse et de féminité dans ma firme.»
Malvina hume ces multiples avenirs qui s’entrelacent, embrasse férocement l’homme et saisit son sac. «Je suis une féministe qui découvre sa vie ennuyeuse.» Après un faux-témoignage de dinde effarouchée, Elle prend congé de son emploi pour s’accomplir en tueuse. Voici donc le premier crime de la longue carrière d’Ifé aux fleurs. Nouvelle recrue et amoureuse du Maître du Temps, il la baptise ainsi pour son rougissement dans la jouissance et son goût des poisons comme des bouquets. Un séjour en Biélorussie lui apprend le maniement de armes à feu, les techniques de combat rapproché, la manipulation des innocents et les faiblesses des systèmes financiers et politiques.
Pour sa première mission, elle doit livrer la lentille. Elle se rend d’abord chez un dentiste coquin afin d’aménager une cachette dans sa molaire et y enchâsser l’objet du délit. A son retour, elle découvre la porte de la propriété entrouverte. Juste le temps d’abattre trois individus dont un lui souffle: Rien ne perdure hors de Chaos Internal Agency. Son protecteur gît, assassiné, devant les ordinateurs calcinés. Mais pour qui travaillait-il vraiment? Si elle se permet des pleurs et un Veuve Cliquot rosé, elle repère deux cachettes et un téléphone crypté. Elle arrache les dents des assaillants: cela peut servir. Stanislas, le groom, rangera ce massacre ! Désirant se venger, elle décide d’exécuter la livraison de la lentille, bien qu’elle n’ait toujours pas pu la déchiffrer.
Lorsqu’elle arrive au bar de la rue Plantamour, elle a juste le temps de courser un homme qui vient de poignarder son client. Si elle le perd, elle récupère tout de même un mobile où aboie une voix masculine et probablement suisse allemande; le numéro est identique au premier téléphone… Enfin une piste pour ce commenditaire contrariant ! Après s’être délassée au hammam des Pâquis et avoir profité d’un maître nageur, Ifé, la nuit tombée, se rend sur l’émetteur couronnant le mont du Salève, pour y placer un traceur. Bien qu’un gardien tente de l’en empêcher, comme une panthère, elle accomplit sa mission.
Un rhum lui fait rencontrer un informaticien à l’Usine dansante. Stupéfait qu’une femme aussi sublime lui adresse la parole et peu coutumier des Ginger-Fizz, il lui livre la clé du code de cryptage. Et c’est sur l’ordinateur de notre petit génie gémissant encore qu’Ifé découvre la raison de tant de morts. Sur la lentille est non seulement consignée la liste des commanditaires d’une société de pharmacologie prônant un programme d’aide «à perte» du tiers-monde touché par la pandémie du SIDA, mais surtout la composition et les résultats cliniques d’un vaccin. Or il s’agit d’une bombe à retardement ! En effet, le virus du SIDA s’active au bout de trois ans si un antidote n’est pas régulièrement administré. Et celui-ci coûte cher. Même pauvre comme Job, on trouve toujours le moyen de sauver sa peau! Surtout si l’administration doit être annuelle, sans quoi le corps se délite. Et à l’échelle d’un continent, 20€ la prise, cela fait beaucoup d’argent…
Elle découvre ainsi que son premier amant - plus limace que renard - se trouve parmi les « experts » qui se sont assuré la mainmise sur l’entreprise. Elle se promet de lui rendre une visite vengeresse. Le lendemain, après la commande délicieuse de gants en chevreaux, Ifé sonde sa demi-sœur Marie-Marguerite Anakarian, financière redoutable, sur SAM-Chemik, dont le maître d’œuvre est Karl Chorbel, milliardaire et politicien populiste hautement placé. C’est le propriétaire du numéro! Ifé propose alors à Chorbel une rencontre au Jardin de Cocagne afin de lui rendre sa lentille contre un petit trésor. N’est-on pas une mercenaire !? À sa grande déception, il envoie une horde d’assassins au rendez-vous. Mais déjà sur ses gardes, Ifé engage alors un combat se soldant par sept morts, un otage adolescent et la dévastation des jardins.
Ne pardonnant pas cette traîtrise dans les affaires, Ifé, emmaillotée d’une burka, s’introduit dans la banque principale de K. Chorbel et la fait sauter. Puis elle subjugue sexuelement Peter, l’otage adolescent. Sous hypnose, celui-ci revient au QG de Chorbel. Lors de l’interrogatoire, lorsque, ce dernier prononce l’attendue insulte «Salope de…», Peter se jette sur lui et l’égorge.
Au retour d’un concert, Ifé découvre un bouquet de Lys avec une carte sur sa table de chevet:
Vous avez passé brillamment votre exercice.
Chaos Internal Agency
Portrait
Malvina, aux yeux de ses intimes disparates, est un caméléon; ce qui lui a permis de survivre en jouant de la sottise du monde. La Nature lui a permis d’hériter de jambes slaves, d’incisives pointues qui font miroiter les yeux des nonnes ainsi que d’un regard vert incandescent. Malencontreusement, elle a aussi reçu un cerveau performant et une stricte éducation: violoncelle, danse classique, karaté et échecs régnèrent sur son printemps. Elle en émergea inadaptée au monde où règne cruellement la médiocrité et les chiens. «Malvina, pourquoi n’être pas heureuse si nous avons tout fait pour!» se lamentaient devant ce paradoxe ses parents désuets qui périrent lors d’une randonnée. Toujours un livre en poche[1], elle soigna cette singularité par des études et un doctorat fulgurant sur «L’interaction des molécules au quotidien».
Malvina rumine souvent: «Maintenant, je stagne, la cervelle délavée par des étapes sociales. Je commence à mourir consciemment.» Au hammam, elle rêve à une amitié face aux groupuscules de filles hilares. Elle se console avec des cakes invraisemblables[2] et philosophant avec Nikodim, siamois perle. L’unique chose qu’elle partage avec sa demi-sœur, Marie-Marguerite la financière, c’est un amour absolu pour la soie et la contrariété d’un secret.
Adorant danser[3], Malvina lutte régulièrement contre un empivoinement la force à saisir un corps masculin ou féminin. Elle le soumet à la délicieuse contrainte d’un effondrement vertigineux et du silence en public… Pourtant les histoires d’Amour ne lui réussissent pas…
Elle se découvre miséricordieuse, car abréger le temps alloué à l’humain est divin, littéralement. L’accord merveilleux entre le Maître du Temps et elle lui a ouvert une univers redoutable qui la passionne et inonde son corps luxuriant de torrents d’adrénaline. Ils sont partis fêter cette nouvelle vie par un workshop particulier afin de s’initier au savoir-faire de l’assassin, une dégustations de rhum et une nouveau nom: Ifé aux fleurs, pour son rougissement dans la jouissance et son goût des poisons comme des bouquets.
Toute son enfance, elle aspirait au suicide, et maintenant? Elle est maîtresse de son monde. Effroyablement. Suavement. Définitivement. La mort de son mentor assassin lui a retourné la morale. Dès lors, elle court comme une louve dévorante après ses assassins. Elle vend à présent ses prestations au plus offrant, usant du voile comme passe-partout et des enfants comme coursiers pour ses armes. Elle supprime avec sollicitude tous les témoins et leur descendance afin d’atténuer la souffrance et le bourgeon de la vengeance. Parfois, à l’arme blanche, elle termine le cambré d’une variation florale que le sang a dessiné, puis ferme les yeux des morts. Extrêmement scrupuleuse au travail, elle ne se sépare jamais de ses gants, lunettes et ballerines. Cela lui permet de se fondre partout, feindre et toucher quiconque. Personne n’est à l’abri. Même Chaos Internal Agency qui cherche à l’inclure dans ses rangs !
Scène sexplicite
La vie bascule lorsque Malvina découvre un corps étranger dans l’œil d’un cadavre et sent une présence masculine. Le tueur qui la surveillait jusqu’à l’obtention de l’objet réagit trop tard. En revanche, le scalpel ouvre la gorge de l’intrus en une merveilleuse fleur de chair. Malvina remercie intérieurement l’âme de sa maman pour ses leçons d’hygiène et de karaté érigées en réflexes. Mais un torrent d’adrénaline lui monte par vagues depuis le sexe, venant lui battre dans la langue. Soudain, un homme au regard pers l’applaudit délicatement. «Je suis ravi, Mademoiselle, ravi de faire votre connaissance». Elle le jauge d’un d’œil de Chienne de l’Enfer: bras athlétiques et imberbes où les veines dansent, des yeux immenses, le corps dans la posture du chasseur. Ils se sourient, carnassiers. «Comme j’aime ce regard calme et obscène qui me déshabille!» Écarlate d’adrénaline, elle sait qu’il est là pour la supprimer: «Promis, ce ne sera pas douloureux.»
N’ayant plus rien à perdre, elle bondit, et le plaque dans l’embrasure de la porte. Respirant son parfum Égoïste, elle lui mord sauvagement le cou pour sentir battre son cœur comme sa peur. Elle lève ses mains soignées au-dessus de sa tête et l’embrasse. Elle le plie jusqu’à ce qu’il cède dans un soupir et que sa langue comme son sexe se libèrent. C’est encore une joute, mais elle change de registre. Après un baiser qui lui tend la colonne et trempe sa culotte petit bateau, Malvina saisit la gorge de son adversaire: «Qui es-tu ?»
«Le Maître du Temps» répond-il. Il la soulève alors comme une plume, la pose durement sur la table, en évitant le sang répandu. Il lui presse les fesses sans jamais décoller ses hanches. Elle déchire sa chemise pour découvrir une poitrine perlant de sueur où une rougeur répond à ses joues enflammées. Tandis qu’il lui enlève ses vêtement, découvrant aléatoirement la peau, il ajoute à cette accélération sensuelle, l’exquise contrainte du tissu. Elle attrape la chevelure de son amant et le fait descendre lentement afin qu’il lèche son corps comme débordant de son épiderme jusqu’à atteindre son sexe sursensible. Un premier juron lui échappe, lorsque serrant sa joue contre la rugueuse dentelle, il inspire la fine cyprine envoûtante. Sa langue s’infiltre en elle tandis qu’elle tente de le tenir à distance, que son souffle l’excite davantage! Il lui maintient le dos cambré en pressant ses seins d’une main affamée. Puis, elle le lève vers elle et se penchant, l’écrase au passage de ses seins ardents. Elle suce très lentement sa verge battante en soupirant au passage sur le gland, avant de l’engloutir d’un coup. Une plainte. Un instant, une paume chaude lui tient la nuque. Cette sucette est infernale et lorsqu’elle remonte vers lui, luisante comme une sirène, seule la jouissance guide leurs gestes. Elle s’installe alors sur lui, serpentine et reine de ses reins. Très vite, les mouvements s’amplifient, profonds et irrévocables, appelant les nerfs à s’embraser. Il glisse alors sa main sous ses fesses et tient son pouce juste à l’orée, Malvina happe l’air et contracte son étreinte. Il se colle alors à ses lèvres et avale son cri de jouissance, la regardant avec obscénité. Il jouit à son tour, presque mortellement. Les soubresauts, répliques tectoniques, les jettent en arrière, fronçant les sourcils, perdus en eux et comme se scellant l’un à l’autre, en rythme et en profondeur, légèrement à contre-temps, juste ce qu’il faut pour jouir une seconde fois sous la lumière crue.
Scène d’action
La montée en téléphérique lui a engourdi les doigts. Encore heureux que la bise noire ne fait que se lever! Ifé se met à courir vers l’émetteur, le traceur bien au chaud contre ta poitrine. «Pourvu que Navid l’aie réglé sur la bonne fréquence.» Son iphone lance un son rageur[4] pour ressembler à une joggeuse ordinaire, mâchant des gummibears. Au sommet, la grille ceinturant l’émetteur ne la décourage guère. Elle prend appui sur les barbelés et s’élance dans un salto en évitant - merci les lunettes infrarouges - le balayage du système d’alarme. Elle court vers la tour. Soudain, un vigile apparaît à une fenêtre, elle a juste le temps de se cacher. Il devrait déjà ronfler! Elle discerne ensuite les vagues sons d’un porno tchèque où pleure la fille.
Elle s’enfile dans l’échelle circulaire comme un écureuil, grimpant silencieusement les échelons. Malheureusement un corbeau la dénonce et le gardien accoure. Il braque sur elle un lampe torche: «Tu cherches de la compagnie? J’aime bien les petites filles désobéissantes…» «Vieux connard visqueux, ton cerveau en poudre et moi ne jouons pas dans la même catégorie» maugrée Ifé. Elle atteint la plateforme intermédiaire et s’abandonne contre le grillage, la main droite comme détachant son soutien-gorge. Lorsqu’il parvient, soufflant mais se massant déjà l’entrejambe, suffisamment près pour qu’elle fronce le regard devant son halène fétide, elle l’inonde de spray au poivre et lui décoche un genou bien centré. Hurlant de rage, il réplique vivement avec un uppercut glacial sur le plexus. Elle roule sur le sol en reprenant son souffle: «Connard de bodybuilder défoncé». Au moment où il lui agrippe âprement le buste, menaçant de la menotter, elle le claque vigoureusement. Enfin, elle l’abrutit d’un coup de pied dont Bruce Lee ne rougirait pas. Elle se saisit instinctivement des menottes et l’attache à la clôture. Pris à son propre piège, agenouillé, il pleure à gros bouillons sanguins. Elle le regarde un instant, s’approche de lui et le relève délicatement. Elle murmure: «lève-toi, que ta Douleur prenne bien toute la place.» Elle lui extorque encore les clés de la salle de contrôle. «Pourquoi se gêner, non?»
Elle monte prestement au dernier étage de la tour, en évitant les caméras de surveillance et entre dans la salle des machines. Selon le plan, il lui faut ouvrir le bloc 5Bz et insérer sa puce en tressant le fil d’appel au fil azur qui devrait s’y trouver. Well Done! Elle vérifie sur son portable le fonctionnement du traçeur qui ronronne déjà. Un jeu d’enfant, cette technologie. Elle sort sans oublier de tout remettre en place et d’activer la protection: un demi grammes de semtex. Percevant un mouvement à la limite de sa vision, elle se baisse instinctivement en évitant une balle. Elle s’adosse vite à la rampe, mettant ainsi un obstacle entre elle et le tireur. Oh! la sueur de la peur, gluante comme un pélican du Mexique. Le dogue humain s’avance, convaincu de l’attraper. Imperceptiblement agacée, elle sort son silencieux et lui troue les genoux. Volant jusqu’à lui qui couine pathétiquement, elle le désarme et appuie son talon sur le sexe de l’infâme jusqu’à sentir l’effet du presse-ail à travers le grillage du sol. Elle se glisse rapidement hors de l’enceinte. Remerciant les vents généreux, elle s’élance dans les airs grâce à son aile repliable qu’elle avait laissée, bien cachée, sur le chemin de l’aller. Une envolée nocturne et je suis en escarpins avec un ginger-fizz d’ici une heure !
[1] Selon l’humeur un Quignard ou un Despentes
[2] Oseriez-vous le hareng mariné et tomates séchées ? Perversemment divin.
[3] http://www.youtube.com/watch?v=trn1f-IDfro ou http://www.youtube.com/watch?v=WBxyhNdevoY
[4] Un Homme pressé de Noir Désir