Igaveupcigarettes

ocooper

Une clope nichée entre mes deux doigts, je lis un article qui avertit la population d'une future loi sur la restriction des lieux fumeurs en France. Je tousse bruyamment, et vais chercher le café qui rechauffait dans mon micro-onde low cost.

Magnifique, après les bars, les boites, les restaurants, les quais de RER, de train, les transports en commun en général, les cours de lycée, la maison des grands parents, voilà qu'on a plus le droit de s'en griller une à Central Park. Heureux les non fumeurs et leurs airs immortels, inquisiteurs ! Maheureux les pauvres drogués contraint de rejoindre leur clan, et leurs dealeurs forcés de plier bagages...

Mes bien aimés fumeurs compulsifs adeptes du baton de nicotine, on nous tanne pour changer cette splendide/nocive habitude. On nous colle des images en dessous du dromadaire pour nous choquer, on nous diffuse des spots télés de témoignages d'anciens fumeurs HEUREUX, et de fumeurs actuels au bord de l'agonie. Oui, Serge, le cancer du poumon pourrait te tuer. Oui, tu regrettes d'avoir commencé la clope à 14 ans. Blablabla. Je vous parie que c'est un non fumeur qui a imaginé la campagne de publicité.

Nous, les fumeurs, à part la hausse du prix y'a pas grand chose qui nous freine. Même pas les gosses assis à table à coté de nous, ou les panneaux ronds rouges et blancs (ceux avec la cigarette encore fumante barrée). Même pas peur de l'amende ou de la prison, vive la rebeillon ! A 5,90€ les 20, c'est à dire environ 0,30cts l'unité et 0,03cts la taf, il serait quand même bête de se priver pour un gamin qui braille ou un briquet sans gaz. L'arme de drague ultime du fumeur, le fameux briquet, le fameux "feu" que l'on dégaine en réponse à "Excuse moi, t'aurais pas... ?" au garçon qui se ramène clope au bec.  Et toc, on grille les non fumeuses au poteaux et on discute dans un nuage toxique de fumée merveilleuse que l'on ne sent plus. Qui voudrait perdre ça hein ? Parce que sans ça mes amies, plus de pauses entre deux plats au restaurant quand Jean-Jacques le mal baisé nous fait du pied sous la table, plus de clin d'oeil au buraliste qui pourrait vous réclamer un RIB pour prélever directement sur votre compte son salaire mensuel, plus d'occupation dans les bouchons le matin, et plus de tête à tête avec le beau Marco qui sort à 16 heures et vous attend pour votre rituel. Et plus d'odeur âcre le matin, plus de détartrage quotidien, plus sermon des parents et des amis.

Plus de passe temps, en attendant.

La vie est une attente. Merci ma clope, ralentisseur de mon esperance de vie mais surtout, de mes moments de solitude. Je t'envoie ma gratitude compatissante, et te souhaite bon courage ; la guerre est déclarée mais ne t'inquiète pas ! Tu as une armée de poumons abimés avec toi !

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