il aimerait...

cascar72

Fait de hauts et de bas, l'amour est un sentiment qui passe, dont on se lasse. Il procure de grands pics de bonheur, mais peut aussi nous laisser dans un mal être dont on pourrait mourir. Car oui, l'amour fait souffrir.

Mes amours passent, souvent, sans arriver à la concrétisation si attendue ; mes sentiments vont ainsi, de femmes en femmes, sans jamais pouvoir les appeler « ma chérie », sans jamais, ô grand jamais pouvoir me faire une place, au soleil dans leur cœur.

Seulement voilà, aujourd'hui c'était différent. Mon cœur, d'ordinaire si infidèle, semblait enfin vouloir s'assagir...

Ce n'était pas dans ma tête, mais partout que ça me parcourait. Si j'avais pu courir vers elle, ça aurait été avec une intensité toute entière que je l'aurais fait.

Seulement voilà, nous ne pouvions pas, nous ne devions pas. Pour qui allaient-ils nous prendre ? Quels bruits allaient courir dans le voisinage ? Je me suis même demandé pourquoi étions nous amoureux... Quel sort les cieux nous avaient-ils donné, en guise de vie ? Quelle faute avions-nous commise pour en venir à cette effroyable destinée ?

C'est sans réponse que je me posais ces questions, sans discontinuer... Mais ma vie n'était désormais plus la même... Oh ! Bien sur j'ai maintes et maintes fois essayé d'oublier, j'ai bien sûr joué les infidèles, dans le but de tromper notre amour, mais, celui-ci, tel un témoin voulant se livrer nous ramenait, nous rapprochait, avec toujours plus de force, plus de rapidité et de violence.

Au fur et à mesure que le temps passait, j'acceptais cet amour que certains qualifiaient « d'interdit ». Je commençais même à m’apercevoir que cette différence pouvait constituer notre force, dans cette société où la conformité est de mise. Car nous serons plus forts, insensibles aux critiques déplacées du petit monde, qui semblait maintenant ridicule à mes yeux.

Mon cœur après avoir longtemps pleuré, devait sécher ses larmes. Je me devais d'être à la hauteur, le seul jugement qui comptait désormais, c'était le sien. Elle, elle seule avait le pouvoir, elle seule avait le code, ce code, d'habitude si secret, cette combinaison, qui, d'elle-même, ôtais toutes les frontières communes à notre monde...

Si j'étais d'alors certain de mon dévouement, je ne savais pas ce qu'il en était d'elle, et je me souviens avoir beaucoup hésité... M'aimait-elle vraiment ? Pourquoi était-elle discrète et réservée, cachant ses émotions en ma présence ? Voulait-elle s'assurer de mon amour pour elle ?

Toutes ses hésitations ont bien failli me faire renoncer, j'ai failli enterrer cet amour pour toujours. Oui ! cette faute j'aurais pu la commettre ! J'ai attendu, longtemps avant de trouver l'instant de l'aveu, le plus opportun. J'ai laissé le feu se consumer, longuement, et alors que les dernières braises étaient prêtes à s'éteindre, je décidais de lui avouer. Mon attente m'avait finalement protégé : j'avais toujours des sentiments mais ceux-ci, comme un givre d'hiver, semblaient frêlement abrités dans un cocon. En cas d'échec, je me sentirai alors moins touché, mais je me sentirai aussi plus à l'aise lors de l'aveu.

J'avais choisi en ce temps, pour obtenir le « oui », en guise d’approbation, de nous donner rendez-vous dans un lieu, que je ne voulais pas commun, mais par lequel elle passait tous les jours. C'était un soir après les cours, alors que nous rentrions dans nos maison.

Mes yeux, s'étaient à leur insu fixés sur elle, comme épuisés de courir dans l'univers. Je la regardais, elle était là près de moi, et sans mots dire, nous échangions nos plus intenses émotions. J'ai toujours pensé que l'amour n'était réel que lorsque les regards remplaçaient les mots ; et mes doutes, mes questions, mes incertitudes semblaient aujourd'hui confirmées par ce silence, plus fort que tous les mots que j'avais pu entendre jusqu'alors. Nos têtes se rapprochèrent, je crois me souvenir que nous nous sommes embrassés, le sol semblait alors se dérober sous mes pieds.

Le soleil... Tête... Regard... Bouche... Langue... L'envol... Où ?

J'étais d'autant plus gêné qu'elle paraissait consciente de mon trouble. Je voulu parler, elle me fit signe de me taire puis elle me précipita dans une rue à droite. Puis, sans nous consulter, nous nous sommes embrassés de nouveau, avec une plus forte intensité que la première fois, bien que je l'eus préféré … Je crois me rappeler que nous fîmes le reste du chemin sans prononcer un mot, main dans la main. Je n'osais pas parler, de peur de rompre un silence, si agréable, même si, comme toujours des questions me venaient à l'esprit : quand allions nous nous revoir ? Comment voulait-elle notre relation ? Comment vivait-elle son amour « interdit » ?

C'est plus tard, et sans poser mes questions que j'ai, je crois, obtenu mes requêtes, au fil de nos discussions...

Toutes mes interrogations trouvaient désormais réponse. Jamais personne ne m'avait jusque là entendu, avant même que le moindre de mes murmures ne soient émis.

Ce monde qui était désormais le nôtre, je ne pouvais m’empêcher de le contempler, certes, mais c'était maintenant avec une certaine hauteur, presque supérieure, que je le regardais.

Soulagé de cette réponse qui me semblait positive, je passais en effet mon temps à rêver d'elle, elle était en moi, son visage dans ma mémoire m'accompagnait lorsqu'elle n'était pas avec moi.

Je pense que nous nous revîmes encore plusieurs fois, les secondes, les minutes, les heures, paraissait ne rien changer dans notre relation. Je me réjouissais de cet infâme honneur, j'avais l'impression d'avoir réussi là où d'autres avaient échoués. Je crois que cet amour a d'ailleurs fait naître chez moi cette suffisance, cet orgueil qu'aujourd'hui je possède. Braver la morale peut faire naître un sentiment de supériorité, que peu de personne comprennent... Mais les moqueries ne m’atteignaient pas, j'étais heureux, et le bonheur que j'éprouvais remplaçait, je crois, toute forme de brocard, dont je pouvais faire l'objet.

Je me sentais mieux, le papillon au vol incertain avait trouvé sa fleure, et regardais désormais le sol, du haut de sa rose...

Il se réveilla, il était seul...

  • Les rêves! Seul notre subconscient peut nous donner la clef de certain. Nous rêvons tous, parfois l'on ne sait, parfois il reste une étincelle qui vite s'envole.
    Beau texte!

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Moi

    Yvette Dujardin

  • Merci d'avoir lu et commenté ce texte, je suis nouveau sur le site et je trouve ça super constructif d'avoir des avis, des remarques etc...
    Pour répondre, non ce n'est pas autobiographique, seulement il faut avoir vécu des moments semblables pour s'en inspirer mais ce texte n'est qu'un assemblage... Pour les fautes j'avais une version corrigée mais elle est perdue dans les méandres de mon disque dur, car ce texte date d'environ un an... Je le modifierai sans doute pour enlever les fautes...

    · Il y a presque 12 ans ·
    P1210007 300

    cascar72

  • Texte bien écrit malgré quelques petites fautes de conjugaison.
    La fin m'a fait rire : c'est un joli malentendu qui nous est raconté là.
    J'espère que ce n'est pas autobiographique.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Cimg0521 500

    antares

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