Rififi dans les calenques
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L’entretien (description du personnage)
Bien qu’averti, Nicolas Frécourt resta bouche bée : une splendeur venait d’entrer dans son bureau. Grande, blonde, raffinée, silhouette voluptueuse et sportive, on l’aurait crue droit sortie d’un rêve.
- Mademoiselle Natascha de Broyère ? Asseyez-vous, je vous prie.
Elle croisa les jambes découvrant une cuisse longue et musclée. Une sensualité étouffante envahit la pièce. Stoïque, Nicolas se raccrocha à ses réflexes professionnels.
- Nous avons étudié avec intérêt votre CV. Votre candidature est pour le moins atypique.
- Le poste que vous proposez l’est tout autant.
Elle s’était allumé une cigarette et exhala la fumée par les narines.
- Je sais ce que vous n’avez l’intention de dire qu’à la personne que vous recruterez. Cette mise à disposition de l’OTAN par l’ambassade de l’Union Européenne est une blague. Ou plutôt une couverture pour mettre en place une cellule secrète dont le budget sera dissimulé aux contrôles de la Commission Européenne. La défense de l’Union n’est pas pour demain mais vous êtes déjà en train d’en faire naître les services secrets.
Nicolas laissa échapper un sifflement mi-admiratif, mi-inquiet. La partie s’annonçait passionnante et compliquée.
- Puis-je savoir qui s’est permis ces indiscrétions ?
- Un bon agent protège ses sources.
Il se racla la gorge.
- Revenons à votre candidature. Issue d’une famille aristocratique de Neuilly-sur-Seine, vous faites vos études à Saint Cyr. Tradition militaire familiale ? Ce qui est surprenant c’est que vous êtes également diplômée en Marketing International des Produits de Luxe.
Elle sourit et Nicolas crut que la tapisserie du bureau allait s’en décoller.
- Le Yin et le Yang, monsieur Frécourt. Je suis une femme équilibrée parce que je sais harmoniser mes contraires, virilité et féminité, violence et douceur, action et réflexion.
- Votre CV ne mentionne pas de stage au Tibet, je suppose que vous avez eu la révélation toute seule. Bon... pendant deux ans vous travaillez comme consultante internationale pour LVMH, mais vous êtes également salariée par la DGSE...
- Salariée, façon de parler, ces gens paient une misère.
- Toujours le Yin et le Yang, je suppose ? Vous utilisez votre couverture de consultante pour des activités d’espionnage, lesquelles doivent par ailleurs vous aider à décrocher des contrats ?
- Je n’aime pas ces insinuations...
- Vous démissionnez de LVMH et vous rejoignez une unité spéciale en Afghanistan avec le grade de lieutenant. Le Yang semble alors prendre pas sur le Yin. Vous participez aux opérations les plus musclées, celles qui sont pudiquement dissimulées aux médias mais dont j’ai le détail ici. Les rapports de vos supérieurs mentionnent unanimement un courage et une adresse au combat exceptionnels ainsi qu’une résistance physique hors norme, supérieure à celle de la majorité de vos camarades masculins. Lesquels ne sont pourtant pas des bibelots de sucre.
- Tout est dans la tête, monsieur Frécourt. J’ai compris ça très jeune. Une volonté d’acier et le corps suit. Toujours.
- De retour en France, vous naviguez entre différents services et missions à la DGSE tout en reprenant en indépendante votre ancien job de consultante en Luxe...
- Et me voici. Vous savez tout.
Nicolas attendit quelques secondes pendant lesquelles il savoura d’avance l’effet du SCUD qu’il allait tirer.
- Oh, oui, nous savons tout. J’ai ici et par écrit les témoignages d’une douzaine de vos anciens amants et maîtresses. Chacun décrit à sa manière de stupéfiantes prouesses sexuelles nourries par une imagination débordante et un appétit insatiable. Les détails sont très précis, j’en ai presque vingt pages.
Les yeux de Natascha s’exorbitèrent.
- Qui... Qui a osé ?
- Un bon agent protège ses sources, mademoiselle de Broyère. Ces pauvres êtres éconduits ont sans doute voulu vous nuire mais ont réussi tout le contraire. Pour le poste que nous proposons, il nous faut un candidat qui n’ait froid ni aux yeux, ni ailleurs.
Natascha s’était reprise.
- Bon... et quand commençons nous ?
- Avant de signer un contrat à durée indéterminée, nous allons, comme il se doit, débuter par un petit galop d’essai...
Synopsis : du rififi dans les calenques
Qui ?
Saïd Ben Sali : officier du renseignement tunisien, Saïd s’est laissé benoîtement surprendre par la Révolution de Jasmin. Ses comptes en Suisse mal sécurisés ont été saisis et il a dû fuir en urgence, nombre de rancuniers rêvant d’avoir sa peau. A soixante douze ans, il rêve désormais de prendre sa retraite mais manque de liquidités. Heureusement, il a patiemment accumulé documents et preuves explicitant une multitude de malversations où ont trempé nombre d’hommes politiques et de chefs d’entreprise européens. Trop vieux et trop fatigué pour se lancer dans une entreprise de chantage au détail, Ben Sali a décidé de mettre d’un coup toute la liasse d’informations aux enchères et espère que la somme récoltée lui suffira pour passer le reste de ses jours au Pérou, aux Philippines ou dans n’importe quel endroit où le soleil brille et où la bienséance locale veut que l’on ne pose pas de questions à un homme plein aux as.
Nicolas Frécourt : Le dynamique patron quadragénaire de Natascha voit loin. Récupérer les documents de Ben Sali lui permettra de se faire beaucoup d’amis très hauts placés qui seront autant d’accélérateurs pour son ambitieuse carrière. Seul souci : le budget de son service est squelettique et ne lui permet pas d’espérer concourir aux enchères. Enfin, pas dans les règles, tout du moins...
Le baron Maxime de Maincourt : Gustave Mainrol de son vrai nom ne manque ni de culot, ni d’entregent. Homme de l’ombre, il est capable de risquer vie et fortune pour un peu de distraction et d’amusement. Contre dix pour cent de la transaction, il organise la vente aux enchères en son fief de Marseille et son concours rassure Ben Sali car personne ne connaît la ville phocéenne et ses rouages secrets aussi bien que le baron. Il anime l’association “Méditerranée Liberté” qui, derrière une devanture de lobby politique ultra-libéral, dissimule de fait un club de partouzeurs ultra select.
Tahar Maadé : D’origine libanaise, Tahar Maadé est un des plus riches armateurs de Marseille et a des intérêts financiers sur tout le pourtour de la Méditerranée. Il compte parmi les grandes fortunes de la ville. On n’acquière pas tant d’importance sans avoir quelques menus défauts et le moindre de ceux de Tahar est son manque dramatique de sens de l’humour : quand il a appris que Ben Sali, son associé de trente ans, était près à divulguer aux enchères toute une série de secrets censément bien gardés, Tahar n’a pu s’empêcher de prendre la chose d’une façon très personnelle.
Magyar Maadé : “On n’est jamais trahi que par les siens”, dit-on et le dicton s’applique à merveille à Magyar Maadé, fils aîné d’un père tyrannique et décidé à finir centenaire. Les documents de Ben Sali ayant de quoi envoyer son ascendant à l’ombre pour quelques dizaines d’années, Magyar y voit une magnifique opportunité de devenir directeur général de l’entreprise familiale avant d’avoir lui même les cheveux blancs et un dentier.
Mister Lin : La Chine s’est ouverte au monde et aux bienfaits du commerce international. Elle se donne les moyens d’investir et Mister Lin, formé aux arcanes financières internationales et émissaire du Parti Communiste Chinois est un homme qui pense l’avenir. La brassée de documents de Ben Sali permettra l’achat de bien des consciences et représente un investissement de premier choix pour l’Empire du milieu. Paradoxalement, il est le seul des protagonistes de l’histoire à vouloir jouer le jeu et à accepter d’acquérir les documents de Ben Sali contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Marcel Lebrancheau est un sénateur local trempé depuis des décennies dans des affaires de marchés BTP publics louches et de main d’oeuvre tunisienne clandestine et exploitée. Il est atteint d’un cancer de la prostate et panique à l’idée que ses malversations arrivent sur la place judiciaire pour l’envoyer agoniser en prison. Il ne fait pas le poids face aux autres concurrents et le sait. Mais les cons ne sont pas les seuls à tout oser : la témérité est aussi le grand attribut des désespérés.
Où ?
Ca se passe à Marseille, Marseille et son désordre, ses poissonniers, ses maffieux, ses putes et ses supporters fanatiques. Ca se passe dans un labyrinthe de ruelles crasseuses où le linge suspendu dégouline le long de façades balafrées, ça se passe devant le vieux port, le long de la Canebière, entre les joueurs de pétanque et les buveurs de pastis. Ca se passe en Provence, dans des villas magnifiques perdues dans des champs de lavande et dans la musique des cigales, sous un ciel azur somptueux qui se fond à l’horizon avec une mer couleur saphir.
Et ça va être un sacré bordel.
Scène érotique
(Natascha a convaincu le baron Maxime de Maincourt de l’inviter à Méditerranée Liberté, son club de partouzeurs ultra select)
- Juste ciel, Maxime ! Si nos nouvelles adhérentes ressemblent à cette beauté, nos friandises auront des soucis à se faire car nous nous passerons de leurs services.
Le baron présenta Natascha à une grosse femme élégante et qui était l’épouse d’un patron du BTP marseillais. La soirée débutait à peine et les quelques membres du club grignotaient au buffet en discutant affaires et politique. A demi nus, les friandises, hommes et femmes, s’ébattaient dans la piscine ou jacassaient, alanguis sur les canapés en cuir et les peaux de bêtes disposées près du feu de cheminée.
- Venez, très chère, je vais vous faire la visite.
Dans sa longue robe moulante à dos nu, Natascha avait attiré tous les regards. Le baron la prit par le bras et l’entraîna dans les étages.
- Ici, les membres du club attachent et brutalisent les friandises. Comme vous le voyez, nous disposons des équipements les plus modernes... Dans cette pièce, c’est le contraire et... ah, elle est déjà occupée.
Une jeune femme noire, talons pointus, bas résilles dorés, fesses, chatte et seins à l’air cravachait un vieux type barbu et nu. L’homme était rivé à un chevalet par des menottes en cuir. Il gémissait et suppliait sa mère de l’épargner. L’irruption du baron et de Natascha était une humiliation supplémentaire, délicieusement insoutenable et le vieux redoubla de pleurs et de supplications à l’endroit de son intraitable bourreau. Maxime et Natascha observèrent la scène une dizaine de minutes :
- C’est magnifique, baron. Mais je vous confesse que je me sens d’humeur rustique ce soir et que j’ai envie de quelque chose de simple.
- Alors, redescendons nous désaltérer.
Dans le salon, l’ambiance s’était réchauffée. La grosse bonne femme faisait l’amour avec un métisse magnifique, aux pectoraux et aux fesses ciselés dans du bronze. Il la baisait en levrette, à quatre pattes sur l’épais tapis persan. Deux grands chefs d’industrie disputaient silencieusement une partie de go. La bite de l’un disparaissait dans la bouche d’une asiatique potelée, celle de l’autre dans un éphèbe roux à la peau très blanche. Malgré les bruits de succion et leurs fortes érections, les deux joueurs semblaient complètement absorbés par leur partie. Une friandise passa avec un plateau de champagne.
C’était un blond d’une vingtaine d’année au physique de surfeur. Natascha avait toujours aimé les jeunes et elle n’y put tenir. Sa main glissa dans le short moulant et en extirpa un sexe circoncis. Tirant ainsi le garçon elle approcha une autre friandise, un italien au regard de braise qui venait de sortir de la piscine. Elle s’agenouilla et prit le sexe du blond entre ses lèvres. L’italien retroussa la robe. Natascha ne portait pas de sous-vêtements. Il fit glisser sa bite entre les fesses et l’enfonça dans la chatte déjà humide. Bien qu’elle eût la bouche pleine, Natascha gémit de plaisir.
Les deux bites étaient de bonne taille et Natascha devait faire appel à toute son expérience pour synchroniser ses mouvements. Mais les deux hommes étaient des professionnels d’une grande habileté et ils la guidèrent adroitement. Ils changèrent de position et Natascha chevaucha le blond tout en suçant l’italien. Plusieurs membres du club avaient formé un cercle et les encourageaient. L’exhibitionnisme avait toujours excité Natascha et la bite du surfeur tapait dur au fond de son vagin. L’orgasme la contracta et elle dégoulina un flot de cyprine sur les abdos du surfeur. Toujours empalée sur son partenaire elle recracha le sexe rigide du beau brun et haleta :
- Bon sang... ces types ne fatiguent jamais ?
- Ce sont des friandises de premier choix, répondit le baron. Ils gicleront quand vous leur demanderez de gicler.
Scène d’action
(Les hommes du baron, ont chargé une Natascha inconsciente à l’arrière de leur voiture. Ils filent à toute allure dans les petites rues marseillaises.)
- Pas mal, la pétasse... tu crois qu’on pourra se la taper une fois à la planque ?
- Ca serait con de se priver. Tu m’as vu ces nibards ?
Natascha se détendit comme un ressors et agrippa le volant du conducteur avant que les barbouzes aient pu comprendre qu’elle simulait l’inconscience. A pleine vitesse, le bolide percuta un muret. Natascha se sentit arrachée par une implacable force invisible et n’eut que le temps de rentrer la tête dans les épaules avant de traverser le pare-brise. Elle rebondit sur le toit d’une Peugeot à l’arrêt et roula en boule sur le pavé marseillais. Une douleur à l’épaule lui signifia la fin de sa cascade : elle venait de heurter les marches d’un immeuble.
Elle se releva en secouant le verre brisé de sa chevelure blonde. Elle n’avait rien de cassé. Le conducteur n’avait pas eu la même chance : plus lourd, il avait volé plus bas et son crâne avait éclaté contre le pare choc de la Peugeot. Les deux mercenaires s’extirpaient de l’arrière du véhicule, toujours armés de leurs matraques. Natascha aurait préféré qu’ils oublient leurs ceintures et aillent se fracasser comme leur collègue mais ces hors la loi endurcis étaient malheureusement respectueux des consignes de sécurité routière.
Natascha s’élança dans une petite ruelle latérale. Des lames de rasoirs lui déchiraient l’intérieur du genou. Il était vain d’espérer semer ses poursuivants dans ces conditions. Elle tomba à l’arrière d’une poubelle. A tâtons, elle fouilla la pénombre et ses doigts se refermèrent sur une bouteille de verre vide. Ce n’était pas terrible, mais mieux que rien.
Par dessous la poubelle elle vit les pieds des deux truands se rapprocher. Il faudrait jouer serré. Natascha se releva d’un bond en poussant un hurlement terrible et brisant sa bouteille dans le même mouvement. Son cri eut l’effet escompté et les deux types restèrent une seconde tétanisés. C’était le temps qu’il lui fallait pour plonger le tesson dans la gorge du truand le plus proche.
Le sang jaillit à grands traits rouges mais le deuxième barbouze fit preuve de plus de sang froid qu’escompté. Son pied décrivit un large arc de cercle et toucha Natascha au dessus de la tempe. Elle fut projetée contre la poubelle qui s’effondra dans un grand fracas.
Le mercenaire lui balança un coup de matraque mais manqua son coup. Natascha voulut lui attraper les couilles mais il était protégé par une coquille et elle eut l’impression de serrer une boule de pétanque. Le genou du truand se leva et cogna Natascha au milieu de la poitrine, entre les seins. Elle roula à nouveau sur le pavé crasseux.
Des flammes rouges dansaient devant ses yeux. Le mercenaire visa la tête mais elle n’esquiva pas : au contraire, elle se jeta sur la matraque en parant du bras gauche. La douleur fusa à nouveau dans son épaule mais elle avait repris l’avantage. Sa main droite décrivit un arc de cercle parfait et le tranchant frappa les cervicales de son adversaire avec la puissance d’un coup de marteau.
Natascha fit encore un pas, un deuxième, puis elle s’écroula comme un sac, avec les poumons en feu et la sensation d’avoir le corps passé au broyeur. Le dernier truand était tombé, mais lui ne se relèverait pas. Son cou formait sur le pavé un angle bizarre et désarticulé.
- Nicolas... t’es vraiment sûr que les mecs du baron ne sont que de la petite racaille marseillaise ?